Sima Qian
Sima Qian

T’ai-hao P’ao-hi 3-2 avait pour nom de clan 3-3 Fong. Succédant à Soei- jen 5-1, il continua le Ciel et régna.

5-M [ Sa mère s’appelait Hoa-siu 5-2 ; elle marcha dans les empreintes de pas d’un géant 5-3 auprès du marais de Lei 5-4 et c’est à la suite de cela qu’elle enfanta P’ao-hi à Tch’eng-ki 5-5. Il avait un corps de serpent et une tête d’homme 5-6. ]

Puis le premier il régla le mariage de la femme et celui de l’homme et du don des deux peaux de bêtes il fit un rite 7-1.

7-M [ Il tressa des filets et des rets pour enseigner la chasse et la pêche ] et c’est pourquoi on l’appela Fou-hi. Il éleva des animaux domestiques pour la cuisine et c’est pourquoi on l’appela P’ao-hi 7-2.

Il eut le présage

favorable d’un dragon ; il appela les fonctionnaires de noms de dragons en leur donnant le titre d’officiers-dragons 7-3.
Il fit un luth de trente-cinq cordes 8-1.

Il régna par la vertu du bois. Il dirigea son attention sur les ordonnances du printemps ; c’est pourquoi le Livre des Changements 8-2 dit : « L’empereur apparaît au signe Tchen » ; et le Livre des

Ordonnances mensuelles 8-3, à l’article du premier mois du printemps, dit : « L’empereur qui y préside est T’ai-hao. » C’est exact.

Il eut sa capitale à Tch’en 8-4.
Il alla dans l’est accomplir la cérémonie fong 9-1 sur le Tai-chan 9-2.

Il fut au pouvoir onze années, puis mourut.

Lors de la période Tch’oen-ts’ieou 9-3, on comptait

parmi ses descendants (les princes de) Jen, Sou, Siu-kiu et Tchoan-yu, qui tous étaient issus du clan Fong 9-4.

Niu-koa 9-5 appartenait aussi au clan Fong ; il avait un corps de serpent et une tête d’homme. Il eut une vertu divine et sainte. Il eut le pouvoir à la place de Fou-hi. Il prit l’appellation de Niu-hi. Il ne changea ni n’inventa rien ; il fit seulement les tuyaux de

l’instrument de musique appelé cheng 10-1. Le Livre des Changements ne parle donc pas de lui. Il ne cadre pas avec le cycle quinaire 10-2.

Une autre tradition dit que Niu-koa régna aussi par la vertu du bois ; il était en effet le descendant de Fou-hi et, comme plusieurs générations s’étaient écoulées entre eux deux, le métal, puis le bois avaient réapparu à leur tour;

le cycle était terminé et recommençait de nouveau. Cette tradition loue spécialement Niu-koa à cause de ses grands mérites et le met au rang des trois souverains ; il y aurait donc eu deux rois qui possédèrent la vertu du bois 10-3.
Dans les dernières années de Niu-koa, il y eut, parmi les seigneurs, Kong-kong 11-1 ; se fiant sur son savoir et sur les châtiments, il se fit obéir

par la violence, mais il ne fut pas roi légitime, car c’était par l’eau qu’il succédait au bois 11-2. Il combattit avec Tchou-yong 11-3; il ne fut pas vainqueur ; 11-M [dans sa colère, il se précipita la tête la première contre la montagne Pou-tcheou 11-4et la fit tomber. La colonne du ciel se rompit et les côtés de la terre se brisèrent.] 12-M [Niu-koa fondit alors des pierres de

cinq couleurs 12-1 afin de soutenir le ciel ; il coupa les pattes d’une tortue marine afin de supporter les quatre extrémités de la terre.]

Il rassembla de la cendre de roseau pour arrêter les eaux débordées et pour rétablir l’ordre dans la province de Ki 12-2.

Puis, la terre étant calme et le ciel affermi, il ne changea plus l’ancien ordre de choses.

Après la mort de Niu-koa, Chen-nong 12-3 exerça le pouvoir. Yen-ti Chen-nong était du clan Kiang. Sa mère s’appelait Niu-teng 12-4. Il arriva qu’une fille de Koa 12-5, étant devenue concubine de Chao-tien, fut émue par un dragon divin et enfanta Yen-ti. Il avait le corps d’un homme et la tête d’un boeuf. Il grandit au bord de la rivière Kiang 13-1 et c’est de là que lui vint

son nom de clan. Il régna par la vertu du feu ; c’est pourquoi on l’appela Yen-ti. Il nomma ses officiers d’après le feu 13-2.

