Chrystine Brouillet
Chrystine Brouillet

J'ai discrètement tiré sur une corde que j'avais reliée à l'un des pilastres de la balustrade et une nuée d'araignées, de vers et de mouches en caoutchouc est tombée sur l'assistance.
Évidemment, Didier et Isabelle, comme tous les autres, ont cessé de danser et se sont mis à gesticuler en poussant des cris pour se débarrasser des faux insectes, jusqu'à ce qu' Amélie éclate

de rire:
-- Ce ne sont pas des vrais! Joyeuse Halloween! Eh non! Ce n'est pas moi qui ai eu cette idée!
Elle n'a pas pu terminer sa phrase: quelqu'un glissait un glaçon dans sa robe de lamé. Amélie a poussé un véritable hurlement en se tortillant frénétiquement et tous la regardaient, sauf Pierre qui expliquait à Hector et à Thomas qu'une pause leur ferait du bien.

Une série de cassettes assurerait l'ambiance musicale. Quelqu'un voulait-il s'en charger pour quelques minutes?
Et qu'on choisisse un slow!
Pierre descendait de la scène pour aller inviter Isabelle quand il a vu Didier se diriger vers la cuisine.
-- Bon débarras! Oh non!
Michel Pichet, à son tour, lui ravissait Isabelle.
-- Mais je ne pourrai

jamais m'approcher d'elle, si ça continue! Et moi qui ai demandé un slow! Je suis épais au carré!
-- Attends, je ne suis pas une sorcière pour rien! ai-je dit en montrant mon costume. J'ai plus d'un tour dans mon sac!
Et je me suis dirigée vers Michel Pichet et Isabelle. J'ai tapoté l'épaule du prof du bout de ma baguette magique en le menaçant de le transformer en

hippopotame s'il ne dansait pas immédiatement avec moi.
J'ai ajouté que j'étais très jalouse d'lsabelle et que je la métamorphoserais en aspic avec plaisir!
Bien sûr, j'ai dit tout ça avec le sourire, tandis que Pierre s'approchait et invitait Isabelle, au moment même où Didier sortait de la cuisine.
Pierre venait juste d'enlacer Isabelle quand il y a eu une

panne d'électricité! Je me demandais qui était responsable de cette nouvelle blague et j'ai entendu mon cousin:
-- Woouuaah! C'est dégueulasse. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          20

Erich Fromm
Erich Fromm

L'autre aspect du processus d'individuation est la solitude grandissante. Les liens primaires offrent la sécurité et une unité fondamentale entre l'individu et le monde extérieur. Au fur et à mesure que l'enfant émerge de ce monde, il comprend qu'il est seul, qu'il est une entité séparée des autres. Cette séparation d'un monde incroyablement fort et puissant comparé à sa propre

existence individuelle, et aussi bien souvent menaçant et dangereux, crée un sentiment d'impuissance et d'anxiété. Aussi longtemps qu'il faisait partie intégrante de ce monde, méconnaissant les facultés et les responsabilités de l'action individuelle, l'enfant n'avait pas de raison d'être effrayé. Mais lorsqu'il devient un individu, il doit faire face, tout seul, aux aspects dangereux et

écrasants du monde.

Michaël Mention
Michaël Mention

L’un de ses collaborateurs dissimule un sourire dans sa paume. Du moins, il croit le faire, car Vaughn l’apostrophe :
– Cessez de vous gausser, Greenway. Votre sujet sur le National Front est également à revoir, pour éviter que ses skins nous accusent de diffamation.
– Je n’ai fait qu’évoquer ses lynchages dans les quartiers noirs et…
– … ses candidats aux

prochaines législatives. Le problème, c’est votre phrase sur « l’essor menaçant de l’extrême droite, cancer des valeurs britanniques ».
– Je vous rappelle qu’à Londres, il a tout de même eu plus de cent mille voix.
– Je n’ai pas oublié, comme je n’ai pas oublié que Thatcher a dit qu’elle comprenait la peur du peuple d’être « envahi par une culture

étrangère ».

