Frank Andriat
Frank Andriat

Lors d’un interrogatoire, il suffit de se montrer patient et d’attendre, de poser les bonnes questions, de demeurer à l’affût du détail qui installe un grain de sable dans les rouages. Mathieu Hapart vient de commettre l’erreur que j’attendais et, visiblement, il n’en a pas conscience.

Michel Chion
Michel Chion

...
Il y a des gens qui sont des athées de la religion, mais qui sont bouleversés par le : « Journal d'un curé de campagne » de Bresson ou par « L’Évangile selon saint Mathieu » de Pasolini. Nous, qui écrivons ce livre, sommes un athée de la nature ; nous croyons que ce n'est pas quelqu'un à qui on puisse parler ou poser des questions, que la nature ce n'est personne, et que la

question de savoir si elle est une ou double n'a pas de sens — et cependant, le film, notamment la fin, nous émeut jusqu'au fond de l'âme par la manière dont il montre le monde, la beauté des plantes, du ciel et du soleil, et surtout de la vie.
A-t-on observé que les trois derniers plans de « La Ligne rouge » montrent dans des plans séparés, unis par une même émotion, trois

stades de la vie : le stade humain, le stade animal, le stade végétal. Un ordre censé être décroissant, régressif dans l'échelle de l'évolution, mais finissant sur la beauté.
Dans le roman de James Jones, et dans la réalité historique dont ce roman témoigne, nous savons que la nature de Guadalcanal était beaucoup plus hostile et beaucoup moins luxuriante, moins éclatante de

beauté que pour le spectateur de la Ligne Rouge. Mais pourquoi pas ? Malick peut s'attribuer les propos qu'il prête à Witt, dans le dernier monologue :

— Oh, my soul, / Let me be in you now. / Look out through my eyes, / Look out at the things you made. / All things shining. —

Sa nature est belle parce que vue belle.

Une amie qui nous était chère, et

qui avait vécu petite fille au Vietnam les horreurs de la guerre (seule — sa mère morte et son père prisonnier — elle avait erré dans les forêts hostiles, se nourrissant de racines et se protégeant des soldats japonais rendus fous par la guerre), nous disait que le seul film, selon elle, qui disait la vérité sur la nature était le « Délivrance » de John Boorman, dans lequel elle

n'humanise pas les hommes. Cette amie n'est plus là, mais nous pensons qu'elle aurait tout de même aimé le film de Malick.
Car ce film ne prend pas prétexte des images et des sons, ni de l'histoire et de la souffrance charnelle et spirituelle, des sensations et des couleurs, des cris et des silences, pour fuir les mots ou pour diluer le sens de ceux-ci dans un grand mélange ambigu. Les

mots chez Malick ne renoncent jamais à interroger et à dire ; ils avancent jusqu'au bout ou presque, comme un très bateau aux lignes pures.
C'est à cause du langage, probablement, que nous avons l'impression de faire partie du monde sans en faire partie : le langage permet de bénir le monde, de glorifier son état mais dans le même mouvement il nous en exile, parce que nous sommes

seuls à l'avoir. C'est cela aussi le paradis terrestre perdu : se sentir étranger au monde que l'on admire, parce qu'on a les mots.
Le cinéma est la « moving box » qui permet d'enfermer des gens et des choses, des êtres, qui n'ont peut-être rien à voir ( « What are you to me ? ») , à commencer par des mots avec des sensations. Dans les mains de Terrence Malick, cette boîte

devient magique. La beauté des choses, tressée avec la beauté des voix et des mots., redevient vivante et humaine. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          31

La Bible
La Bible

Pour vous, ne vous faites pas appeler Maître : car vous n'avez qu'un seul maître et vous êtes tous frères. N'appelez personne sur la terre votre Père : Car vous n'en avez qu'un seul, le Père céleste. Ne vous faites pas non plus appelez Docteur : car vous n'avez qu'un seul Docteur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ; quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque

s'abaissera sera élevé.

Mathieu 23 :8

La Bible
La Bible

Tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements, dépendent toute la Loi et les prophètes.

Mathieu 22: 37

Sidi Larbi Cherkaoui
Sidi Larbi Cherkaoui

“Vouloir toujours plus, acquérir des objets, constamment prendre… voilà la tendance de l'être humain sur la planète en ce moment”
Interview Télérama. fr Belinda Mathieu le 1er juin 2017

Serge Bilé
Serge Bilé

Elle est noire.
Elle est amoureuse d’un Blanc. Elle s’est enfuie avec ce dernier pour échapper à sa condition. Elle est donc forcément coupable de l’incendie. La cour confirme la condamnation à mort, mais en atténue certains points. L’accusée n’aura pas le poing coupé préalablement. Elle sera pendue puis étranglée, avant d’être brûlée. La cour confirme qu’elle

devra au préalable être torturée « pour avoir par sa bouche révélation » de ses complices. Les juges ont choisi, pour lui arracher des aveux, de la soumettre aux brodequins. Cette torture est pratiquée en France et dans ses colonies jusqu’en 1780 pour arracher des aveux. Inscrite dans le système judiciaire du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, elle est destinée à broyer la partie

inférieure des jambes. Souvent, les os éclatent. Le supplice est tellement insupportable que les personnes qui la subissent préfèrent le plus souvent, pour faire cesser les souffrances, avouer rapidement, même quand elles sont innocentes des crimes dont elles sont accusées.[…] Mathieu Léveillé est chargé de torturer la condamnée à mort dans une salle de la prison de Montréal. Il doit

appliquer la sentence de bout en bout sans faillir et sans protester. Jusque là, il était resté à l’écart du procès de Marie-Josèphe-Angélique. Pour la première fois de sa jeune carrière de bourreau, il va torturer et exécuter pour de vrai. On ne lui demande pas son avis.
On lui demande de tourmenter une jeune femme qui a la même couleur de peau que lui. Qui est esclave comme

lui.
A-t-il eu pitié d’elle ? Se sont-ils regardés ? Cette scène a dû être d’une insoutenable émotion pour Mathieu et d’une insupportable souffrance pour Marie-Josèphe-Angélique. A quoi pense le bourreau ? Quels sentiments l’animent ? Se sent-il solidaire de cette femme qui aurait pu être sa sœur ? Est-il au contraire indifférent à son drame parce qu’elle lui rappelle

sa propre douleur voire sa déchéance ? On n’en saura jamais rien. On ne peut qu’imaginer et se perdre en conjectures. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          185

Mathieu Menegaux
Mathieu Menegaux

Il s'agit du premier roman de Mathieu Ménégaux. Je n'avais donc pas d'idées préconçues, ni de véritables attentes pour ce livre.
Là je découvre une histoire qui prend aux tripes dès le début... je veux savoir la suite, je ne peux pas fermer mon livre maintenant... Il me tient en haleine du début jusqu'à la fin. Conclusion, je l'ai rapidement lu.
J'ai pleuré (beaucoup), et

certains passages m'ont fait sourire (petite pointe d'humour chez cet auteur...). On entre facilement dans la peau de cette femme, on la comprend, on s'identifie à elle, à ses doutes, ses angoisses, ses craintes...
Mais que fait-elle en prison?
Conclusion: un premier roman, une intrigue bien menée, bien écrite, simple d’accès, qui se laisse facilement dévorer.