Peter Brook
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Il* a été confirmé comme membre de l'église anglicane à 16 ans.
“Mais cela m’a conduit à penser, - pourquoi serait-ce mieux que l’Islam ? Alors j’ai lu sur l’Islam, et puis sur le Bouddhisme . Et cela m’a conduit en Inde. Mais je suis toujours à la case de départ. Goûter, tester, questionner et ne jamais arriver à une conclusion.”
( *Peter Brook a 94 ans et sa

dernière pièce « Why » débute prochainement à Broadway)

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Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène. Quelqu'un traverse cet espace vide pendant que quelqu'un d'autre l'observe, et c'est suffisant pour que l'acte théâtral soit amorcé.

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J'ai écrit: "Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène. Quelqu'un traverse cet espace vide pendant que quelqu'un d'autre l'observe, et c'est suffisant pour que l'acte théâtral soit amorcé". Je suis soulagé de retrouver le mot "amorcé". J'ajouterais aujourd'hui qu'il faut une troisième personne. S'il y a une personne qui se lève, une autre personne qui regarde, il y

a déjà un acte. Tout y est, à condition que cela aille plus loin. Il faut ensuite la rencontre. Il faut trois éléments : une personne qui regarde, une personne qui peut être seule pendant quelques secondes, puis une troisième personne pour entrer en contact. Là, une vie peut commencer à circuler et il est possible d'aller extrêmement loin.

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Les pièces de Shakespeare sont comme des planètes. Dans leur incessant mouvement, elles s'approchent un moment de nous, puis s'éloignent en tourbillonnant sur leur orbite.

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une mise en scène est établie et doit être reproduite-mais, du jour où elle est fixée, quelquechose d'invisible commence à mourir

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Tout le problème est de savoir s’il y a cette étincelle, cette petite flamme qui s’allume et qui donne une intensité à ce moment ramassé, ou pas. Car ramasser et condenser ne suffisent pas. On peut toujours réduire une pièce trop longue, trop bavarde, et cependant rester devant une chose ennuyeuse. Il est très étonnant de voir à quel point la forme théâtrale est exigeante parce que

cette petite étincelle de vie doit être là, seconde après seconde.

Cela n’existe qu’au théâtre et au cinéma. Un livre peut avoir des creux mais au théâtre, d’une seconde à l’autre, le public peut être perdu si le tempo d’une scène n’est pas juste. Si je m’arrête maintenant de parler… on entend un silence… tout le monde est attentif… Il suffit d’un

rien pour que ce moment d’attention soit perdu. Il est presque surhumain de pouvoir renouveler continuellement l’intérêt, trouver cette nouveauté, cette fraîcheur, cette intensité, seconde après seconde. C’est pour cela qu’il existe, par rapport à d’autres arts, que très peu de grands chefs-d’œuvre dramatiques dans le monde ; parce que le risque existe toujours, à chaque

instant, que l’étincelle de vie disparaisse. Pour qu’elle soit présente, il faut analyser avec précision les raisons de son absence dans les autres moments. Pour cela, il faut observer avec clarté le phénomène.
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Notre but, dans chaque expérience, bonne ou mauvaise, réussie ou désastreuse, était le même : savoir si l’invisible peut être rendu visible par la présence de l’exécutant? (p.75)

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Un gese est affirmation, expression, communication et en même temps il est une manifestation personnelle de solitude -il est toujours ce qu'Artaud appelle "un signal à travers les flammes"-, et pourtant, cela implique une expérience partagée, dès que le contact est établi.

