Stéphanie Le Bail
Stéphanie Le Bail

Le ciel est vide. Je vais prier quand même.

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Quand j’ai dit plus haut que la musique m’avait été révélée en même temps que l’amour, à l’âge de douze ans, c’est la composition que j’aurais dû dire ; car je savais déjà, avant ce temps, chanter à première vue, et jouer de deux instruments. Mon père encore m’avait donné ce commencement d’instruction musicale.

Le hasard m’ayant fait trouver un

flageolet au fond d’un tiroir où je furetais, je voulus aussitôt m’en servir cherchant inutilement à reproduire l’air populaire de Marlborough.

Mon père, que ces sifflements incommodaient fort, vint me prier de le laisser en repos, jusqu’à l’heure où il aurait le loisir de m’enseigner le doigté du mélodieux instrument, et l’exécution du chant héroïque dont

j’avais fait choix. Il parvint en effet à me les apprendre sans trop de peine ; et, au bout de deux jours, je fus maître de régaler de mon air de Marlborough toute la famille.

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Dans presque tous les Etats où l'esclavage est aboli, on a donné au nègre des droits électoraux ; mais s'il se présente pour voter, il court risque de la vie. Opprimé, il peut se plaindre, mais il ne trouve que des blancs parmi ses juges. La loi cependant lui ouvre le banc des jurés, mais le préjugé l'en repousse. Son fils est exclu de l'école où vient s'instruire le descendant des

Européens. Dans les théâtres, il ne saurait, au prix de l'or, acheter le droit de se placer à côté de celui qui fut son maître ; dans les hôpitaux, il gît à part. On permet au noir d'implorer le même Dieu que les blancs, mais non de le prier au même autel. Il a ses prêtres et ses temples. On ne lui ferme point les portes du ciel : à peine cependant si l'inégalité s'arrête au bord

de l'autre monde. Quand le nègre n'est plus, on jette ses os à l'écart, et la différence des conditions se retrouve jusque dans l'égalité de la mort.

2e partie, chap X, p457 de l'édition Garnier-Flammarion

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Dans presque tous les États où l'esclavage est aboli, on a donné au nègre des droits électoraux ; mais s'il se présente pour voter, il court risque de la vie. Opprimé, il peut se plaindre, mais il ne trouve que des blancs parmi ses juges. La loi cependant lui ouvre le banc des jurés, mais le préjugé l'en repousse. Son fils est exclu de l'école où vient s'instruire le descendant des

Européens. Dans les théâtres, il ne saurait, au prix de l'or, acheter le droit de se placer à côté de celui qui fut son maître ; dans les hôpitaux, il gît à part. On permet au noir d'implorer le même Dieu que les blancs, mais non de le prier au même autel. Il a ses prêtres et ses temples. On ne lui ferme point les portes du ciel : à peine cependant si l'inégalité s'arrête au bord

de l'autre monde. Quand le nègre n'est plus, on jette ses os à l'écart, et la différence des conditions se retrouve jusque dans l'égalité de la mort.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. X - Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des États-Unis - p. 457) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie 

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Chrystine Brouillet
Chrystine Brouillet

Un hurlement venant de la cour masqua la cacophonie qui régnait à l'hôpital. Les ombres se modifièrent sur les murs comme si les lourds volets de bois s'étaient fermés tous ensemble. Il n'y avait plus que la lueur vacillante des chandelles pour éclairer les salles.Le silence se fit soudainement comme si chacun retenait son souffle, désireux de prolonger son dernier soupir, écrasé par le

pouvoir terrible du ciel, puis une des sœurs commença à prier et les malades répondirent d'une seule voix, plus forte, plus fervente que jamais.Le cri de Flora retentit entre deux Ave Maria, un cri très long et trop grave. Mère Marie de Saint-Sacrement pensa à une bête sauvage, à un feulement et oublia l'éclipse en s'écartant précipitamment de Flora. D'où venait cette créature? Elle

aurait dû refuser de s'en charger. Pourquoi était-elle aussi légère? Voilà qu'elle sortait de sa torpeur pour prononcer des mots inconnus: se confessait-elle? De quoi?Au moment même où Flora expulsa son enfant, les ténèbres se dissipèrent et mère Marie du Saint-Sacrement put constater que l'étrangère n'avait pas accouché d'un elfe mais d'une petite fille qui remuait déjà comme si

elle cherchait à se débarrasser toute seule des membranes sanglantes qui lui couvraient encore la tête. Elle était née coiffée!
La religieuse oublia ses appréhensions et s'approcha vivement du bébé pour vérifier sa constitution, un examen rapide la rassura. Elle avait tous ses membres et semblait heureusement proportionnée.
- C'est une fille, dit-elle à l'adresse de la

mère. Elle a...
La religieuse s'interrompit, la femme regardait son enfant avec terreur.
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Pie IX
Pie IX

