Ted Cruz
Ted Cruz

Freedom means free speech, not politically correct safe spaces. Freedom means religious freedom, whether you are Christian, Jew, Muslim, or atheist. Whether you are gay, or straight, the Bill of Rights protects the rights of all of us to live according to our conscience. Freedom means the right to keep and bear arms, and to protect your family. Freedom means that every human life is precious and

must be protected. Freedom means Supreme Court Justices who don't dictate policy, but instead follow the Constitution. And, freedom means recognizing that our Constitution allows states to choose policies that reflect local values. Colorado might decide something different than Texas. New York different than Iowa. That's the way it's supposed to be, diversity. If not, what's the point of having

states to begin with?

Allen Ginsberg
Allen Ginsberg

J'ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus,
se traînant à l'aube dans les rues nègres à la recherche d'une furieuse piqûre,
initiés à tête d'ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
qui pauvreté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent debout

en fumant dans l'obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz,
qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges d'Islam titubant illuminés sur les toits des taudis,
qui ont passé à travers des universités avec des yeux adieux froids hallucinant l'Arkansas et des tragédies à la

Blake parmi les érudits de la guerre,
qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publication d'odes obscènes sur les fenêtres du crène,
qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas rasés brûlant leur argent dans des corbeilles à papier et écoutant la Terreur à travers le mur,
qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant de

Laredo avec une ceinture de marihuana pour New-York,
qui mangèrent du feu dans des hôtels à peinture ou burent de la térébenthine dans Paradise Alley, la mort, ou !eurs torses purgatoirés nuit après nuit, avec des rêves, avec de la drogue, avec des cauchemars qui marchent, l'alcool la queue les baises sans fin, incomparables rues aveugles de nuage frémissant et d'éclair dans

l'esprit bondissant vers les pôles du Canada,
,qui s'enchaînèrent pleins de benzédrine sur les rames de métro pour le voyage sans fin de Battery au Bronx jusqu'à ce que le bruit des roues et des enfants les firent redescendre tremblants
qui errèrent et errèrent en tournant à minuit dans la cour du chemin de fer en se demandant où aller, et s'en allèrent sans laisser de

coeurs brisés,
qui allumèrent des cigarettes dans des wagons à bestiaux wagons à bestiaux wagons à bestiaux cahotant à travers neige vers des fermes désolées dans la nuit de grand-père,
qui au Kansas étudièrent Plotin Poe Saint Jean de la Croix la télépathie et la cabale hep parce que le Cosmos vibrait instinctivement à leurs pieds, qui se sont esseulés le long des rues

de l'idaho, cherchant des anges indiens visionnaires, qui ont pensé qu'ils étaient seulement fous quand Baitimore luisait en extase surnaturelle,
qui ont sauté dans des limousines avec les Chinois de l'Oklahoma sous l'impulsion de la pluie de minuit
qui flénèrent affamés et tout seuls dans Houston cherchant du jazz sexe, soupe, suivirent l'Espagnol brillant pour converser au

sujet de l'Amérique et de l'Eternité, tèche sans espoir, et ainsi embarquèrent pour l'Afrique,qui disparurent à l'intérieur des volcans mexicains ne laissant derrière eux que l'ombre des blue-jeans et la lave et la cendre de poésie éparpillée dans la cheminée de Chicago,
qui réapparurent sur la Côte Ouest enquêtant sur le F.B.l. en barbe et en culottes courtes avec de grands

yeux de pacifistes sensuels dans leur peau sombre, distribuant des tracts incompréhensibles
qui hurlèrent à genoux dans le métro et furent traînés du toit en agitant génitoires et manuscrits,
qui se laissèrent enculer par des saints motocyclistes et hurlèrent de joie,
qui sucèrent et furent sucés par ces séraphins humains, les marins, caresses d'amour atlantique et

caraïbe,
qui baisèrent le matin et le soir dans les roseraies et sur le gazon des jardins publics et des cimetières répandant leur semence à qui que ce soit jouisse qui pourra, que secouèrent des hoquets Interminables en essayant de rigoler mais qui se retrouvèrent en sanglots derrière la paroi du Bain Turc quand l'ange nu et blond vint les. percer avec une épée,
qui

perdirent leurs boys d'amour à trois vieilles mégères du destin la mégère borgne du dollar hétérosexuel la mégère borgne qui cligne de l'oeil dans la matrice et la mégère borgne qui ne fait rien d'autre de rester assise sur son cul et de couper les fils d'or intellectuels du métier à tisser de l'artisan,
qui copulèrent en extase et insatiables avec une bouteille de bière une