13-M1 [Il tailla une pièce de bois pour en faire un soc ; il courba une pièce de bois pour en faire la flèche d’une charrue. L’usage de la charrue et de la houe fut enseigné par lui à la foule des hommes.] Il fut le premier qui enseigna le

labourage. C’est pourquoi il reçut le titre de Chen-nong. Puis il institua le sacrifice de la fin de l’année 13-3. Il frappait avec un fouet rouge 13-4 les herbes et les arbres. Le premier il éprouva les cent espèces de plantes et le premier il trouva les drogues qui guérissent.

Il fit en outre un luth à cinq cordes. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie   

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Julia Kristeva
Julia Kristeva

Les « impressions » sont des empreintes du monde, de même que le monde est imprimé de nos perceptions.

Harry Martinson
Harry Martinson

INSTANTANÉ HIVERNAL

De frêles empreintes d'hermine
dessinent de légers huit
sur la neige de l'hiver
vers un ruisseau qui serpente
sous un dôme de fourrure blanche.
La loutre vient boire dans l'oeil de la glace
là où le tourbillon a creusé une coupe au doux ramage:
Les enfants accourent avec leurs bonnets rouges
pour écouter

chanter ce dôme polaire.
La loutre s'enfonce alors dans la grotte
et voit leurs yeux par la fente.


Nature 1934

Louis-Philippe Dalembert
Louis-Philippe Dalembert

Où un déluge de bombes des plus improbables s'abattit des années durant sur Alep la Blanche, raya de toute mémoire humaine les empreintes de soie, les pins centenaires et les demeures de marbre, avant de jeter ses habitants sur les chemins de l'exil. En quête de paix et d'espoir.

Anne Brontë
Anne Brontë

Je m’éveillai de bonne heure le matin du troisième jour après mon retour d’Ashby-Park ; le soleil brillait à travers les jalousies, et je pensai combien il serait agréable de traverser la ville calme et de faire une promenade solitaire sur la plage pendant que la moitié du monde était encore au lit. Je ne fus pas longtemps à former ce désir ni lente à l’accomplir. Naturellement je

ne voulais pas déranger ma mère ; je descendis donc sans bruit et j’ouvris doucement la porte. J’étais habillée et dehors quand l’horloge sonna six heures moins un quart. J’éprouvai un sentiment de vigueur et de fraîcheur en traversant les rues ; et lorsque je fus hors de la ville, quand mes pieds foulèrent le sable, quand mon visage se tourna vers l’immense baie, aucun langage ne

peut décrire l’effet produit sur moi par le profond et pur azur du ciel et de l’Océan, le soleil dardant ses rayons sur la barrière semi-circulaire de rochers escarpés surmontés de vertes collines, la plage douce et unie, les rochers au loin dans la mer, semblables, avec leur vêtement de mousse et d’herbes marines, à des îles de verdure, et par-dessus tout la vague étincelante.

Puis, quelle pureté et quelle fraîcheur dans l’air ! il y avait juste assez de chaleur pour faire aimer la fraîcheur de la brise, et juste assez de vent pour tenir toute la mer en mouvement, pour faire bondir les vagues sur la grève, écumantes et étincelantes, et se pressant joyeusement les unes sur les autres. La solitude était complète ; nulle créature animée que moi ; mon pied

était le premier à fouler ce sable ferme et uni, sur lequel le flux avait effacé les plus profondes empreintes de la veille, ne laissant çà et là que de petites mares et de petits courants. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          80

Lorris Murail
Lorris Murail


"Des souvenirs, oui. Le passé, notre passé commun, est fait des empreintes que nous lèguent les hommes qui nous ont précédés et qu’impriment l’une après l’autre les générations qui se succèdent. Ces traces, le temps pourrait les effacer, le vent les emporter. Voilà pourquoi on a inventé l’écriture. Pour graver ce que la poussière des siècles risquerait de perdre, et

l’esprit humain d’oublier. Le livre, mes jeunes amis, c’est la mémoire des hommes. Voilà pourquoi, quand on a chassé ceux que nos yeux ne voulaient plus contempler, on s’attaque aux mots qui racontent comment ils pensaient, ce qu’ils croyaient, à quoi ils rêvaient. Ces livres que l’on trie, ces livres que l’on brûle, ce sont les hommes qu’on élimine une seconde fois. Les

cendres ne parlent pas. Avec elles s’envole le souvenir. C’est, voyez-vous, ainsi qu’on a procédé de tout temps. Les bibliothèques ont toujours suivi les hommes sur le chemin du bûcher."

