Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

L'esprit scientifique ne peut se constituer qu'en détruisant l'esprit non scientifique. Trop souvent le savant se confie à une pédagogie fractionnée alors que l'esprit scientifique devrait viser à une réforme subjective totale. Tout réel progrès dans la pensée scientifique nécessite une conversion.

Marc Bonnant
Marc Bonnant

Je ne suis pas convaincu que l'image fasse comprendre. Barthes disait : "un jour, l'image aura le dernier mot". Et, nous vivons ces temps tragiques où l'on exprime que par image, que l'on comprend que par image et qu'à vrai dire vous devez, par rapport à un public qui est formaté pour le visuel, pour le sensoriel, mais qui a fait tout abandon de l'esprit critique, vous devez viser l'émotion,

le cœur et tout ce qu'il y a de poisseux dans l'homme. Vous en faites un métier.

Nations Unies
Nations Unies

ARTICLE 26
1 - Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation
doit être gratuite, au moins en ce qui concerne
l'enseignement élémentaire et fondamental.
L'enseignement élémentaire est obligatoire.
L'enseignement technique et professionnel
doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures
doit être ouvert en pleine égalité à tous

en fonction
de leur mérite.
2 - L'éducation doit viser au plein épanouissement
de la personnalité humaine et au renforcement
du respect des droits de l'homme
et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser
la compréhension, la tolérance et l'amitié
entre toutes les nations et tous les groupes raciaux
ou religieux, ainsi que le

développement des activités
des Nations Unies pour le maintien de la paix.
3 - Les parents ont, par priorité, le droit de choisir
le genre d'éducation à donner à leurs enfants.

Hector Berlioz
Hector Berlioz

XXXIV

Drame. — Je quitte Rome. — De Florence à Nice. — Je reviens à Rome. — Il n’y a personne de mort.

On a vu des fusils partir qui n’étaient
pas chargés, dit-on. On a vu souvent
encore, je crois, des pistolets chargés
qui ne sont pas partis.

Je passai quelque temps à me façonner tant bien que mal à cette existence si

nouvelle pour moi. Mais une vive inquiétude, qui, dès le lendemain de mon arrivée, s’était emparée de mon esprit, ne me laissait d’attention ni pour les objets environnants ni pour le cercle social où je venais d’être si brusquement introduit. Je n’avais pas trouvé à Rome des lettres de Paris qui auraient dû m’y précéder de plusieurs jours. Je les attendis pendant trois

semaines avec une anxiété croissante ; après ce temps, incapable de résister davantage au désir de connaître la cause de ce silence mystérieux, et malgré les remontrances amicales de M. Horace Vernet, qui essaya d’empêcher un coup de tête, en m’assurant qu’il serait obligé de me rayer de la liste des pensionnaires de l’Académie si je quittais l’Italie, je m’obstinai à

rentrer en France.

En repassant à Florence, une esquinancie assez violente vint me clouer au lit pendant huit jours. Ce fut alors que je fis la connaissance de l’architecte danois Schlick, aimable garçon et artiste d’un talent classé très-haut par les connaisseurs. Pendant cette semaine de souffrances, je m’occupai à réinstrumenter la scène du Bal de ma symphonie

fantastique, et j’ajoutai à ce morceau la Coda qui existe maintenant. Je n’avais pas fini ce travail quand, le jour de ma première sortie, j’allai à la poste demander mes lettres. Le paquet qu’on me présenta contenait une épître d’une impudence si extraordinaire et si blessante pour un homme de l’âge et du caractère que j’avais alors, qu’il se passa soudain en moi quelque

chose d’affreux. Deux larmes de rage jaillirent de mes yeux, et mon parti fut pris instantanément. Il s’agissait de voler à Paris, où j’avais à tuer sans rémission deux femmes coupables et un innocent[43]. Quant à me tuer, moi, après ce beau coup, c’était de rigueur, on le pense bien. Le plan de l’expédition fut conçu en quelques minutes. On devait à Paris redouter mon retour,

on me connaissait... Je résolus de ne m’y présenter qu’avec de grandes précautions et sous un déguisement. Je courus chez Schlick, qui n’ignorait pas le sujet du drame dont j’étais le principal acteur. En me voyant si pâle :

— Ah ! mon Dieu ! qu’y a-t-il ?

— Voyez, lui dis-je, en lui tendant la lettre ; lisez.

— Oh ! c’est monstrueux,

répondit-il après avoir lu. Qu’allez-vous faire ?

L’idée me vint aussitôt de le tromper, pour pouvoir agir librement.