17 - C'est toujours, Vénérables Frères, mais c'est maintenant plus que jamais, au milieu de telles calamités de l'Église et de la société civile, en présence d'une si vaste conspiration d'adversaires et d'un tel amas d'erreurs contre le catholicisme et le Siège Apostolique, qu'il est absolument nécessaire de nous adresser avec confiance au Trône de la grâce pour obtenir miséricorde et

trouver la grâce d'une protection opportune.


À cette fin, Nous avons jugé bon de stimuler la piété de tous les fidèles pour qu'en union avec Nous, et avec vous, ils ne cessent de prier et supplier par les prières les plus ferventes et les plus humbles, le Père très clément des lumières et des miséricordes ; qu'ils se réfugient toujours dans la plénitude de la foi

auprès de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a rachetés à Dieu en son sang ; qu'ils demandent avec une perpétuelle instance à son très doux Cœur, victime de sa très ardente charité envers nous, d'attirer tout à lui par les liens de son amour, et de faire que tous les hommes, enflammés de son très saint amour, marchent dignement selon son Cœur, agréables à Dieu en tout, portant

des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres. Et, comme les prières des hommes sont indubitablement plus agréables à Dieu quand elles lui parviennent avec des cœurs purs de toute corruption, Nous avons pensé à ouvrir avec une libéralité apostolique aux fidèles chrétiens les célèbres trésors de l'Église dont la distribution Nous est confiée, afin que ces mêmes fidèles excités

plus vivement à la vraie piété, et purifiés des taches de leurs péchés par le Sacrement de Pénitence, répandent avec plus de confiance leurs prières à Dieu et obtiennent sa miséricorde et sa grâce. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Joseph E. Stiglitz
Joseph E. Stiglitz

Il y a deux visions possibles de l'Amérique dans un demi-siècle. La première, c'est une société divisée entre possédants et non-possédants, un pays où les riches vivent dans des complexes fortifiés, envoient leurs enfants dans des écoles coûteuses et jouissent de soins médicaux de premier ordre. Les autres vivent dans un monde fait d'insécurité, d'éducation au mieux médiocre et de

soins rationnés de fait - ils n'ont plus qu'à prier pour ne pas tomber gravement malades.

Jacques Brel
Jacques Brel

Comme un marin je partirai
Pour aller rire chez les filles
Et si jamais tu en pleurais
Moi, j'en aurais l'âme ravie
Comme un novice je partirai
Pour aller prier le Bon Dieu
Et si jamais tu en souffrais
Moi, je n'en prierai que mieux
(La Haine)

Karl Jaspers
Karl Jaspers

C’est dans les commandements bibliques que l’on trouve l’expression la plus profonde de la vraie attitude de l’homme envers Dieu : Tu ne te feras point d’image taillée ni de représentation quelconque… Ces mots ont signifié un jour : Dieu est invisible, il est interdit de le prier sous forme d’imagines divines, d’idoles, de sculptures. Cette interdiction précise s’approfondit

alors et veut dire que Dieu est non seulement invisible, mais encore au-delà de toute représentation, de toute imagination. Aucun symbole ne peut lui être adéquat et aucun ne peut légitimement se substituer à lui. Tous les symboles sans exception sont des mythes. Comme tels ils sont chargés de sens, dans la mesure où ils gardent le caractère évanescent qui correspond à leur nature

purement symbolique. Mais quand on les prend pour la réalité divine elle-même, il n’y a plus que superstition. (p. 49)

José Saramago
José Saramago

Il était huit heures du matin, la journée commençait bien, des éclats de rire fusaient des portes et des fenêtres à la vue du prêtre détalant comme un lièvre, les noirs sur ses talons, et lui flamberge au vent et fort bien monté, que Dieu le bénisse, la place d'un homme aussi splendidement doté n'est pas au pied des autels à servir Dieu mais dans un lit à servir les dames,

confrontées à pareil spectacle les matrones du quartier en ressentirent un grand ébranlement, les pauvres, prises ainsi au dépourvu, comme seraient prises au dépourvu et, partant, exonérées de péché, celles qui se trouvaient en train de prier en l'église Vieille de la Conception et qui virent le prêtre entrer, pantelant, sous les espèces d'un Adam innocent mais chargé de péchés, son

battant et ses grelots tout tressautants.