Kathleen Jamie
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Quand on passe son temps à travailler avec les mots, on a parfois besoin de récupérer , dans un lieu où le langage ne s'articule plus, où on est réduit à quelques substantifs élémentaires . Mer. Oiseau. Ciel.

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Le temps est une spirale. C'est un incessant va-et-vient. La cassette est retrouvée, mais cinq mille ans sont déjà passés. A présent nous sommes des milliards, avons construit des mégapoles avec des moyens de communication globaux instantanés, et nous envoyons des vaisseaux spatiaux pour explorer des rivages inconnus. Nous pouvons atteindre l'âge de quatre-vingts, quatre-vingt-dix, cent

ans! Vous autres fermiers préhistoriques ne soupçonnez pas à quel point vous avez prospéré. Mais des millions croupissent dans la pauvreté. D'autres érigent des murs élevés et fabriquent des missiles. Le niveau des océans monte, les vents de tempête nous assaillent. Notre strate - plastique et déchets - commence à nous faire honte.

Kathleen Jamie
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[...] jamais le consumérisme ne remplacerait la passion ou l'émerveillement.

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Ce qui pourrait bien nous sauver, d'après le naturaliste Edward O. Wilson, c'est un caprice de l'histoire. Plus qu'un caprice, "Un cadeau miraculeux de la nature humaine aux générations futures" dont nous commençons seulement à nous rendre compte. Par nature humaine, Wilson entend la nature des femmes. Nous ne nous "reproduisons" pas. Quand les femmes ont le choix, jouissent d'une bonne

santé et d'un certain confort matériel, elles font immédiatement en sorte d'avoir moins d'enfant, voire pas du tout. Wilson attribue cela à un instinct : "un choix instinctif universel". Il affirme qu'il se pourrait bien qu'au cours du siècle prochain, à travers l'émancipation des femmes et l'amélioration des soins donnés aux nouveaux-nés, la population humaine se stabilise puis commence

à chuter. A son tour, l'exploitation des ressources de la planète diminuera aussi, et nous pourrons peut-être éviter une catastrophe, et assurer notre survie, et celle d'innombrables autres espèces. C'est une vision rassurante. Une sorte de frugalité. Elevez un ou deux enfants qui, à moins d'un désastre, deviendront des adultes en bonne santé, puis vous êtes libres de retourner

contempler la mer. (La colonie de fous de Bassan) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Kathleen Jamie
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En fin de compte, on ne perçoit que ce qu'on s'attend à voir, ce à quoi on est habitué. Parfois, il faut un regard neuf, ou un esprit moins conditionné...

Kathleen Jamie
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Il se dégage des montagnes, de la glace et du ciel, un silence minéral qui exerce une puissante pression sur nos corps. C'est un silence venu de très loin, effrayant, qui fait ressembler le bruit sous mon crâne au cri d'une oie criarde. J'aimerais réduire mon esprit au silence mais je pense que cela prendrait des années.

Kathleen Jamie
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Continuez à regarder, même quand il n'y a pas grand-chose à voir. Ainsi votre oeil apprend ce qui est normal, et quand quelque chose d'anormal apparaîtra, votre oeil le repèrera.

Kathleen Jamie
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Je devais faire un effort pour réaliser combien de siècles séparaient les deux périodes, même si cette distance n'était matérialisés que par quelques centimètres de terre.

Kathleen Jamie
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Parmi les passagers, il y a des médecins, des dentistes et des ingénieurs: des gens qui, de part leur profession, sont peu habitués à douter. Des gens comme moi - et Polly, j'ai l'impression - qui sont moins sûrs de ce qu'ils sont. Qui savent que nos vies sont courtes, que nous nageons à la surface d'un silence abyssal, à la surface d'un fjord d'un kilomètre de profondeur, parsemé

d'iceberg, que nous sommes mus par une force mystérieuse, évanescente et verte.

Kathleen Jamie
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Quand je veux apprendre quelque chose, j'ai recours aux livres et je me sens curieusement vulnérable quand je n'ai pas de volumes sur lesquels me rabattre, c'est comme si je me tenais moi-même sur une corniche. Je dois tout simplement apprendre à être patiente, apprendre à observer de mes propres yeux.

Kathleen Jamie
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Les baleines montent et descendent lentement, presque qu'avec paresse ou langueur. Tout le reste brille, mais au milieu des paillettes s'élèvent un épais croissant noir. D'habitude l'œil fait le travail inverse, toujours prêt à repérer une lueur dans l'obscurité. Aujourd'hui nous guettions le soulèvement de la noirceur contre toute cette lumière.