— Ce que je vais faire ? Je persiste à rentrer en France, mais je vais chez mon père au lieu de retourner à Paris.

— Oui, mon ami, vous avez raison, allez dans votre famille ; c’est là seulement que vous pourrez avec le temps,

oublier vos chagrins et calmer l’effrayante agitation où je vous vois. Allons, du courage !

— J’en ai ; mais il faut que je parte tout de suite ; je ne répondrais pas de moi demain.

— Rien n’est plus aisé que de vous faire partir ce soir ; je connais beaucoup de monde ici, à la police, à la poste ; dans deux heures j’aurai votre passe-port, et dans cinq

votre place dans la voiture du courrier. Je vais m’occuper de tout cela ; rentrez dans votre hôtel faire vos préparatifs, je vous y rejoindrai.»

Au lieu de rentrer, je m’achemine vers le quai de l’Arno, où demeurait une marchande de modes française. J’entre dans son magasin, et tirant ma montre :

— Madame, lui dis-je, il est midi ; je pars ce soir par le

courrier, pouvez-vous, avant cinq heures, préparer pour moi une toilette complète de femme de chambre, robe, chapeau, voile vert, etc. ? Je vous donnerai ce que vous voudrez, je ne regarde pas à l’argent.

La marchande se consulte un instant et m’assure que tout sera prêt avant l’heure indiquée. Je donne des arrhes et rentre, sur l’autre rive de l’Arno, à l’hôtel des

Quatre nations, où je logeais. J’appelle le premier sommelier :

— Antoine, je pars à six heures pour la France ; il m’est impossible d’emporter ma malle, le courrier ne peut la prendre ; je vous la confie. Envoyez-la par la première occasion sûre à mon père dont voici l’adresse.»

Et prenant la partition de la scène du Bal[44] dont la coda n’était pas

entièrement instrumentée, j’écris en tête : Je n’ai pas le temps de finir ; s’il prend fantaisie à la société des concerts de Paris d’exécuter ce morceau en l’absence de l’auteur, je prie Habeneck de doubler à l’octave basse, avec les clarinettes et les cors, le passage des flûtes placé sur la dernière rentrée du thème, et d’écrire à plein orchestre les accords qui

suivent ; cela suffira pour la conclusion.

Puis, je mets la partition de ma symphonie fantastique, adressée sous enveloppe à Habeneck, dans une valise, avec quelques hardes ; j’avais une paire de pistolets à deux coups, je les charge convenablement ; j’examine et je place dans mes poches deux petites bouteilles de rafraîchissements, tels que laudanum, strychnine ; et la

conscience en repos au sujet de mon arsenal, je m’en vais attendre l’heure du départ, en parcourant sans but les rues de Florence, avec cet air malade, inquiet et inquiétant des chiens enragés.

À cinq heures, je retourne chez ma modiste ; on m’essaye ma parure qui va fort bien. En payant le prix convenu, je donne vingt francs de trop : une jeune ouvrière, assise devant le

comptoir s’en aperçoit et veut me le faire observer ; mais la maîtresse du magasin, jetant d’un geste rapide mes pièces d’or dans son tiroir, la repousse et l’interrompt par un :

«Allons, petite bête, laissez monsieur tranquille ! croyez-vous qu’il ait le temps d’écouter vos sottises !» et répondant à mon sourire ironique par un salut curieux mais plein de grâce :

«Mille remercîments, monsieur, j’augure bien du succès ; vous serez charmante, sans aucun doute, dans votre petite comédie.»

Six heures sonnent enfin ; mes adieux faits à ce vertueux Schlick qui voyait en moi une brebis égarée et blessée rentrant au bercail, ma parure féminine soigneusement serrée dans une des poches de la voiture, je salue du regard le Persée de

Benvenuto, et sa fameuse inscription : «Si quis te læserit, ego tuus ultor ero[45]» et nous partons.

Les lieues se succèdent, et toujours entre le courrier et moi règne un profond silence. J’avais la gorge et les dents serrées : je ne mangeais pas, je ne parlais pas. Quelques mots furent échangés seulement vers minuit, au sujet des pistolets dont le prudent conducteur ôta

les capsules et qu’il cacha ensuite sous les coussins de la voiture. Il craignait que nous ne vinssions à être attaqués, et en pareil cas, disait-il, on ne doit jamais montrer la moindre intention de se défendre quand on ne veut pas être assassiné.

« — À votre aise, lui répondis-je, je serais bien fâché de nous compromettre, et je n’en veux pas aux brigands !»