Claude Simon
Claude Simon

et sur les minces accoudoirs... se serraient en tremblant les mains ridées et déformées d'une fragile petite vieille (ou plutôt une chose : comme un menu paquet, un impondérable fagot d'os, de brindilles prêts à se briser, maintenus ensemble par un réseau de ligaments, de tendons menaçant à tout instant de se rompre, un problématique assemblage de calcaire et de tissus parcheminés qui

semblait être comme une parodique version, un parodique avatar à l'échelle humaine, jaunâtre, desséché et plumé, des maigres poules errant sous le hangar – et une femme pourtant : un être humain, une enveloppe à l'intérieur de quoi circulait la sang bleu vert qui gonflait les veines ou plutôt les épaisses tubulures ramifiées que l'on pouvait voir bifurquer, serpenter et se tordre

sous la transparente membrane de peau, mais qu'irriguait ou, mieux, qu'animait encore ce flux secret, indécelable à l'oeil, cette permanente série d'actions et de réactions d'acides, de bases, de sels, ces relais, ces signaux, d'une fantastique complexité et d'une foudroyante rapidité qui font a raison, la tristesse, la joie, la mémoire, la parole) + Lire la suiteCommenter

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Philippe Delorme
Philippe Delorme

[...] ... Cela étant, existe-t-il des témoignages authentiques de l'inconduite d'Isabeau de Bavière ? Et, en particulier, de sa prétendue liaison avec Louis d'Orléans ? Il convient tout d'abord d'éliminer les sources tardives ou apocryphes. Sans s'arrêter aux élucubrations d'un Brantôme, il est tout à fait invraisemblable que Louis XI - si fier de la supériorité de sa race - ait

confié, comme on le lit parfois, que sa grand-mère était une "gran putana - une grande putain."

Aucun auteur contemporain n'accuse la reine d'adultère, à moins de s'arrêter à de très vagues allusions. La plus marquée est peut-être celle du Religieux de Saint-Denis, évoquant Isabeau et son beau-frère en ces termes : "Indifférents à la défense du royaume, ils mettaient

toute leur vanité dans leurs richesses, toute leur jouissance dans les délices du corps. Enfin, ils oubliaient tellement les règles et les devoirs de la royauté, qu'ils étaient devenus un objet de scandale pour la France et la fable des nations étrangères."

Dans le "Songe Véritable", l'allégorie de la Fortune adopte un ton menaçant : "Je lui ferai avoir telle honte, et tel

dommage et telle perte, qu'en la fin, en sera abandonnée." Plus loin, Raison tente, à son tour, d'intimider la princesse fautive : "Si devers moi bientôt ne viens, je t'enlèverai tous les tiens. Je te mènerai à tel malheur que tu n'auras membre ni chef qui ne te tremble de forte ire. Mais je ne te veux ores plus rien dire, parce que femmes ont peu de honte et font de mes dits peu de compte.

Mais en la fin t'en souviendras, quand Fortune sur toi viendra. [...] On dit en proverbe souvent que nul ne sait ce qu'à oeil lui pend."

Ces quelques citations suffisent-elles à conclure à la culpabilité d'Isabeau ? Certainement non. D'autant que son péché supposé aurait été d'une gravité extrême. En effet, les théologiens médiévaux assimilent les relations sexuelles

entre beau-frère et belle-soeur à un inceste, dont le "Ménagier de Paris" fait la "quinte branche de luxure" : "Quand homme ou femme a affaire charnellement à sa cousine, ou qu'elle soit de son lignage, soit loin ou près, ou à sa mère ou à celle qui est du lignage de sa femme, ou la femme a affaire à celui du lignage de son mari."

Or, aux yeux de l'Eglise, l'inceste - comme la

sodomie ou la zoophilie - est passible de la corde ou du bûcher. Encore faudrait-il ajouter dans ce cas le crime de "rapt d'honneur" commis par un vassal sur l'épouse de son suzerain, et celui de lèse-majesté que constituerait le commerce illicite avec une princesse ointe et sacrée. Replacée dans le contexte du temps, une liaison charnelle entre Isabeau de Bavière et le frère de Charles VI

apparaît donc des plus improbables. Sans compter qu'elle aurait été matériellement bien malaisée. Une reine de France, sans cesse entourée de ses dames et de ses servantes, ne reste jamais seule, même la nuit. Ainsi, en 1416, les comptes d'Isabeau mentionnent l'achat de "deux quartiers de serge vermeille [et] dix livres de plumes appelées fleurin [...] pour servir à coucher dessus les

femmes qui veillent de nuit devers icelle dame." ... [...] + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          70

Sarah Barukh
Sarah Barukh

Le monde était certes plus menaçant qu'encourageant et il y avait plus de manières de mourir que de vivre.

Sebastian Meschenmoser
Sebastian Meschenmoser

" Mais pour sortir vainqueur des combats les plus nombreux et les plus dangereux, il faut soi-même avoir l'air menaçant !"