Maj Sjöwall
Maj Sjöwall

La balistique avait beaucoup progressé depuis 1927, date à laquelle remonte sa consécration internationale. Elle avait fait sa percée à l'occasion du célèbre procès Sacco et Vanzetti. Ses principes étaient toujours les mêmes. Par la suite, Calvin Goddard avait mis au point l'hélixomètre, le microscope micrométrique et le microscope comparatif. Dans le monde entier, des verdicts

avaient été prononcés à partir de preuves balistiques.
Si l'on disposait de la balle, de la douille et de l'arme, rien n'était plus simple pour les experts en criminologie que de déterminer si tel projectile avait été tiré ou non par telle arme. Et si l'on n'avait que deux de ces éléments en général, la balle et la douille — il n'était guère compliqué de déduire à partir

de leurs caractéristiques le type de l'arme utilisée.
Chaque modèle d'arme à feu laisse des empreintes caractéristiques sur le projectile dès l'instant où le percuteur frappe l'amorce.

Emily Ruskovich
Emily Ruskovich

La vallée est noyée dans le brouillard. Ils ne voient ni les montagnes en face ni les routes en dessous. Un élan émerge de la brume, arrache avec ses dents le lichen gris qui recouvre un arbre. La neige porte la trace de ses seuls sabots et des empreintes de pattes d'un lynx. Depuis le perron, Jenny jette des graines de tournesol dans la neige. Les mésanges à tête noire surgissent de nulle

part en piaulant à tort et à travers puis, dès qu'il ne reste plus de graines, elles s'évanouissent de nouveau dans la blancheur.

Hafez
Hafez

Si cette belle Turque de Chiraz vient à satisfaire les vœux de mon cœur, je lui fais don, pour le seul amour de son noir grain de beauté, de Samarquand et de Bokhara.


Apporte, ô échanson ! apporte le reste de notre vin, car tu ne saurais trouver en Paradis ni cette rive de Roukn Abad ni les jardins de Goulguecht ou de Mousalla[1].


Hélas ! semblables aux

Turcs dévastateurs qui pillent et saccagent la table d’un festin, ces belles aux doux regards, ces perles de beauté dont les charmes embrasent tous les cœurs, ont mis à néant le repos[2] dont le mien jouissait.


Dans la plénitude de sa beauté notre amie n’a aucun souci de notre incomplet amour. Un joli visage, quel besoin peut-il avoir de teint, de coloris, de grain de

beauté ou de duvet naissant sur la joue[3] ?


Je savais bien qu’à voir cette beauté chaque jour plus éclatante de Joseph, l’amour soulèverait enfin le voile sous lequel se cachait la vertu de Zouleikha.


Répète, ô échanson, répète-nous tes refrains qui parlent du vin et de la danse : un peu moins de zèle à rechercher les mystères de la création

; car, vois-tu, personne jusqu’ici n’a, par la science, résolu cette énigme et personne ne la résoudra[4].


Écoute-bien ce conseil, ô mon âme ! écoute-le, car les jeunes gens favorisés du ciel préfèrent à leur propre vie les avis d’un vieux savant.


Tu m’as grondé, j’en suis ravi, Dieu te le rende, tu as bien fait, car des paroles empreintes

d’amertume, cela sied à des lèvres de rubis d’où découle la douceur.

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Cette ode, ô Hafiz, véritable perle que tu as percée, viens nous la chanter de ta charmante voix, afin que le ciel, détachant le nœud qui retient l’écrin des pléiades, les fasse en offrande pleuvoir sur toi.