Arrivé à Gênes, sans avoir avalé autre chose que le jus d’une orange, au grand étonnement de mon compagnon de voyage qui ne savait trop si j’étais de ce monde ou de l’autre, je m’aperçois d’un nouveau malheur : mon costume de femme était perdu. Nous avions changé de voiture à un village nommé Pietra santa et, en quittant celle qui nous amenait de Florence, j’y avais

oublié tous mes atours. «Feux et tonnerres ! m’écriai-je, ne semble-t-il pas qu’un bon ange maudit veuille m’empêcher d’exécuter mon projet ! C’est ce que nous verrons !»

Aussitôt, je fais venir un domestique de place parlant le français et le génois. Il me conduit chez une modiste. Il était près de midi ; le courrier repartait à six heures. Je demande un nouveau

costume ; on refuse de l’entreprendre ne pouvant l’achever en si peu de temps. Nous allons chez une autre, chez deux autres, chez trois autres modistes, même refus. Une enfin annonce qu’elle va rassembler plusieurs ouvrières et qu’elle essayera de me parer avant l’heure du départ.

Elle tient parole, je suis reparé. Mais pendant que je courais ainsi les grisettes, ne

voilà-t-il pas la police sarde qui s’avise, sur l’inspection de mon passe-port, de me prendre pour un émissaire de la révolution de Juillet, pour un co-carbonaro, pour un conspirateur, pour un libérateur, de refuser de viser ledit passe-port pour Turin, et de m’enjoindre de passer par Nice !

« — Eh ! mon Dieu, visez pour Nice, qu’est-ce que cela me fait ? je passerai par

l’enfer si vous voulez, pourvu que je passe !...»

Lequel des deux était le plus splendidement niais, de la police, qui ne voyait dans tous les Français que des missionnaires de la révolution, ou de moi, qui me croyais obligé de ne pas mettre le pied dans Paris sans être déguisé en femme, comme si tout le monde, en me reconnaissant, eût dû lire sur mon front le projet qui

m’y ramenait ; ou, comme si, en me cachant vingt-quatre heures dans un hôtel, je n’eusse pas dû trouver cinquante marchandes de modes pour une, capables de me fagoter à merveille ?

Les gens passionnés sont charmants, ils s’imaginent que le monde entier est préoccupé de leur passion quelle qu’elle soit, et ils mettent une bonne foi vraiment édifiante à se conformer à

cette opinion. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Henri Bergson
Henri Bergson

Une fois écartées ces infériorités qui intéressent le sérieux de l’existence (et elles tendent à s’éliminer elles-mêmes dans ce qu’on a appelé la lutte pour la vie), la personne peut vivre, et vivre en commun avec d’autres personnes. Mais la société demande autre chose encore. Il ne lui suffit pas de vivre ; elle tient à vivre bien. Ce qu’elle a maintenant à redouter,

c’est que chacun de nous, satisfait de donner son attention à ce qui concerne l’essentiel de la vie, se laisse aller pour tout le reste à l’automatisme facile des habitudes contractées. Ce qu’elle doit craindre aussi, c’est que les membres dont elle se compose, au lieu de viser à un équilibre de plus en plus délicat de volontés qui s’inséreront de plus en plus exactement les

unes dans les autres, se contentent de respecter les conditions fondamentales de cet équilibre : un accord tout fait entre les personnes ne lui suffit pas, elle voudrait un effort constant d’adaptation réciproque. Toute raideur du caractère, de l’esprit et même du corps, sera donc suspecte à la société, parce qu’elle est le signe possible d’une activité qui s’endort et aussi

d’une activité qui s’isole, qui tend à s’écarter du centre commun autour duquel la société gravite, d’une excentricité enfin. Et pourtant la société ne peut intervenir ici par une répression matérielle, puisqu’elle n’est pas atteinte matériellement. Elle est en présence de quelque chose qui l’inquiète, mais à titre de symptôme seulement, — à peine une menace, tout

au plus un geste. C’est donc par un simple geste qu’elle y répondra. Le rire doit être quelque chose de ce genre, une espèce de geste social. Par la crainte qu’il inspire, il réprime les excentricités, tient constamment en éveil et en contact réciproque certaines activités. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          110

Abû-Hâmid Al-Ghazali
Abû-Hâmid Al-Ghazali

Que le but du disciple soit d'orner son être intérieur de la vertu spirituelle, dans l'espoir de se rapprocher de Dieu, et de s'élever vers le Royaume des Cieux parmi les Anges et les Élus rapprochés. L'étudiant ne doit, à travers son apprentissage du savoir, ni viser l'argent et le pouvoir, ni chercher à disputer avec les idiots, ni essayer d'épater ses semblables. Si c'est bien la

proximité divine qu'il a effectivement en vue, l'élève étudiera et recherchera la science qui est la plus conforme à son objectif : la science de l'Au-delà. Cela dit, il ne doit par pour autant mépriser des sciences comme les fatwas, la grammaire et la langue, qui sont liées au Livre saint et à la Tradition du Prophète.

