Alain de Benoist
Alain de Benoist

Qu’un écrivain déclare, comme la chose la plus naturelle du monde, qu’il préfère le commerce charnel des très jeunes personnes aux turpitudes classiques de ses contemporains, et il n’en faut pas plus – en pleine société permissive [sic] – pour le faire passer pour le Diable dans le Landerneau parisien. […] Pour ma part, c’est ce « scandale »qui me scandalise. Question de

goût d’abord : n’aurait-on pas le droit de préférer caresser les hanches des lycéennes plutôt que la poitrine mafflue de la comtesse Grancéola (réplique matznévienne de la Castafiore ou la ménopause bien sonnée de la baronne Adélaïde Cramouillard, présidente de l’Union mystique universelle. Question de principe aussi : on peut désapprouver ce que l’on veut, mais comment

peut-on, au sens propre du terme, être choqué par quoi que ce soit? Quant à la gravité du délit, enfin, il me semble, selon mon échelle de valeurs personnelles, qu’il est plus « scandaleux » de regarder les jeux télévisés, de jouer au Loto ou de lire Le Meilleur, que d’avoir la passion des fesses fraîches, des émotions naissantes et des seins en boutons. Bien des imbéciles se

sont horrifiés de la publication des Moins de seize ans. Que des adultes qui admettent fort bien que leur progéniture s’abrutisse des journées entières devant des machines à sous ou des téléfilms débiles, tremblent à l’idée que leur fille, plutôt que de passer son temps avec des crétins de son âge, puisse coucher avec un écrivain « qui pourrait être son père » et tomber dans

les rets de ce suborneur de Gabriel, me fait, quant à moi, plutôt éclater de rire. [.. ] Quant aux jeunes personnes qui fréquentent Gabriel Matzneff, je ne doute pas qu’elles apprendront à son contact plus de choses belles et élevées que dans la vulgarité et la niaiserie que secrète à foison leur vie familiale et scolaire.

Jacques Cazotte
Jacques Cazotte

C'est que le Diable est bien malin; c'est qu'il n'est pas toujours si laid qu'on le dit.

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

Pourquoi diable un criminel armé d'un pistolet éprouverait-il le besoin d'un tisonnier ? Et, ce qui est vrai pour un criminel ordinaire, l'est encore plus pour un mari ou un amant rendu fou furieux par la jalousie. Non, ce tisonnier devait avoir une raison précise… Une raison toute simple, quand on y réfléchit !

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Boïeldieu, dans cette conversation naïve, ne fit pourtant que résumer les idées françaises de cette époque sur l’art musical. Oui, c’est bien cela, le gros public, à Paris, voulait de la musique qui berçât, même dans les situations les plus terribles, de la musique un peu dramatique, mais, pas trop claire, incolore, pure d’harmonies extraordinaires de rhythmes insolites, de formes

nouvelles, d’effets inattendus ; de la musique n’exigeant de ses interprètes et de ses auditeurs ni grand talent ni grande attention. C’était un art aimable et galant, en pantalon collant, en bottes à revers, jamais emporté ni rêveur, mais joyeux et troubadour et chevalier français... de Paris.

On voulait autre chose il y a quelques années : quelque chose qui ne valait

guère mieux. Maintenant on ne sait ce qu’on veut, ou plutôt on ne veut rien du tout.

Où diable le bon Dieu avait-il la tête quand il m’a fait naître en ce plaisant pays de France ?... Et pourtant je l’aime ce drôle de pays, dès que je parviens à oublier l’art et à ne plus songer à nos sottes agitations politiques. Comme on s’y amuse parfois ! Comme on y rit ! Quelle

dépense d’idées on y fait ! (en paroles du moins.) Comme on y déchire l’univers et son maître avec de jolies dents bien blanches, avec de beaux ongles d’acier poli ! Comme l’esprit y pétille ! Comme on y danse sur la phrase ! Comme on y blague royalement et républicainement !... Cette dernière manière est la moins divertissante. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Tout absorbé que je fusse par cette scène si belle de naturel et de sentiment de l’antique, il me fut impossible de ne pas entendre le dialogue établi derrière moi, entre mon jeune homme épluchant une orange et l’inconnu, son voisin, en proie à la plus vive émotion :

— Mon Dieu ! monsieur, calmez-vous.

— Non ! c’est irrésistible ! c’est accablant ! cela

tue !

— Mais, monsieur, vous avez tort de vous affecter de la sorte. Vous vous rendrez malade.

— Non, laissez-moi... Oh !

— Monsieur, allons, du courage ! enfin, après tout, ce n’est qu’un spectacle... vous offrirai-je un morceau de cette orange ?

— Ah ! c’est sublime !

— Elle est de Malte !

— Quel art

céleste !

— Ne me refusez pas.

