Marie de Hennezel
Marie de Hennezel

Comme je lui demande ce qu'elle [Sœur Emmanuelle] aimerait dire à tous ceux qui entrent dans le troisième âge et qui ont peur de vieillir, elle conclut d'une voix qui me frappe par sa fermeté et sa douceur :

- N'ayez pas peur ! La vieillesse, c'est comme un couronnement. J'arrive à la cime de ma vie et je regarde le monde et les autres avec une infinie tendresse. Je les ressens

dans mon cœur. Cette contemplation tendre me procure une immense joie. Pour moi, c'est comme du champagne ! La joie fuse dans mon cœur !
Vous pouvez, vous aussi, donner autour de vous cette joie. On devient vieux le jour où l'on ne croit plus en l'homme et en la valeur de chacun, quel qu'il soit. Faites vôtre cette parole d'un poète musulman que j'aime tant : "Fends le cœur de l'homme

et tu y trouveras un soleil !"

Mais pour cela, il faut un peu s'oublier soi-même, s'intéresser aux autres !

Il faudrait que les personnes âgées prennent conscience que c'est leur mission d'aimer. Quel que soit l'état dans lequel on vieillit, on peut regarder, sourire, tendre la main, bénir. Et cela transfigure la vie. + Lire la suiteCommenter

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Marie de Hennezel
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Le philosophe Robert Misrahi, comme nous le verrons plus loin, estime qu'il faudrait éduquer les personnes âgées. C'est dire à quel point il croit à la capacité d'apprendre jusqu'au bout de sa vie. Olivier de Ladoucette est du même avis. Prenons par exemple la capacité de regarder le bon côté des choses. On sait maintenant que l'optimisme prolonge la vie. Une étude américaine, conduite

pendant vingt-trois années auprès de six cents personnes, a montré que celles qui avaient une attitude positive au début de l'étude ont vécu en moyenne sept ans de plus que les autres. Tout se passe comme si le corps avait besoin de signaux d'espoir pour récupérer, s'adapter et rester en forme. Olivier de Ladoucette pense que "l'optimisme peut s'apprendre, y compris tard". On peut

apprendre à être positif, à regarder la vie du bon côté à soixante ans même quand on a pas acquis cette aptitude dès l'enfance. On peut apprendre à remettre en question ses pensées négatives, on peut apprendre à faire confiance à l'existence. Bien sûr, cela suppose de le vouloir et de chercher de l'aide.
Il existe toutes sortes de méthodes pour développer une pensée positive

et changer ses comportements. On connait la méthode Coué, la visualisation positive, les techniques de l'hypnose, les techniques de programmation neurolinguistiques, dites PNL. En psychologie comportementale des protocoles d'entraînement à l'optimisme ont fait leurs preuves et des thérapies qui développent la "sécurité de base" des personnes leur permettent progressivement de s'appuyer sur

leurs ressources internes (c'est, notamment le cas de l'haptonomie)
Mais toutes ces stratégies, toutes ces clés pour une vieillesse réussie ne sont efficaces que si l'on accepte de vieillir, donc de se transformer + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          410

Marie de Hennezel
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Les médecins ne sont partisans de la vérité. Ils se contentent d'informer les familles qui se voient par là même condamnées au secret. Les infirmières aussi subissent la même condamnation. Quel inconfort de devoir soigner des mala des qui vous lancent des regards anxieux et interrogateurs, et voius demandent pourquoi celà ne va pas mieux! Coincées entre l'angoisse des malades et la

lâcheté des médecins, elles n'ont pas les moyens d'accompager leurs patients et rentrent souvent chez elles avec le sentiment de ne pas avoir été humainement à la hauteur de la situation.

Marie de Hennezel
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Montrer le vieillesse, c'est montrer des personnes âgées qui sont habitées d'expériences et d'émotions. Il y a toute une profondeur de vie sur leur visage. On y lit leur vie affective, leur solitude, leur fatigue, mais aussi leur sérénité, leurs élans, leurs désirs. Car les désirs sont toujours là. Simplement, ils se sont transformés. La tendresse a pris le relais de la séduction.

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La pire solitude pour un mourrant est de ne pas pouvoir annoncer à ses proches qu'il va mourir.

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Mais on peut aussi vieillir avec intelligence, accepter ce que l'on ne peut pas changer, et se tourner vers tout ce qui reste à découvrir.

Marie de Hennezel
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C'est le regard de l'autre qui me constitue

Marie de Hennezel
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Je ne peux conformer ma vie à un modèle, ni ne pourrai jamais constituer un modèle pour qui se ce soit, mais il est tout à fait certain en revanche que je dirigerai ma vie selon ce que je suis, advienne que pourra.... Je ne défend aucun principe, mais quelque chose de bien plus merveilleux-quelque chose qui est en nous, qui brûle du feu de la vie, qui exulte et cherche à s'échapper (Lou

Andréas Salomé, lettre à Gillot) Cette citation, je la gardais vivante en moi. Elle était mon axe, ma force, ma liberté.(p15))

Marie de Hennezel
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Meurt-on comme on a vécu ? Mon ami veut savoir ce que j'en pense. Je n'ai pas de réponse. J'ai vu des personnes qui se disaient croyantes perdre la foi au seuil de la mort, et d'autres qui ne l'avait pas la trouver.