Sebastian Meschenmoser
Sebastian Meschenmoser

Mais pour avoir honneur et gloire,
il faut bien sûr sortir vainqueur
des combats les plus nombreux
et les plus dangereux.
En voilà une bonne idée,
se dit l'écureuil.
Mais pour sortir vainqueur des combats
les plus nombreux et les plus dangereux,
il faut soi-même
avoir l'air menaçant !

Grégoire Courtois
Grégoire Courtois

– Je vais me garer là, sur le bas-côté, avait dit le chauffeur du bus, le chemin est juste à une centaine de mètres, mais si je m’y engage, on risque de s’embourber.
– OK, avait répondu Fred en mettant son sac sur son dos.
Puis se retournant avait lancé :
– Les enfants, on est arrivés ! Je veux que vous mettiez dans les poubelles tous vos déchets et que vous

fassiez bien attention à ne rien oublier. C’est un autre bus qui viendra nous chercher, alors vérifiez bien.
Le bus s’était immobilisé et les clameurs des enfants avaient envahi l’habitacle en une infernale cacophonie qui s’était directement invitée sous le crâne de Sandra Rémy, yeux écarquillés, terrifiée à l’idée que le séjour n’était même pas commencé et

qu’elle éprouvait déjà le furieux désir de hurler et de frapper au hasard l’un de ces petits démons enragés.
Quelques minutes plus tard, le bus s’était éloigné dans un nuage écoeurant de fumée noire, et la petite troupe, sac à dos en place, s’était mise en route sur un chemin de terre qui s’enfonçait dans la forêt.
– Regardez bien autour de vous, les enfants,

avait crié Fred, et dites-nous quand vous reconnaissez une plante ou un animal que nous avons étudié en classe, d’accord ?
La consigne avait eu le pouvoir de faire se dissoudre les rangs à peu près ordonnés de la fragile procession et les enfants avaient commencé à s’égailler en grappes inégales d’un côté ou de l’autre du chemin. La marche s’en était trouvée fortement

ralentie : on s’accroupissait, on s’agenouillait, certains s’allongeaient sur le sol pour observer mousses, lichens, bois mort, scarabées, limaces, dans un bouquet sonore d’exclamations, d’invectives et de questions imprécises posées à un instituteur dont personne n’écoutait jamais les réponses.
– Ça fait quoi quand on écrase un escargot ? avait demandé Enzo à

Lilou.
Elle l’avait regardé avec de grands yeux effrayés avant que son regard ne se pose sur son pied levé, menaçant de s’abattre sur la coquille jeune vif d’un petit escargot. Enzo affichait son traditionnel sourire dont il était difficile de dire s’il était celui d’un enfant dérangé ou exagérément heureux. Toute personne qui avait croisé Enzo l’avait de toute

manière considéré comme un petit garçon inquiétant, même si cela se résumait à un pressentiment désagréable. La violence qui émanait naturellement de chacun de ses gestes et de chacune de ses paroles faisait de lui un danger à éviter. On retrouvait en sa présence des réflexes de survie animaux. Inconsciemment, on cherchait à le fuir et quand par malheur on se retrouvait bloqué en

sa compagnie on craignait qu’à tout moment la situation ne dégénère. La petite Lilou avait éprouvé cet exact sentiment quand Enzo avait lentement abaissé son pied sur l’escargot, en silence, afin que le craquement sinistre de la coquille en train d’éclater se fasse bien entendre. Un sanglot irrépressible était monté dans sa gorge.
– Un escargot écrasé, ça fait une

limace ! avait crié Enzo en riant comme un forcené.
Et il était parti en courant, zigzaguant entre les troncs sur le tapis de feuilles en décomposition. Lilou avait avalé sa salive, repris ses esprits comme tout juste sortie d’un rêve et regardé autour d’elle. À quelques mètres de là, Sandra, la maman de Jade, était pétrifiée. Elle avait visiblement assisté à la scène

sans oser ou pouvoir intervenir. Lilou avait froncé les sourcils, le regard noir, légèrement voilé de larmes, et avait couru à son tour en direction d’un groupe d’amis. Le rire d’Enzo retentissait dans le sous-bois. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Nathalie Bernard
Nathalie Bernard

Tandis que les voix envahissent mon crâne douloureux, je sentis la gorge se serrer. Cette fois, ce n’était pas la boule de colère, mais des larmes, un flot de larmes que je sentais remonter de mon ventre. Bientôt, elles envahirent ma poitrine, menaçant de faire céder le barrage que j’avais installé depuis si longtemps entre ma tête et mon cœur. Je n’avais plus d’arbre auquel

attacher mon esprit qui, affolé, sautait d’une pensée à une autre comme un animal devenu fou.