Sébastien Didier
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La crise de la quarantaine l’avait cueillie au vol comme un crapaud gobait une mouche. De ce fait, elle remettait aussi en question beaucoup de ses anciens principes, notamment celui de ne pas prendre en considération les hommes bien plus âgés qu’elle pour une session de rattrapage. (Magali Marsault)

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Mais qui a dit que la seule chose dont on était sûr, concernant l’avenir, c’était qu’il n’était jamais conforme à nos prévisions ?

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L’histoire rattrape toujours celui qui l’écrit . Et la mort a toujours appellé la mort .

Sébastien Didier
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Il en était venu à regretter l’époque bénie où l’on ne vous informait de rien. Personne pour vous faire culpabiliser d’aller boire un demi après le boulot ou d’en griller une après un bon repas. Qu’est-ce que ça changeait en réalité ? Tout le monde continuait à choper des saloperies dont on ne savait même pas prononcer le nom et passer l’arme à gauche dans la foulée.

Alors, savoir de quelle belle mort il risquait d’hériter dans deux, cinq ou dix ans, il n’en voyait pas l’intérêt. (Jacques Belleville)

Sébastien Didier
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Elle aurait dû tout lui dire depuis le début, bien sûr. Cachait-on ce genre de secret à l’homme que l’on aimait ? Au père de sa fille ? Non. Ils avaient fondé l’essentiel de leur relation sur la confiance, sur l’envie d’avancer ensemble et de maintenir un cap, comme une équipe. Et maintenant, seule dans sa BMW, à la nuit tombante, elle avait l’impression de le trahir,

d’avoir rompu le pacte qui les unissait. Même si Marc, de façon involontaire, n’était pas totalement étranger à toute cette histoire. Lui … et le hasard bien sûr. Ou la destinée, appelez ça comme vous voulez.

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Marc était loin d’être un croyant convaincu, encore moins pratiquant. Le postulat de départ des religions lui posait problème. Car pour démontrer l’existence d’un Dieu quel qu’il soit, vous deviez d’abord y croire. Voilà qui ne flattait guère son esprit cartésien.

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Il y avait dans ces lieux mystiques chargés d’histoire et de croyance, une propension si puissante au calme et au recueillement qu’elle vous enveloppait dès votre arrivée tel un baume réparateur.

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Une heure auparavant, il n’en aurait rien eu à faire. Mais à s’asseoir à la table de la mélancolie, on finissait toujours par apprécier sa compagnie. Et par remuer les souvenirs. Il avait eu beau enterrer le passé à grands coups de pelle dans le cimetière de sa mémoire, celui-ci ne savait décidément jamais rester à sa place.

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Deux mois, quand un passé qu’elle pensait être à jamais enterré avait déboulé dans sa vie comme un chien dans un jeu de quilles. Sans s’annoncer, sans crier gare.

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Elle n’était pas encore sûre d’avoir pris la bonne décision. Allait-elle renoncer? Non, elle en avait trop fait désormais. Elle en savait trop. Mais pas assez. Car au final, pour une vérité établie, combien de déductions, de ressentis, de souvenirs…combien de brume pour un simple rai de lumière? Tout se bousculait dans sa tête, les questions ricochaient comme autant de boules dans

un billard à mille bandes.

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Sandra releva la manche de son chemisier de quelques centimètres. La grande aiguille de la Rolex n’avait pas bougé. Ou si peu. Toujours bloquée à la verticale. Figée. Immobile. En tout cas, c’était l’impression qu’elle lui laissait. Que dans les dernières minutes de son attente le temps s’étirait à n’en plus finir et que même lui s’ingéniait à la décourager.

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Son instinct, mais surtout sa mémoire. Sa « fabuleuse mémoire » comme disait sa mère. « Dites quelque chose à Sandra, elle s’en rappellera toute sa vie », riait-elle entre deux gorgées de Long John. La mémoire, sûrement le seul héritage digne de ce nom reçu de cette famille de dingue, pensa-t-elle. Cette faculté à conserver et compartimenter chaque visage, chaque accent, chaque

intonation, chaque expression dans la grande bibliothèque de sa pensée et à pouvoir y retourner le moment venu pour en exhumer un ouvrage oublié, même des années plus tard, avait bel et bien fait prendre à sa vie cette tournure frénétique. Il y a deux mois.

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Il s’intima l’ordre de ne pas flancher, pas maintenant. Il se mordit la lèvre jusqu’au sang. Le visage de Sandra réussit à percer ce rideau de douleur et d’épuisement. Elle lui apparut, souriante, simple.
Vivante.

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Il ressentait la douleur de la manière la plus vive, mais il ne parvenait plus à la localiser. Elle diffusait son venir avec constance et parcimonie.

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L’arrivée de Duval avait été son élément déclencheur, l’ouverture de la soupape de décompression. Inconsciemment il s’en remettait totalement à lui désormais. Mais il ne fallait pas.

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Mais je veux au moins que la chasse enseigne cette responsabilité. Parce-que dans notre société moderne, l'acte d'ôter la vie est devenue d'une effarante banalité. Ça n'a jamais été bien compliqué, tu sais. C'est même la chose la plus simple au monde. Il suffit de viser. Et de presser la détente. Mais souviens-toi d'une chose : l'histoire rattrape toujours celui qui l'écrit. Et la mort

a toujours appelé la mort
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Oui, nous avions été fous.
Oui, nous avions été amoureux.
Mais le bonheur savait vous glisser entre les doigts, comme les cheveux de celle que vous aimiez.

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Cette histoire qu’ils venaient d’écrire les rattraperait tous un jour ou l’autre.
La mort avait toujours appelé la mort. (Fin du roman)

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Mais le temps était un terreau vivifiant pour la haine. Il la couvait, la sculptait, l’aiguisait. Jusqu’à ce qu’elle soit enfin prête à frapper et à crucifier des vies tout entières.

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- Tu vois , Joseph -Marie, l’homme est capable du plus beau , du plus incroyable, du plus irréel. Il construit des bâtiments qui touchent le ciel , il peut aller sur la lune , il soigne des maladies impensables .Mais il est aussi capable du pire . Parce que le pire , malheureusement, c’est souvent ce qu’il y a de plus facile .