Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

C'est près de l'eau que j'ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l'intermédiaire d'un rêveur. Si je veux étudier la vie des images de l'eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à la rivière et aux sources de mon pays. Je suis né dans un pays de ruisseaux et de rivières, dans un coin de Champagne vallonnée, dans

le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. La plus belle des demeures serait pour moi au creux d'un vallon, au bord d'une eau vive, dans l'ombre courte des saules et des osières.

Antoine Böhm
Antoine Böhm

Mao ne croit pas qu’il y ait une situation qui puisse un jour se présenter sous un aspect immuable, rien n’est irréversible; comme l’indique le Livre des mutations, toutes les situations présentent en leur creux une face et son envers, une situation et son changement, une virtualité de renversement et une virtualité de maintien, de conservation.

Albert Caraco
Albert Caraco

Les rares vérités, qui se renferment dans la foi prétendu catholique, nous renvoient à la Gnose, la Gnose est le précis de la misère universelle et de l’absurdité, qui double littéralement son poids de mort. A la lumière de la Gnose, nous redécouvrons dans l’Existentialisme la déréliction et le renfermement : l’homme est abandonné, sans laisser que d’être enchaîné, il

marche seul au milieu de la foule et sous la voûte close de la destinée, proie de la solitude et de la finitude, il se découvre comme n’ayant pas choisi ce qu’il devra subir et sans l’entendre, il était là, rien d’autre, et cette situation il ne pourra la transcender, elle se confond avec son essence. La vérité n’est qu’un puits noir au creux du labyrinthe de nos équivoques.

Colette
Colette

Il y a des jours où la boucherie de Léonore, ses couteaux, sa hachette, ses poumons de bœuf gonflés que le courant d’air irise et balance, roses comme la pulpe du bégonia, me plaisent à l’égal d’une confiserie. Léonore y tranche pour moi un ruban de lard salé qu’elle me tend, transparent, du bout de ses doigts froids. Dans le jardin de la boucherie, Marie Tricotet, qui est

pourtant née le même jour que moi, s’amuse encore à percer d’une épingle des vessies de porc ou de veau non vidées, qu’elle presse sous le pied « pour faire jet d’eau ». Le son affreux de la peau qu’on arrache à la chair fraîche, la rondeur des rognons, fruits bruns dans leur capitonnage immaculé de « panne » rosée, m’émeuvent d’une répugnance compliquée, que je

recherche et que je dissimule. Mais la graisse fine qui demeure au creux du petit sabot fourchu, lorsque le feu fait éclater les pieds du cochon mort, je la mange comme une friandise saine…

Gabriele d'Annunzio
Gabriele d'Annunzio

C’était encore l’heure vespérale que, dans un de ses livres, il avait appelée l’heure du Titien, parce que toutes les choses y resplendissent finalement d’un or très riche, comme les figures nues de cet ouvrier prestigieux, et illuminent le ciel plutôt qu’elles n’en reçoivent la lumière. De sa propre ombre glauque émergeait l’église octogonale que Baldassare Longhena

emprunta au Songe de Polyphile, avec sa coupole, avec ses volutes, avec ses statues, avec ses balustres, étrange et somptueuse comme un temple neptunien imitant les torsions des formes marines, blanche d’une blancheur de nacre, où la diffusion de l’humidité saline semblait créer dans les creux de la pierre une fraîcheur gemmée qui leur donnait l’apparence de valves perlières

entr’ouvertes sur les eaux natales.

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

« Comment se fait-il que tu sois venu ici ? demanda Hannibal au jeune Grec. Je veux dire : pourquoi nous attendais-tu dans la caverne ?