(p 226)

Marie de Hennezel
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Comment devenir des porte-bonheur et non des poisons pour notre entourage?
Vous l''avez deviné, le fil rouge qui guidera notre exploration, c'est la conviction que quelque chose en nous ne vieillit pas. Le l'appellerai le COEUR; Non pas l'organe, qui lui vieillit bien sûr, MAIS la capacité d'aimer et de désirer.. Cette force inextricable, incompréhensible, qui tient l'être humain en

vie, et que Spinoza a baptisé "conatus", l'intentionnalité vitale.
C'est le COEUR qui peut nous aider à dépasser nos peurs et nous soutenir au milieu des pires épreuves de la vieillesse.

Marie de Hennezel
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Je comprends maintenant qu'on ne peut pas faire l'économie d'un travail de deuil. Ce que l'on met de côté se réveille plus tard, à l'occasion d'un autre deuil, ou d'une date anniversaire.
Je sais maintenant, parce que je suis en train de le vivre, à quel point les endeuillés sont seuls. Trouvent-ils à leur côté des humains capables de leur faire exprimer la tristesse ou la colère

dans laquelle les plonge la mort d'un être cher, surtout quand elle est brutale? Trouvent-ils une oreille prête à recevoir tout ce qui aimerait se dire à celui qui n'est plus là pour entendre? Je sais depuis longtemps que tout ce qui n'est pas réglé avec un proche avant sa mort doit l'être après, sous peine d'être entravé par un deuil non résolu. J'ai souvent, moi-même encouragé les

autres à construire un dialogue intérieur avec le disparu, à parler au mort.

Marie de Hennezel
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La tristesse est bien plus redoutable que la vieillesse et la mort.

Marie de Hennezel
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N'est-ce pas cela la compassion ? Se mettre à la place de l'autre - tout en sachant qu'on n'y est pas - n'est pas s’identifier à l'autre, c'est prendre le recul nécessaire pour évaluer les choses : si nous étions à cette place-là, comment aimerions-nous être aidés ?

Marie de Hennezel
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Le besoin, dans ces moments-là, n'est-il pas précisément, de parler de celui qui n'est plus là, de raconter les circonstances de sa mort? Et bien sûr cela fait venir les larmes. Et il est bon de pleurer en présence de ses amis, de sentir que c'est possible, comme il est bon d'évoquer ensemble les moments vécus avec celui qui a disparu pour toujours. Cela fait du bien de parler de ses

regrets, de ses remords quand on en a et, pourquoi pas, de sa révolte. C'est tout cela qui permet le travail du deuil, ce mystérieux travail intérieur de détachement qui permettra un jour de se réveiller libéré, et plein d'énergie pour la vie.

Marie de Hennezel
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L'hiver est le trait d'union entre deux printemps.La vieillesse est le trait d'union entre deux générations.

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Si chacun se mettait ne serait-ce qu'une seconde à la place de l'autre, il y aurait plus de respect. On ouvrirait la porte plus doucement, on enverrait un signe d'accueil, un sourire, on tendrait la main, on parlerait moins fort. Ces gestes ne demandent pas plus de temps ni plus de personnel, simplement plus de conscience.

Marie de Hennezel
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Chaque fois qu'ils ont besoin de parler de ce qui ne va pas dans leur couple, ils prennent rendez-vous. Ils s'assoient l'un en face de l'autre, se prennent les mains, se regardent dans les yeux. La posture est celle du don et de l'accueil. Ils se donnent l'un à l'autre. La posture elle-même montre qu'aucun des deux n'est dans le jugement . Celui qui a quelque chose à exprimer parle, sachant

qu'il ne sera pas interrompu. Sa parole est accueillie. Et ce qui est dit va faire son chemin dans les heures ou les jours qui viennent. Ce rituel très intime a ses règles.Celui qui écoute accueille mais ne répond pas, ne se justifie pas, ne juge pas. S'il a vraiment besoin de parler, il demande à l'autre s'il l'autorise à lui répondre. Cette façon de faire intime le respect. Ce n'est ni

une discussion, ni un règlement de comptes.Ce rituel leur fait beaucoup de bien.

Marie de Hennezel
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Beaucoup de mes collègues psychothérapeutes parlent de cette hypothèse quela maladie d'Alzeihmer serait une façon progressive de s'absenter de la vie, pour ne pas avoir à affronter l'approche de la mort.

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Il est possible de vieillir sans etre un poison pour son entourage.

Marie de Hennezel
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je sais que je devrai un jour quitter les miens a moins que ce ne soient eux qui me quittent dabord. ce savoir le plus profond le plus intime est paradoxalement ce que jai en commun avec tous les autres humains cest pourquoi la mort dautrui me touche. elle me permet dentrer au coeur de la seule et vraie question: quel sens a donc ma vie?