Rivière et jardins de Chiraz. Ces vers sont trop connus pour avoir besoin de commentaires.
Il sera facile de retrouver par la suite des plaintes de ce genre. Hafiz dit autre part : Mon amie m’a conseillé de ne pas me livrer au repos, quoiqu’elle sût que c’était là mon désir. Et Mohammed Ibn-Mohammed Darabi explique : Mon amie véritable, qui m’a emporté le cœur, a

vu que ce n’était pas le moment du repos quoiqu’elle sût que j’en avais envie. Ce vers se rapproche de ce Hadis : Combien il y a de choses que vous n’aimez pas, mais qui sont bonnes pour vous, et combien il y a de choses que vous aimez et qui vous sont nuisibles. En vérité, il y en a, parmi mes serviteurs qui, si je les laissais à eux-mêmes, mourraient.
Quel rapport ? Quelle

liaison y a-t-il entre le premier hémistiche et le second ? Peut-être faut-il comprendre : L’incomplet amour du poète pour l’objet chéri de son cœur, dont la beauté infinie mériterait, selon lui, un amour plus violent encore, peut-il lui servir d’ornement et ajouter à ses charmes ? — Cependant je doute de cette explication.
À rapprocher de ces vers d’Hafiz. Tu ne

comprendras pas un point des secrets du monde quand même tu y tournerais comme le compas dans le cercle. Vers que Darabi explique ainsi : Ceci est une allusion aux croyances de ceux-là qui voient dans la créature la preuve de l’existence de Dieu. Chebistery dit à ce propos : le philosophe est stupéfait de ne voir dans le monde que la créature. De la créature il veut donner la preuve de

l’existence de Dieu, c’est pour cela qu’il demeure étonné devant son essence. J’admire l’ignorant qui prend un flambeau pour chercher le soleil. Il faut, en effet, savoir que les choses que nous voyons n’existent pas en elles-mêmes, l’on ne peut donc en tirer la preuve de l’existence de Dieu. Il faudrait, en effet, que la preuve fût alors plus évidente que Dieu lui-même.

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Frithjof Schuon
Frithjof Schuon

Il y a sans doute une distinction à faire, dans le cadre d’une civilisation traditionnelle, entre l’art sacré et l’art profane. La raison d’être du premier est la communication de vérités spirituelles d’une part d’une présence céleste d’autre part ; l’art sacerdotal a en principe une fonction proprement sacramentelle. Plus modeste, de toute évidence, est la fonction de

l’art profane : elle consiste à fournir ce que les théologiens appellent des « consolations sensibles », en vue d’un équilibre utile à la vie spirituelle, au même titre que les fleurs et les oiseaux dans un jardin. L’art, quel qu’il soit, – y compris l’artisanat, – est là pour créer un climat et pour forger une mentalité ; il rejoint ainsi, directement ou indirectement, la

fonction de la contemplation intériorisante, le darshan hindou : contemplation d’un saint homme, d’un lieu sacré, d’un objet vénérable, d’une image divine(1).

En principe, et en l’absence de facteurs opposés capables de neutraliser cet effet, le phénomène esthétique est un réceptacle qui attire une présence spirituelle ; si cela s’applique le plus directement

possible aux symboles sacrés, où cette qualité se superpose à une magie sacramentelle, cela vaut également, d’une manière plus diffuse, pour tous les éléments d’harmonie, donc de vérité devenue sensible.
(…)
L’art sacré est vertical et ascendant, tandis que l’art profane est horizontal et équilibrant. A l’origine, il n’y avait rien de profane ; chaque outil

était un symbole et même la décoration était symboliste et sacrale. Mais avec le temps, l’imagination se répandait de plus en plus sur le plan terrestre, et l’homme sentait le besoin d’un art qui fût pour lui-même et non pour le Ciel seulement ; aussi la terre, qui à l’origine était sentie comme un prolongement ou une image du Ciel, devenait-elle de plus en plus la terre pure et

simple, c’est-à-dire que l’humain se sentait de plus en plus le droit de n’être qu’humain. Si la religion tolère cet art, c’est parce qu’il a sa fonction légitime dans l’économie des moyens spirituels, dans la dimension horizontale ou terrestre et en vue de la dimension verticale ou céleste.

(1) Quand on compare les peintures tonitruantes et lourdement charnelles

d’un Rubens avec des œuvres nobles, correctes et profondes telles que la Giovanna Tornabuoni de Ghilandaio ou le paravent aux pruniers en fleurs de Kôrin, on peut se demander si le terme d’ « art profane » peut servir de dénominateur commun pour des productions aussi foncièrement inégales. Dans le cas des œuvres nobles et empreintes d’esprit contemplatif, on aimerait mieux parler

d’art « extra-liturgique », sans devoir spécifier s’il est profane ou non, ou dans quelle mesure il l’est. Il faut du reste distinguer entre l’art profane normal et celui qui est dévié, et qui de ce fait cesse d’être un terme de comparaison. (pp. 179-182) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10