— Oh ! facile ! répondit Chris. Je suis dans mon bateau, et je vois autre bateau vous prendre à l’embarcadère. Alors, je fais le tour de l’île, j’accoste sur la plage. Je me glisse entre les arbres, je vous vois à côté du vieux manège

et je vous entends dire : nous allons visiter la caverne. Moi, je connais un raccourci, j’arrive le premier. Alors, je pense à faire une bonne farce avec le vieux crâne que je connais, là-haut, dans un creux de rocher. Je grimpe, je me cache et je vous attends. »

Cela expliquait tout, mais Bob voulut savoir pourquoi le garçon s’était caché en arrivant dans l’île. Pourquoi

n’était-il pas venu tout de suite leur dire bonjour ?

« À cause du gardien, dit simplement Chris. Ce Tom Farraday, il me chasse toujours ! Tout le monde me chasse ! »

Son aimable sourire avait disparu.

« On raconte des méchantes choses sur moi, reprit-il lentement. Les gens disent que je suis un voleur, parce que mon père et moi nous sommes pauvres, et

pas pareils aux autres. Parce que nous sommes des étrangers. En ville, il y a des gens très méchants.Ils volent des choses, puis ils disent que c’est Chris le Grec qui a fait le coup. Mais ce n’est pas moi ! » + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

Quand M. Calder s’était installé, ils avaient d’abord consacré quelque temps à le mettre à l’épreuve avant de conclure qu’il était inoffensif. Il ne leur avait pas fallu longtemps non plus pour découvrir quelque chose d’autre. Nul, si petit fût-il et quelque précautions qu’il prît, ne pouvait traverser le plateau inaperçu. Deux oreilles fines auraient entendu, deux yeux

couleur d’ambre auraient vu ; et, immanquablement, Rasselas apparaissait à la porte restée ouverte et interrogeait du regard M. Calder qui répondait :
   - Oui, ce sont les petits Léger et leur sœur. Je les ai vus, moi aussi.
   Et Rasselas repartait d’un pas majestueux s’étendre à l’abri du tas de bois, endroit qu’il avait élu pour y couler ses journées.

   Hormis les enfants, les visiteurs étaient chose rare au cottage. Le facteur y montait en poussant sa bicyclette une fois par jour ; les camionnettes de livraison faisaient leur apparition au jour convenu : le poissonnier le mardi, l’épicier le jeudi, le boucher le vendredi. En été, il arrivait à des promeneurs de couper par-là, sans se rendre compte que le propriétaire du cottage

avait été averti de leur approche, de leur passage et de leur disparition.
   La seule personne à rendre régulièrement visite à M. Calder était M. Behrens, le maître d’école retraité qui vivait dans le creux de la vallée, deux cents mètres environ à la sortie du village de Lamperdown, dans une maison qui autrefois avait été le presbytère. M. Behrens s’occupait de ses

abeilles et vivait en compagnie de sa tante. Avec sa tête inclinée vers l’avant, sa peau brune et ridée, ses yeux qui clignaient sans cesse et son air bourru, il ressemblait à une tortue que l’on aurait tirée prématurément de son sommeil hivernal. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Federico Garcia Lorca
Federico Garcia Lorca

Les chevaux sont de couleur noire .
Noirs les fers des chevaux aussi .
Des taches d'encre et de cire
luisent le long de leurs capes .
S'ils ne pleurent , c'est qu'ils ont
du plomb au lieu de cervelle
et une âme de cuir vernis .
Par les chemins ils s'en viennent .
Groupe nocturne et bossu ,
sur leur passage ils font naître ,

d'obscurs silences de gomme
et des pleurs de sable fin .
Ils vont où bon leur semble ,
cachant au creux de leur tête
une vague astronomie
de pistolets irréels .







Jacques Derrida
Jacques Derrida

La signification ne se forme ainsi qu'au creux de la différance : de la discontinuité et de la discrétion, du détournement et de la réserve de ce qui n'apparaît pas.

Gotthold Ephraim Lessing
Gotthold Ephraim Lessing

Et pourtant, même Homère aurait dû tomber dans ces peintures givrées d'objets physiques? -

J'espère qu'il y a très peu de passages auxquels on peut se référer; et je suis assuré que ces quelques passages, eux aussi, sont d'une nature telle qu'ils confirment plutôt la règle à laquelle ils semblent être une exception.