Raymond Aron
Raymond Aron

La première réponse consisterait à définir l'originalité de la sociologie par la volonté de rigueur scientifique, par le souci, les scrupules de méthode, par l'effort pour ne rien affirmer que l'on ne soit sûr d'avoir démontré. A n'en pas douter, la volonté de rigueur scientifique fait partie de l'intention de la sociologie, mais jamais une science n'a été définie uniquement par la

volonté d'être science. De plus, en matière de sociologie, le danger existe que l'exagération des scrupules finisse par stériliser la recherche. Quelques critiques aux États-Unis disent, en plaisantant, que l'on dépense de plus en plus d'argent, de plus en plus de temps, pour démontrer de plus en plus rigoureusement des propositions de moins en moins intéressantes. Il ne faudrait pas que

le souci exclusif de la preuve fît oublier qu'une science doit viser des résultats en tant que tels significatifs.

Maurice Merleau-Ponty
Maurice Merleau-Ponty

Le mot d’image est mal famé parce qu’on a cru étourdiment qu’un dessin était un décalque, une copie, une seconde chose, et l’image mentale un dessin de ce genre dans notre bric-à-brac privé. Mais si en effet elle n’est rien de pareil, le dessin et le tableau n’appartiennent pas plus qu’elle à l’en soi. Ils sont le dedans du dehors et le de- hors du dedans, que rend possible

la duplicité du sentir, et sans lesquels on ne comprendra jamais la quasi-présence et la visibilité imminente qui font tout le problème de l’imaginaire. Le tableau, la mimique du comédien ne sont pas des auxiliaires que j’emprunterais au monde vrai pour viser à travers eux des choses prosaïques en leur absence. L’imaginaire est beaucoup plus près et beaucoup plus loin de l’actuel

: plus près puisqu’il est le diagramme de sa vie dans mon corps, sa pulpe ou son envers charnel pour la première fois ex- posés aux regards, et qu’en ce sens-là, comme le dit énergiquement Giacometti : « Ce qui m’intéresse dans toutes les peintures, c’est la ressemblance, c’est-à-dire ce qui pour moi est la ressemblance : ce qui me fait découvrir un peu le monde extérieur. »

Beaucoup plus loin, puisque le tableau n’est un analogue que selon le corps, qu’il n’offre pas à l’esprit une occasion de repenser les rapports constitutifs des choses, mais au regard pour qu’il les épouse, les traces de la vision du dedans, à la vision ce qui la tapisse intérieurement, la texture imaginaire du réel. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie     

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August Wilhelm von Schlegel
August Wilhelm von Schlegel

Tout art a ses bornes ; la sculpture en a de fort étroites. Tel théoriste aurait voulu la limiter à la représentation d'une seule figure en repos, ou tout au plus lui permettre un groupe simple. Mais pourquoi exclure du domaine de la sculpture les vastes compositions , les scènes qui demandent un grand nombre d'acteurs , si , en se prévalant des concessions nécessaires, elle peut les

figurer avec avantage. La sculpture ne saurait viser aux effets de la
perspective: les lointains, les raccourcis, ces groupes rentrants, dont quelques parties fuient et se couvrent pour faire ressortir davantage les autres, tous ces moyens par lesquels la magie du peintre brille le plus, sont contraires a son essence. Il est clair qu'il faut à la sculpture, pour les grandes compositions, un

déploiement latéral sans profondeur; et le problème paraît être résolu par le bas-relief.

Sheryl Sandberg
Sheryl Sandberg

[...] se fixer des objectifs accessibles est essentiel au bonheur. Au lieu de viser la perfection, nous devrions aspirer à un épanouissement durable. Il ne faut pas se demander : "est-ce que je peux tout concilier ?" mais "est-ce que je peux faire ce qui compte le plus pour moi et ma famille ?". Le but consiste à voir grandir ses enfants dans la joie et au mieux de leur forme. Les habiller en

vert le jour de la Saint-Patrick reste optionnel.