Francisco González Ledesma
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- Les jolis rêves soulagent les vies misérables, admit Mendez. Ils aident sans servir à rien parce que la plupart des gens finissent par les oublier.

Francisco González Ledesma
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Méndez l'entendit chuchoter :
"C'est vous qui me retenez à la vie.
- Pourquoi ?
- Parce que vous me donnez de l'espoir. Je sais bien que l'espérance n'a pas toujours de sens, mais du moins sert-elle toujours à quelque chose. Je l'ai lu la nuit dernière dans un dialogue d'une œuvre d'Eschyle : "Qu'as-tu fait pour délivrer les mortels des terreurs de la mort ?" Et

Prométhée répond : "J'ai semé dans leur cœur l'espérance aveugle."

Francisco González Ledesma
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En résumé, il avait la paix. "Tranquillité et bonne chère", disait l'expression catalane Mais il avait encore la liberté de penser, ce qui n'est pas si fréquent dans l'histoire d'Espagne.

Francisco González Ledesma
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Tu te sentiras vieux lorsque les femmes te sembleront appartenir au règne de la flore plutôt qu'à celui de la faune.

Francisco González Ledesma
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Mendez composa le second numéro que lui avait confié le policier le plus clandestin de la capitale et demanda d'une voix sibylline M. Fortes, expert en pins des Flandres et autres précieuses essences tropicales importées du golfe du Guinée. La tenancière lui répondit dans la minute :
- Ah le flic ?
Rompu aux secrets du monde hispanique, Mendez ne s'étonna pas. Il avait déjà

entendu parler d'un journaliste barcelonais, soi-disant un grand professionnel doublé d'un grand homme, qui pendant la Guerre civile faisait partie des services d'espionnage de Franco. Incognito, comme il se doit, il avait tissé sa toile dans le sud de la France pour coffrer les exilés espagnols qu'il trompait avec ingéniosité sans jamais décliner son identité. Les choses se gâtèrent

quand il reçut un appel du Haut Commandement à l'hôtel où il résidait avec ses compatriotes et que le réceptionniste parcourut le hall en beuglant : "L'espion de Franco au téléphone! 1" Le bonhomme était paraît-il entré dans la cabine sans que ses amis républicains manifestent la moindre surprise.


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Francisco González Ledesma
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A Santillana, il existe un lieu très fréquenté, le musée de l'Inquisition: il attire des foules de curieux, qui jugent sans doute que les horreurs du passé adoucissent le présent par effet de contraste. On y trouve exposé des pals délicats, des pinces à rougir dans la braise, des roues pour étirer les os et des lits hérissés de crocs pour vous trouer le dos. Avec ces instruments, la

charité chrétienne et la pureté de la foi ont été préservées durant des siècles.

Francisco González Ledesma
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- Beaucoup sont morts pour une poignée de terre, Méndez. Au moins, j’ai survécu, j’ai eu de la chance.
- Ca en valait la peine ?
- J’en sais rien. Je finirai mes jours dégoûté, j’ai vu mourir trop d’idéaux, et les gars qui sont morts croyaient encore à la lutte finale, à la victoire finale.

- Ce n’est qu’une chanson, Villa.

- C’est

déjà pas mal.
(…) Peut-être songea t- il qu’au moins ce qui demeure dans la chanson ne périt pas.

Francisco González Ledesma
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Méndez était un chien des rues, or ces bêtes-là désobéissent.

Francisco González Ledesma
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Quand je suis né, dans une maison de la rue qui prendrait le nom d'Espalter, bien des années plus tard, c'était déjà un lupanar. Mais la tête n'était pas encore au-dessus de la porte.
Dans d'autres établissements similaires, elle trônait à l'entrée. Aujourd'hui, je me dis que la maison de ma naissance était sûrement trop misérable et sordide pour afficher ne fût-ce que cet

emblème. La tête était pourtant une espèce de garantie légale. Avec le temps, ceux qui connaissaient la ville et ses bordels l'appelèrent la carassa : on trouvait parfois une sculpture en pierre représentant une femme à l'entrée mais, plus souvent, il s'agissait d'une face d'ivrogne hilare, autrement dit un homme heureux. Habituellement, ce mascaron signalait l'emplacement d'un lupanar

officiel, mais il offrait surtout l'image d'un client satisfait, mort en odeur de sainteté après avoir noué commerce avec toutes les pupilles. Nul n'a jamais imaginé que ce visage sculpté ensuite sur le linteau était celui d'un être né dans cette maison, moi-même, et qu'il symbolisait non pas le vice mais un acte d'amour. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie     

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Francisco González Ledesma
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Le peuple, toujours épris de justice et de liberté, vit sous l'emprise des règlements. Ainsi, il se tient à carreau.

Francisco González Ledesma
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Cette putain de ville est pleine de gens prêts à tuer et de gens prêts à se faire tuer - marmonna le commissaire - Ils pourraient se mettre d'accord.

Francisco González Ledesma
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- Je n'ai jamais rencontré un homme de... de votre espèce.
-Je suis prêt à vous croire, mademoiselle Volpe. Lorsque les gens viennent me causer, ils oublient rarement leur masque à gaz. A ma prochaine visite, je vous en apporte un .

Francisco González Ledesma
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Dans les quartiers pauvres, il pleut autrement, se disait souvent Miralles : dans les quartiers pauvres, la seule poésie, c'est la pluie.

Francisco González Ledesma
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Dans ce monde mécanisé, il ne reste que deux gâteries faites exclusivement à la main : le havane et la branlette 

Francisco González Ledesma
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Solana se souvenait fort bien du dessin. C’était le visage d’un homme, mais pas d’un contemporain, on aurait plutôt dit la reproduction d’une statue. Un visage romain ? médiéval ? En tout cas, il avait quelque chose de pierreux, d’ancien et de mort, évidemment. mais ce visage était aussi extraordinairement vif.

Il riait. Il avait les cheveux en désordre, il paraissait

tout jeune et ses petits yeux de rapace, pleins de vigueur, offraient un regard insistant. il avait l’air satisfait : du moins, il y a des siècles, pensa l’avocat. et, curieusement, amateur d’art et de musées, fin connaisseur des statues exposées en Espagne, il n’avait pas souvenir d’une pareille sculpture.

Francisco González Ledesma
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Les vrais dictateurs sont ceux qui établissent les règlements, croyez-moi. Mais on ne fait pas de révolution contre ces gens-là. Au contraire, parfois on les acclame, et bien sûr on les paie.

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La traite des Blanches est un phénomène international qui brasse de très gros intérêts et ôte la vie à des centaines de femmes qui n’ont commis que deux péchés : être pauvres et avoir de l’espoir.

Francisco González Ledesma
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- Vous vous demandez pourquoi on laisse ressortir Bermudez ; eh bien, ne vous cassez pas la tête. Un meurtrier, on le voit, il vous supplie, alors que la victime ne réclame rien, on ne la voit pas.

Francisco González Ledesma
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Je viens d'années sans frontières, de villes ensevelis, de cimetières qui me parlent de chants dont nul n'a souvenir. je viens d'un lointain temps.

Francisco González Ledesma
Francisco González Ledesma

La peinture naïve recèle des vestiges d'une innocence universelle dont il subsistera toujours quelque chose puisque les électeurs la renouvellent tous les quatre ans.