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La question va très loin. Ce que l’on appelle la composition, construire un personnage, est un acte de construction progressive. A mon avis, cette méthode-là n’est pas le chemin créatif. Le chemin créatif est de faire une multitude de constructions provisoires en sachant que même si on a l’impression d’avoir trouvé le personnage un jour, cela n’est que temporaire. C’est

seulement ce que l’on peut faire de mieux ce jour-là, mais il faut se dire que la vraie forme n’est pas encore là. La vraie forme n’arrive qu’au dernier moment, parfois même au-delà du dernier moment. C’est une naissance. La vraie forme n’est pas comme la construction d’un bâtiment, la suite d’une série d’actions constructives et logiques. Au contraire, le vrai processus de

construction est en même temps une sorte de démolition. Cela veut dire que l’on s’achemine de plus en plus vers la peur, comme toute démolition. On crée un vide, on a moins de béquilles, moins de supports, on est de plus en plus en danger.
Notons que même lorsqu’on arrive à des moments de créativité véritable, dans une improvisation, dans une répétition ou dans une

représentation, il existe toujours des risques de détruire cette forme, de la brouiller.
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Nous avons perdu le sens du rite et de la cérémonie, que ce soit pour Noël, les anniversaires ou les enterrements. Seuls les mots demeurent en nous, même si d’anciens élans renaissent au plus profond de nous-mêmes.

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Quel est notre vrai but aujourd’hui, par rapport aux hommes qui nous entourent? Avons-nous besoin d’être libérés? De quoi et comment? (p.115)

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Y a-t-il un autre langage, tout aussi exigeant pour l’auteur que le langage des mots? Y a-t-il un langage de l’action, de la parole-injure, de la parole-contradiction, de la parole-choc ou de la parole-cri? Si nous parlons du plus-que-littéral, si poésie veut dire ce qui englobe le plus, ce qui pénètre le plus profondément, est-ce dans ce sens qu’il nous faut chercher? (p.71)

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Le « happening » est une invention riche de possibilités. Il détruit d’un seul coup de nombreuses formes sclérosées : la tristesse des théâtres et ces ornements sans charme que constituent le rideau, les ouvreuses, le vestiaire, le programme, le bar. Un « happening » peut avoir lieu n’importe où, n’importe quand, il peut avoir n’importe quelle durée. Rien n’est tabou, rien

n’est nécessaire. Un « happening » peut être spontané, il peut être cérémonieux, anarchique, il peut provoquer en nous une énergie enivrante. Derrière le « happening », il y a un cri : « Réveillez-vous! ». (p.78)

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Célébrons. Le désir de faire savoir, de partager avec les autres est toujours, en un sens, une célébration.

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La vie quotidienne consiste à être n’importe comment. Si l’on passe un examen ou si l’on parle avec un intellectuel, on ne sera pas n’importe comment dans la pensée ou dans la parole, mais on le sera dans le corps. Avec une personne souffrante, on ne sera pas n’importe comment dans les sentiments, on sera doux, attentif, mais la pensée sera floue ou confuse, le corps aussi. Au

contraire, si l’on fait un travail très délicat d’artisan, d’horloger, de couture, le corps entier sera mobilisé jusqu’aux doigts, mais la tête pourra rêver.
Pour être parfaitement clair sur les intentions que l’on échange avec l’autre personne, intellectuellement, sans trahir le vrai sentiment et que le corps soit juste et en équilibre, indiquant cela avec la plus grande

sensibilité, on voit qu’aucun des trois éléments qui nous composent – pensée, émotion, corps – ne peut être « n’importe comment ».

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Le principe du "sponsor" est une chose tragique qui entre dans notre monde. Le seul intérêt d'un sponsor pour un évènement théâtral c'est de pouvoir faire venir ses clients et leurs femmes. Il faut donc que le spectacle soit conforme à l'idée qu'ils se font de la culture :que ce soit beau,joli et ennuyeux.

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C’est ainsi que je comprends le théâtre nécessaire, un théâtre où entre acteurs et public n’existerait qu’une différence de situation et non une différence fondamentale. (p.173)

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En ce qui concerne le théâtre, nous en revenons toujours au même point : il ne suffit pas qu’écrivains et acteurs ressentent cette nécessité impérieuse, le public doit également la ressentir. Ainsi ne suffit-il pas de séduire une public : il faut, ce qui est le plus difficile, créer des thèmes qui suscitent chez les gens une faim et une soif indéniables. (p.172)