— Ah ! monsieur, quelle musique !
— Oui, c’est très-joli.

Pendant cette discordante conversation, l’opéra était parvenu, après la scène de réconciliation, au beau trio : «Ô doux moments !» ; la douceur pénétrante de cette simple mélodie me saisit à mon tour ; je commençai à pleurer, la tête cachée

dans mes deux mains, comme un homme abîmé d’affliction. À peine le trio était-il achevé, que deux bras robustes m’enlèvent de dessus mon banc, en me serrant la poitrine à me la briser ; c’étaient ceux de l’inconnu qui, ne pouvant plus maîtriser son émotion, et ayant remarqué que de tous ceux qui l’entouraient j’étais le seul qui parût la partager, m’embrassait avec

fureur, en criant d’une voix convulsive : — «Sacrrrrre-dieu ! monsieur, que c’est beau ! ! !» Sans m’étonner le moins du monde, et la figure toute décomposée par les larmes, je lui réponds par cette interrogation :

— Êtes-vous musicien ?...

— Non, mais je sens la musique aussi vivement que qui que ce soit.

— Ma foi, c’est égal, donnez-moi

votre main ; pardieu, monsieur, vous êtes un brave homme !

Là-dessus, parfaitement insensibles aux ricanements des spectateurs qui faisaient cercle autour de nous, comme à l’air ébahi de mon néophyte mangeur d’oranges, nous échangeons quelques mots à voix basse, je lui donne mon nom, il me confie le sien[19] et sa profession. C’était un ingénieur ! un mathématicien ! !

! Où diable la sensibilité va-t-elle se nicher ! + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Les hommes avec qui je m'entretenais alors étaient des artisans rangés et paisibles, dont les mœurs douces et un peu molles étaient encore plus éloignées de la cruauté que de l’héroïsme. Ils ne rêvaient pourtant que destruction et massacre. Ils se plaignaient qu’on n’employât pas la bombe, la sape et la mine contre les rues insurgées et ne voulaient plus faire de quartier à

personne ; déjà, le matin, j’avais failli voir fusiller devant moi sur les boulevards un pauvre diable qu’on venait d’arrêter sans armes, mais dont la bouche et les mains étaient noircies par une substance qu’on supposait être et qui était sans doute de la poudre. Je fis ce que je pus pour calmer ces moutons enragés.

Jean Cocteau
Jean Cocteau

Mon Jeannot,

Le beau dimanche approche. Même s’il pleut, ce sera un beau dimanche. Voilà le prodige de notre rêve et que les circonstances rendent si merveilleux. Je n’existe que par toi et par ces visites — je n’écoute plus la ville et son brouillard d’idées. Tout me semble clair et pur à cause de ton soleil et de ton espoir. C’est toi qui as raison. C’est ton

étoile qui donne la chance et la joie. C’est le reste qui s’embrouille et trébuche dans les ténèbres.
Cela m’amuse de penser que tu t’accuses de bêtise ! Toi le sage. Toi le seul qui sache et qui vive au-dessus et au-dessous de la bêtise. Je me sens si lourd et si balourd à côté de toi. Sans ta légèreté, sans ta force, je serais une loque et je me laisserais prendre par

l’ankylose. Mais je n’ai qu’à « voir » ta figure, tes mèches, ta casquette, tes bottes et 107 pour chasser le diable et retrouver le cortège des anges.
Mon Jeannot, je te bénis, je te remercie de m’aimer et de me transformer. Je t’embrasse du fond de l’âme.

Jean Cocteau
Jean Cocteau

Le diable est pur parce que il ne peut faire que le mal .

Nick Cave
Nick Cave

Prières en flammes
Ici c'est l'Enfer pour moi
Le Diable est dans mon lit
Le Diable est dans cette bouteille
Le Diable est dans ma tête
Je te reverrai au Ciel
Si tu porte cette robe
(encore un verre, mon ami)
Là où mon cœur est prisonnier des glaces
Les prières soudain s'enflamment
Prières en flammes.
(Prayers on fire)

Arthur C. Clarke
Arthur C. Clarke

- Quand il montera à bord, murmura le capitaine Saunders en attendant que s'éjecte la rampe de débarquement, comment diable vais-je l'appeler ?
Dans un silence soucieux, l'officier de navigation et le copilote considérèrent ce grave problème d'étiquette.
Puis Mitchell éteignit le tableau de bord principal et, privés d'énergie, les innombrables circuits du vaisseau sombrèrent

dans l'inertie.
- Conformément au protocole, dit-il avec une nonchalance affectée, la réponse correcte est "Votre Altesse Royale".
- Pouah ! éructa Saunders. Vous me voyez en train d'appeler qui que ce soit de la sorte ?....
(extrait de "Le réfugié" -première nouvelle du recueil "L'étoile" publié chez "J'ai Lu" en 1979)