Il n'en reste pas moins que l'enchaînement

des temps est le domaine du poète, tout comme l'espace est le domaine du peintre.

Amenez deux points éloignés nécessaires dans le temps dans un seul et même tableau, tout comme le P. Mazzuoli a fait le vol des vierges sabines, et la même réconciliation de leurs maris avec leurs proches; ou, comme Titien, toute l'histoire du fils prodigue, sa vie dissolue, sa misère et sa

repentance: c'est le nom d'une intervention du peintre dans le domaine du poète, que le bon goût n'approuvera jamais.

Plusieurs parties ou choses que je dois négliger dans la nature à la fois, si elles doivent produire un tout, doivent être ajoutées au lecteur petit à petit pour lui donner une image de l'ensemble: c'est ce qu'on appelle une intervention du poète dans le

domaine. du peintre, le poète gaspille beaucoup d'imagination sans aucune utilité.

Cependant, tout comme deux voisins bon marché et amicaux ne permettent pas à l'un de prendre de mauvaises libertés dans le domaine le plus intime de l'autre, mais permettent à l'indulgence mutuelle de se prononcer sur les limites extrêmes, que les petites interventions, l'une dans l'autre,

justifient l'autre. La vitesse se voit obligée d'agir par ses circonstances, compensée pacifiquement par les deux parties: la peinture et la poésie aussi.

Dans cet esprit, je ne veux pas dire que dans les grandes peintures historiques, le moment unique est presque toujours quelque peu prolongé, et qu'il n'y a peut-être pas une seule pièce très riche en figures dans laquelle

chaque figure a le mouvement et la position parfaits dans lesquels elle se trouve. le moment de l'acte principal devrait avoir; l'un en a un plus tôt, l'autre un plus tard. C'est cette liberté unique que le maître doit justifier par certaines subtilités de l'agencement, par l'usage ou la suppression de ses personnes, qui leur permet de prendre une part plus ou moins instantanée à ce qui se

passe. Je veux juste faire usage d'une remarque de Herr Mengs surles draperies de Raphaël, ses réflexions sur la beauté et le goût de la peinture. P. 69.. «Toutes les rides», dit-il, «ont leurs causes en lui, que ce soit par leur propre poids ou par le dessin des membres. Parfois, on y voit comme avant; Raphael a même cherché ce sens. On peut voir sur les plis si une jambe ou un bras

était devant ou derrière ce mouvement, si le membre est passé du creux à l'extension ou à la marche, ou s'il s'est allongé et s'accroupit. dans ce cas, réunit deux moments différents en un seul. Car puisque le pied, qui se tient en arrière et avance, est immédiatement suivi par la partie du vêtement qui repose dessus, le vêtement serait alors d'un témoin très raide, c'est

précisément pourquoi il est très inconfortable pour peindre: il n'y a pas de moment dans lequel le vêtement fait dans le moindre pli autre que la position réelle du membre ne l'exige; mais si vous le laissez faire un autre pli, c'est le moment précédent du vêtement et le moment suivant du membre. Quoi qu'il en soit, qui le prendra si au sérieux avec l'artiste qui trouve son avantage à

nous montrer ces deux moments en même temps? Au contraire, qui ne se vantera pas d'avoir eu l'esprit et le cœur de commettre une si légère erreur pour atteindre une plus grande perfection d'expression? pour nous montrer ces deux moments en même temps? Au contraire, qui ne se vantera pas d'avoir eu l'esprit et le cœur de commettre une si légère erreur au point d'atteindre une plus grande

perfection d'expression? pour nous montrer ces deux moments en même temps? Au contraire, qui ne se vantera pas d'avoir eu l'esprit et le cœur de commettre une si légère erreur au point d'atteindre une plus grande perfection d'expression?

