Titus Burckhardt
Titus Burckhardt

L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animée d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abîme insondable, attirée et dominée par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps célestes, incomparablement plus grands et situés à des distances inimaginables; il sait que la terre où il vit n’est qu’un grain de poussière par rapport au

soleil, et que le soleil lui-même n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrégularité dans cet enchaînement de mouvements sidéraux, l’interférence d’un astre étranger dans le système planétaire, une déviation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire

vaciller la terre au cours de sa révolution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphère et détruire l’humanité. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles étaient déchaînées, pourraient provoquer sur terre une conflagration planétaire presque instantanée. Tout cela, l’infiniment petit” et l’infiniment

grand”, apparaît, du point de vue de la science moderne, comme un mécanisme d’une complexité inimaginable, dont le fonctionnement est dû à des forces aveugles.

Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le déroulement normal et habituel des rythmes de la nature lui était garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abîmes du monde intersidéral, ni aux forces

terribles que renferme chaque corpuscule de matière. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voûte céleste avec le soleil et les étoiles, mais le souvenir des théories astronomiques l’empêche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessé de représenter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est

substitué en lui à cette vision naïve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supérieur, dont l’homme serait aussi partie intégrante. Non. Il se sent comme abandonné, privé d’appui solide face à ces abîmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-même. Car rien ne lui rappelle plus désormais que tout l’univers, en définitive,

est contenu en lui-même, non pas dans son être individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en même temps, le dépasse, lui et tout l’univers visible.

Emmanuel Le Roy Ladurie
Emmanuel Le Roy Ladurie

A Montaillou, la maison a son astre, sa bonne fortune " à laquelle les décédés participent encore". On sauvegarde cet astre et cette fortune en conservant dans la maison des fragments d'ongles et de cheveux du chef de famille décédé : cheveux et ongles, dans la mesure où ils continuent à pousser après le décès, sont porteurs d'énergie vitale, spécialement intense.
p. 60

Emmanuel Le Roy Ladurie
Emmanuel Le Roy Ladurie

Tout comme Racine, Pomponne et Fieubet, notre Saint-Simon, planète lointaine et cependant fidèle, se place en situation d'orbite autour de l'étoile port-royaliste, sans jamais venir néanmoins au plus près de cet astre brûlant, ou du moins de façon rarissime, car ce serait au risque de s'y consumer.

Federico Garcia Lorca
Federico Garcia Lorca

Toute chanson
est une eau dormante
de l'amour.

Tout astre brillant
une eau dormante
du temps.
Un noeud
du temps .

Et tout soupir
une eau dormante
du cri.

Federico Garcia Lorca
Federico Garcia Lorca

Toute chanson
est une eau dormante
de l'amour.

Tout astre brillant
une eau dormante
du temps.
Un noeud
du temps.

Et tout soupir
une eau dormante
du cri.

Joseph Brodsky
Joseph Brodsky

LE PAPILLON

V
Un paysage, toi ?
Prenant la loupe,
verrai-je quelque troppe
légère dans les bois ?
Le jour y brillerait ?
La nuit y règne ?
Quel astre baigne
de clairs ou sombres rais
et terre et ciel ?
Dis, quels visages
reflètent ces images
en lieu mortel ?

VI
Ma joie est de penser

que te composent
visage, étoile, chose,
mais par pincées.
Quel joaillier sérieux
mit en pâture
ces pauvres miniatures
en ces bas lieux
de fureur et d'éclat
où, sous le maître,
tu es l'idée de l'être,
nous, l'être las ?

VII
Dis-moi, tes entrelacs,
ton frêle faste,
pourquoi en cette vaste

contrée de lacs
dont l'amalgame plaît
aux dieux, s'épuisent-
ils aussi vite ? Puisse
ton bref délai
te frelocher sans deuil :
palpiter dans la paume,
et, tendre aumône,
taper dans l'œil !

VIII
Tu ne répondras pas
non par excès de
timidité, accès de
de colère ou par
suite de ton décès.

Défunte ou vive,
toute âme, productive
ou non, possè-
de voix empruntée
pour chanter ou dire,
pour que la voix étire
l'instant, le jour.

p.22-23
1972
(Traduit par André Markowicz.)
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Odyssèas Elỳtis
Odyssèas Elỳtis

Louée soit cette larme, astre immotivé
dont l'aurore avec lenteur s'exprime en de beaux yeux d'enfants qui se tiennent la main dans la main
d'enfants qui se regardent et ne se disent rien.

Mahmoud Darwich
Mahmoud Darwich

Jamais partis, jamais arrivés. Leurs coeurs sont des amandes dans les rues. Les places étaient plus vastes qu’un ciel qui ne les recouvrait point. Et la mer les oubliait. Ils distinguaient leur nord de leur sud, lâchaient les colombes de la mémoire vers leurs premières tourelles et capturaient chez leurs martyrs un astre qui les guidait à l’ogre de l’enfance. Chaque fois qu’ils

disaient : Nous y sommes ? le premier d’entre eux dégringolaient l’arc des commencements. Toi le héros, laisse-nous que nous puissions te porter vers une autre fin. Périsse le commencement ! Toi le héros ensanglanté des longs commencements, dis-nous, longtemps encore notre voyage ne sera que commencement ? Toi le héros qui gis sur les pains d’avoine et le duvet des amandes, nous

embaumerons de rosée la plaie qui tarit ton âme, nous l’embaumerons du lait d’une nuit éveillée, de la fleur de l’oranger, de la pierre qui saigne, du chant, notre chant, et d’une plume prise au phénix.

Adeline Fleury
Adeline Fleury

Adèle pense que la musique est une autre forme d'écriture moins dangereuse. Une écriture de lumière, pas une écriture de l'ombre. La musique est un astre qui éclaire, la littérature un astre qui oppresse. (p. 93)

Adeline Fleury
Adeline Fleury

Adèle pense que la musique est une autre forme d'écriture moins dangereuse. Une écriture de lumière, pas une écriture de l'ombre. La musique est un astre qui éclaire, la littérature un astre qui oppresse.