fiancée un paquet de cigarettes une bougie et tombèrent du lit et continuèrent le long du plancher et dans le couloir et s'arrêtèrent au mur évanouis avec une vision de vagin et de jouissance suprême éludant la dernière éjaculation de conscience.
qui sucèrent le con d'un million de filles tremblantes dans le soleil couchant, et ils avaient leurs yeux rouges au matin mais prêts à

sucer le con du soleil levant, étincelant des fesses dans les granges et nus dans le lac,
qui sortirent draguer à travers le Colorado dans des myrlades de voitures de nuit volées, NC héros secret de ces poèmes-cl, baiseur et Adonis de Denver - joie à sa mémoire d'innombrables balsages de filles dans des terrains vagues et dans la cour des restaurants, dans les rangées boiteuses de

cinémas, au sommet des montagnes dans des caves ou avec des serveuses maigres dans des soulèvements familiers de combinaison solitaire au bord de la route et joie spécialement aux solipsismes et aux Toilettes secrètes des stations-service et aussi dans les ruelles de la ville natale et qui se dissolvêrent dans de vastes cinémas sordides, furent tranférês en rêve et se réveillèrent sur

un brusque Manhattan. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          180

Philippe Thirault
Philippe Thirault

Le Colorado : il y avait plus de vaches que d'habitants. A croire que ça poussait dans les champs ces machins-là !

Serge Bramly
Serge Bramly


Découvrez un extrait d'Orchidée fixe :

Une prodigieuse envie de fuir, dès la première seconde. Il se sentait en prison alors qu’aucune porte ne fermait à clef, que les petites portes latérales ne possédaient même pas de serrure.

La promiscuité l’oppressait : ces femmes, ces hommes étendus à touche-touche, certains tout habillés sous la fine

couverture. Il ne dormait pas. Il y avait des enfants, des bébés, peu par bonheur, et installés loin de lui, derrière des remparts de bagages, mais l’un d’eux, que sa mère berçait en marchant de long en large comme une somnambule, pleurait avec véhémence.

Tels des rats... La phrase le rongeait, lui remettant en mémoire les jeunes gens menottés, ce couple qu’avaient

arrêté les gendarmes. Où les a-t-on conduits ? se demandait Duchamp. Que va-t-on leur faire ? Il était difficile de ne pas y songer (quel sera leur sort ?), de ne pas éprouver cette culpabilité particulière que donne l’impuissance, de ne pas être assailli de doutes, de ne pas remettre ses propres choix en question.

Les heures passant, cela tournait au cauchemar. Tels des rats

: il se figurait un troupeau de rongeurs dans des ténèbres d’égout.

Des ronflements s’élevaient. Le bébé hurlait. Le vent sifflait sous la voûte.

De cette mauvaise nuit, il devait garder au réveil, dans la pâleur vaporeuse du matin, un arrière-goût d’incerti­tude et presque d’échec personnel.

Quel âge avait mon grand-père en 1942 ?


Il disait tenir les faits de Marcel Duchamp lui-même autant que de son propre père, mon arrière-grand-père Zafrani, et si je buvais ses paroles sur le moment, je me demande avec le recul, aujourd’hui que je reconstitue cette partie de l’histoire, de notre histoire, de mon histoire, pour la coucher noir sur blanc, comment il pouvait se rappeler pareils détails, comment il pouvait

connaître les sentiments intimes de Duchamp et les décrire avec un tel luxe de précision, soixante-dix ans plus tard. Il n’en avait jamais fait mention jusque-là. A la maison, personne n’avait jamais parlé de Marcel Duchamp avant que ne nous parvînt d’Amérique la lettre du professeur Tobie Vidal. Marcel Duchamp, je savais à peine qui c’était : un artiste iconoclaste (n’avait-il

pas affublé La Joconde de moustaches ?) qu’il était chic de citer à la fac.

Ma mère ouvrait de grands yeux. Enfoncé dans son fauteuil habituel, dos à la fenêtre, mon grand-père débitait son récit avec l’aplomb de ses quatre-vingt-dix ans, alors qu’il brodait sur la trame ténue de souvenirs dont beaucoup, probablement, n’étaient que les vestiges d’impressions que

lui avait communiquées son père. Avocat à la retraite, ancien ténor du barreau, il avait toujours été bon orateur, bon conteur, et il voulait se montrer à la hauteur de sa réputation.

Le professeur Vidal, ainsi que nous l’appelions alors, avait traversé l’Atlantique et la Méditerranée dans le seul but de lui poser des questions ; il prenait des notes dans un cahier vert

à spirale, l’air aussi concentré que s’il interviewait le premier ministre ; il était descendu au Dan, un cinq étoiles les pieds dans l’eau comme disent les dépliants publicitaires ; il appartenait à la prestigieuse Université du Colorado et avait à son actif quantité d’articles et d’ouvrages sur l’art du xxe siècle ; il allait illustrer le nom des Zafrani dans une

publication savante ; alors mon grand-père désirait lui en donner pour son argent, quitte à inventer un peu, je suppose.

