Edward Albee
Edward Albee

Martha : Je ne te vois même pas... Ça fait des années que je ne te vois pas...
George : ... essaie de ne pas t’évanouir, de ne pas vomir ou de...
Martha : ... t’es un zéro, t’es un nul...
George : ... et, surtout, essaie de rester habillée. Il n’y a rien de plus écœurant que de te voir avec un verre de trop dans le nez et jupe par-dessus tête...
Martha

:...un nul...
George: ... par-dessus les têtes, serait plus juste...

Erich Kästner
Erich Kästner

Et en l'an 1933 mes livres furent brûlés en grande pompe funèbre sur la place de Berlin près de l'opéra, par un certain monsieur Goebbels . Le nom de 24 écrivains allemands , qui devaient être à jamais symboliquement effacés , furent par lui triomphalement proclamés . J'étais le seul des 24 qui me fus personnellement déplacé pour assister à cette mise en scène éhontée . Je me

trouvais près de l'université , coincé entre des étudiants en uniforme de SA , la fleur de la nation , et là , je vis nos ouvrages s'envoler vers les flammes étincelantes et j'entendis des tirades prétentieuses du nabot hypocrite et menteur . Un temps d'enterrement régnait sur la ville .
La tête brisée d'un buste de Magnus Hirschfeld avait été fichée sur une longue perche qui

se balançait de droite et de gauche dans les airs , au-dessus de la foule muette . C'était écœurant . Soudain , une voix de femme retentit : " Mais c'est kästner ! , il est là ! " c'était une jeune artiste de cabaret qui en se faufilant dans la foule avec un collègue et en m'apercevant là , n'avait pu retenir cette expression de surprise . Je me sentis extrêmement mal à l'aise ; mais il

ne se passa rien ( et pourtant à cette époque , il s'en passait des choses ) . Les livres continuaient à voler vers les flammes . Les tirades du nabot hypocrite et menteur résonnaient toujours . Et les visages de la garde brune des étudiants , avec leur jugulaire sous le menton , ne s'étaient pas détournés . Ils regardaient toujours en direction des flammes et du petit démon gesticulant

et psalmodiant . Au cours des années suivantes , je ne vis plus mes livres en public , que les rares fois où je me trouvais à l'étranger . A Copenhague , à Zurich , à Londres . C'est un sentiment extraordinaire que d'être un auteur interdit et de ne plus voir ses livres sur les étagères des bibliothèques où dans les vitrines des librairies . dans aucunes villes de mon pays natal . Pas

même dans la ville où j'étais né . Pas même à Noël , lorsque les allemands courent les rues enneigées à la recherche de cadeaux . + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          263

Alan Dean Foster
Alan Dean Foster

Convulsivement, le petit crâne dentelé se tortillait pour s'extraire de sa cache. Brusquement, il sembla éperonner, jaillir du torse en lambeaux de Kane. La tête et le cou étaient reliés à un épais corps couvert de la même peau visqueuse. De petits bras et jambes armés de griffes le propulsèrent vers l'extérieur à une vitesse ahurissante. Il atterrit sans façons sur la table, au

milieu des plats et de la nourriture, entraînant dans sa sortie des morceaux d'entrailles de Kane. Le sang forma un sillage écœurant derrière lui.

Joe R. Lansdale
Joe R. Lansdale

Au-dessus d’elle, une tache sur le papier peint d’un beige uni écœurant attira notre attention. Elle dessinait un visage qui me sembla familier, constellé d’éclaboussures plus foncées :
- Le Saint Suaire de Turin… ou plutôt de LaBorde, Texas, murmura Leonard.
- Un jour, j’ai lu un truc sur une gonzesse mexicaine qui a vu le visage de Jésus-Christ sur une tortilla,

dis-je, mais je pense que ça, c’est encore plus fort !
- J’sais pas, grogna Leonard. Quand t’en as marre d’le regarder, tu peux pas le bouffer, à la différence de la tortilla.

Alexandre Vialatte
Alexandre Vialatte

Qui ça, mon lyrisme ? Un raté…



Extrait 3

C’est faux que c’en est écœurant !
– Vide-toi des littératures,
Deviens pareille à la nature,
Sois par l’âme, dit l’Écriture,
Semblable à de petits enfants.

Quand un orgue de Barbarie
Moud la complainte des faubourgs,
Si tu te sens en nostalgie,
En

mal d’espoir, en mal d’amour,

Purge-toi de toute élégie,
Viens promener ton cœur sensible
Là où le sage attend la mort
En fumant une pipe d’or
À l’ombre d’un bambou flexible