Le poète mérite une égale indulgence. Son imitation progressive lui permet en fait de ne toucher qu'un seul côté, une qualité de ses objets

physiques à la fois. Mais si l'heureux agencement de sa langue lui permet de le faire en un seul mot; pourquoi ne devrait-il pas être autorisé à ajouter un deuxième mot de temps en temps? Pourquoi pas un troisième, quand ça rapporte? Ou peut-être même un quatrième? J'ai dit que Homer était un navire à titre d'exemple, soit juste le navire noir, soit le navire creux, ou le navire

rapide, tout au plus le navire noir bien ramé. Pour comprendre de sa manière en général. Ici et là, il y a un endroit où il ajoute la troisième épithète de peinture: Καμπύλα κύκλα, χάλκεα, οκτάκνημαIliad. E. c. 722e, "roues rondes en fer à huit rayons".

Aussi le quatrième: ασπίδα πάντοσε ίσην, καλήν, χαλκείην, εξήλατον Iliad. M. c. 294."un bouclier lisse, beau, effronté, ciselé partout." Qui lui en voudra? Qui ne le remerciera pas pour cette petite opulence

quand il sentira quel effet cela peut avoir dans quelques bons endroits?

Mais je ne veux pas que la justification réelle du poète et du peintre dérive de la parabole ci-dessus de deux voisins amis. Une simple parabole ne prouve ni ne justifie rien. Elle doit plutôt justifier cela: de même que chez le peintre les deux moments différents se côtoient si étroitement et

immédiatement qu'ils peuvent s'appliquer à un seul sans offense; ainsi, ici aussi, chez le poète, les diverses caractéristiques des diverses parties et propriétés de l'espace se succèdent si rapidement dans une brièveté si compacte que nous croyons les entendre toutes à la fois.

Et en cela, dis-je, l'excellente langue d'Homère est d'un grand avantage. Non seulement elle lui

laisse toute liberté possible dans l'accumulation et la composition des épithètes, mais elle a aussi un ordre si favorable pour ces épithètes accumulées que la suspension désavantageuse de leur relation est ainsi corrigée. Les langues modernes font constamment défaut dans une ou plusieurs de ces commodités. Ceux, comme les Français, qui z. E. que

Καμπύλα κύκλα, χάλκεα, οκτάκνημα doivent réécrire: «les roues rondes, qui étaient faites d'Erzt et avaient huit rayons», expriment le sens, mais détruisent le tableau. Pourtant le sens n'est rien ici et la peinture tout; et celui qui n'en a pas fait du poète

le plus vif le bavardage le plus ennuyeux. Un destin qui affectait souvent le bon Homère sous la plume de la consciencieuse Frau Dacier. Notre langue allemande, par contre, peut généralement transformer les épithètes homériques en épithètes également courtes de même validité, mais elle ne peut pas imiter l'ordre avantageux du grec. Nous disons «le rond, effronté, à huit rayons» - -

mais les roues traînent derrière elles. Qui n'a pas le sentiment que trois prédicats différents, avant de faire l'expérience du sujet, ne peuvent faire qu'une image très instable et confuse? Le Grec relie le sujet au premier prédicat et laisse les autres suivre; il dit: "roues rondes, d'airain, à huit branches". De cette façon, nous savons de quoi il parle et, conformément à l'ordre

naturel de la pensée, nous nous familiarisons d'abord avec la chose et ensuite avec ses contingences. Notre langue n'a pas cet avantage. Ou devrais-je dire qu'elle l'a et peut rarement l'utiliser sans ambiguïté? Les deux sont un. Parce que si nous voulons mettre des adjectifs après, ils doivent être dans le statu absoluto; il faut dire: roues rondes, d'airain et à huit branches. Dans cet

état seul, nos adjectifs sont complètement d'accord avec les adverbes, et s'ils sont traînés comme tels vers le prochain verbe prédit par la chose, ils doivent souvent provoquer un sens complètement faux, mais toujours très louche. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00