Pour sa part, ai-je découvert depuis, Marcel Duchamp ne parlait guère de lui-même. Il avait sûrement ses raisons. C’était son caractère, sa philosophie. Il disait : Il faut prendre les moments difficiles le plus doucement possible.

L’humeur

égale, tous ses amis en conviennent dans les textes que j’ai lus. Personne n’a jamais entendu Duchamp s’api­toyer sur son sort, même dans les périodes de dèche, lorsqu’il se nourrissait de miettes, même malade ; pas une plainte, par exemple, lorsqu’il s’est fait opérer de la prostate dans les dernières années de sa vie : le patient idéal ; d’ailleurs il aurait rendu son

dernier souffle en lisant aux toilettes quelque loufoquerie d’Alphonse Allais : allègre jusqu’à l’instant du grand départ. Sur la plupart des photos de lui que j’ai pu voir, il affiche un visage lisse, imperméable, empreint d’une légèreté caustique parfaitement contrôlée. Ses angoisses, ses regrets, s’il en avait, Duchamp les gardait pour lui et je doute qu’il eût jamais

ouvert son cœur à mon arrière-grand-père Zafrani, et à plus forte raison à son jeune fils, quelque sympathie qu’il eût éprouvé à leur égard.

Malicieux, l’humeur égale, je dois en tenir compte dans la version que j’élabore à présent grâce à la masse d’informa­tions que j’ai réunie au cours des derniers mois, d’abord à Beth-Ariela, la grande bibliothèque

municipale du boulevard Shaul-Hamelech, puis à l’Helena Rubinstein Art Library, un département du musée voisin, et enfin dans des bibliothèques universitaires lorsque mes recherches sont devenues plus pointues.

Regardez-le : c’est le matin, il rase les quatre poils qui lui ombrent le visage, maigre et pâle dans son maillot de corps, près des lavabos extérieurs. Le miroir est

accroché à un clou. Il s’enduit les joues de savon, dévisse posément son rasoir. Il a acheté à Genève, quelques semaines plus tôt, une machine Siemens pour aiguiser les lames. Il en a même acheté deux, la seconde à l’intention de son ami Henri-Pierre Roché, réfugié dans la Drôme : il la lui a envoyée par la poste peu avant son départ de Marseille. On glisse dans la fente la

lame émoussée, puis on tourne la manivelle et l’acier retrouve son tranchant. C’est magique. La machine fait à chaque fois son effet. Les hommes s’extasient, car en France où l’occupant accapare l’acier les lames ne se trouvent qu’au marché noir. On l’observe faire, l’œil brillant, et j’imagine que Duchamp prête volontiers l’ingénieux appareil autour de lui, ne

serait-ce que pour éviter d’engager une conversation oiseuse, et que la machine passe ainsi de mains en mains tandis qu’il achève sa toilette.

Ce jour-là, à en croire mon grand-père, il n’a rien fait d’autre que bâiller aux corneilles et se promener sous les arbres poussiéreux du camp. C’est le lendemain, d’après lui, le lendemain seulement, que Duchamp a découvert

l’Éden.

Le professeur Vidal a noté la date sur une nouvelle page de son cahier : samedi 23 mai 1942. Puis il a inscrit au milieu de la ligne suivante, en lettres capitales, comme un titre de chapitre : L’EDEN. Ecriture régulière, jolies mains. Des doigts comme on en prête aux pianistes. Grands ongles coupés ras. Les veines saillantes, ai-je remarqué, les articulations

striées de plis craquelés, de taille décroissante, tels des ronds dans l’eau. Ni bague ni alliance. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          80

Adriana Lisboa
Adriana Lisboa

Je regardais l’atlas. Le nom de Colorado me plut. C’était un état rectangulaire bordé par d’autres Etats rectangulaires.

Ron Stallworth
Ron Stallworth

Au feu rouge d'un carrefour, un Noir qui tenait par la main son fils de cinq ans, s'est arrêté à la hauteur d'O'Dell. L'enfant a dévisagé Ken, l'air intrigué. Il a demandé à son père : "Papa, pourquoi il porte des vêtements bizarres, le monsieur ?" Quand le père a répondu "C'est juste un clown, fiston", je me suis esclaffé avec les autres badauds. (...)
L'échange dont je venais

d'être témoin était révélateur. L'époque changeait. Avant, il aurait fallu être un Noir sacrément téméraire pour oser traiter de "clown" un membre du Klan en robe. Un acte de défi, entre inconscience et stupidité, qui pouvait valoir la condamnation à mort. Mais, en 1978, à Colorado Springs, une telle audace était devenue possible.