Michel Floquet
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Nous sommes le 29 décembre 1890. Il fait un froid terrible. A l'emplacement du parking et des étals, le camp des Sioux. Ils sont 350 environ, dont une centaine d'hommes, pas davantage. Leur chef s'appelle Big Foot. La région est troublée depuis plusieurs mois. Même si Big Foot et sa bande n'ont rien de particulier à se reprocher, la veille, le 28, ils ont reçu l'ordre du major Whitside du

7è de cavalerie d'établir leur campement à cet endroit. Le 29, la centaine de guerriers doit remettre ses armes aux soldats.
Big Foot a accepté. Il sait, en vieux chef résigné, que le vent de l'histoire souffle désormais contre son peuple. Il a fait hisser un drapeau blanc au centre du campement.
Dès les premières heures du jour, la remise des armes commence. Des vieux

fusils. On ne peut exclure que les Indiens essayent d'en dissimuler quelques-uns. L'affaire ne va pas assez vite au goût des militaires qui s'énervent, fouillent les tentes, les renversent, saccagent tout ce qui s'y trouve. L'exaspération monte chez les Indiens et l'un deux, un jeune homme isolé dont l'histoire n'a pas retenu le nom, sort un revolver et abat un soldat.
La suite, chacun

la connaît. Là où aujourd'hui se dressent une église et son cimetière, le colonel Forsyth, qui commande les opérations, a placé quatre mitrailleuses Hotchkiss.
C'est le carnage. Le campement est haché menu. Des hommes, des femmes, des enfants et quelques soldats aussi, qui tombent sous les balles de leurs camarades. Ce pourrait n'être qu'un immense gâchis, un de plus. Mais ce

jour-là, la fureur va plus loin. Aveuglés par la haine et la peur, les soldats poursuivent les survivants. On retrouvera leurs corps, des femmes et des enfants, dans un rayon d'un mile, un kilomètre et demi. Extirpés des fourrés où ils s'étaient cachés pour être achevés.
Sur la colline d'où les mitrailleuses ont tiré, l'armée creuse une fosse commune et jette là environ 350

corps - personne ne sait exactement combien.
Aujourd'hui, le site est à vendre. Son propriétaire, un visage pâle, en réclame plusieurs millions de dollars, trois ou quatre, pour quelques dizaines d'hectares. Il est convaincu qu'il y a là de quoi réaliser un projet touristique très profitable. Il a peu de succès car, à la vérité, tout le monde s'en moque.
Quelques semaines

après le massacre, en 1891, le gouvernement fédéral proclamera officiellement la fin de la "frontière". La conquête est achevée. C'en est fini d'une certaine Amérique, des grands espaces et des dernières populations indiennes libres.

Le massacre de Wounded Knee. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          180

Michel Floquet
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Vivre dans une exurb, c'est vivre en voiture. Les maisons y ont couramment trois ou quatre garages. Le propre de l'exurb, c'est qu'il n'y a pratiquement rien autour. Pas d'école, pas de magasin, pas de travail.
D'une certaine façon, pas de voisins non plus. Ou plutôt seulement les voisins qu'on s'est choisis. Chaque lotissement est un cul-de-sac.

Michel Floquet
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L'Amérique est une société décomplexée vis-à-vis de l'argent. Dans ce pays, on est fier de son salaire, s'il est bon bien sûr. On le divulgue, on en parle aux voisins, aux amis, à la famille. On compare. On donne le prix de tout, de sa voiture, de ses vacances, de sa maison ou de son divorce. C'est à qui alignera les plus gros chiffres. Il y a quelques mois, la banque Morgan Stanley a

demandé à ses épargnants ce qu'ils voulaient privilégier dans leurs investissements, du profit ou de l'impact social. A 55%, c'est le profit et lui seul; 35% veulent tenter d'équilibrer, de partager, entre profit et impact social. Bref, de mettre un peu de morale dans la finance.

Michel Floquet
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"A partir du recensement de 2010, le New York Times publie début 2015 une enquête sidérante. Elle s'intitule "1,5 Million missing Black Men", il manque 1,5 million d'hommes noirs. On y découvre que pour 100 femmes noires non emprisonnées, il n'a que 83 hommes noirs en liberté. Dans la population blanche, la proportion est de 99 hommes pour 100 femmes. En extrapolant ce chiffre, le journal en

conclut qu'il "manque" chaque jour dans la vie quotidienne, 1,5 millions d'hommes noirs. Où sont-ils? En prison, ou morts prématurément, par homicide la plupart du temps." (P. 126-127)

Michel Floquet
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"Dans un récent sondage, il était demandé à un panel de jeunes adultes ce qui, sans l'ombre d'un doute, peut mettre un terme à une relation dès le premier "date", le premier dîner en tête à tête. L'incident le plus grave, à une large majorité, c'est que la carte de crédit de l'autre soit refusée..." (P. 20)

Michel Floquet
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A propos de la surconsommation :
"Aux Etats-Unis, vivent 3,1% des enfants de la planète, mais les familles américaines achètent plus de 40% de la production mondiale de jouets." (P. 15)

Michel Floquet
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Dans une récente enquête, le Pew Institute demandait aux Européens et aux Américains ce qui pour eux était le plus important: la liberté de poursuivre ses propres objectifs dans la vie sans interférence de l'Etat ou bien l'assurance que l'Etat ne laisserait personne dans le besoin. Aux Etats-Unis 58% des sondés ont choisi la liberté et 35% la lutte contre la misère. En France, 62% des

personnes interrogées ont opté pour le combat contre la pauvreté.

Michel Floquet
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Aujourd'hui, se nourrir correctement aux Etats-Unis reste un défi.

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les premiers contacts ne sont pas forcément mauvais. Les Indiens en tout cas auraient eu mille fois l'occasion d'en finir avec les Blancs. Non seulement ils ne l'ont pas fait, mais ils les ont même aidés, sauvés, à plusieurs reprises. Les Américains sont censés s'en souvenir à chaque Thanksgiving mais, étrangement ce n'est pas cela que leur mémoire collective a retenu. C'est même

l'inverse, qui leur ferait croire que la générosité a été de leur côté...

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Malheur aux pauvres, c'est la vraie devise des Etats-Unis.

Michel Floquet
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Les républicains sont la caricature de l'Amérique. Ils en incarnent les pires clichés. Mais ils n'en ont pas le monopole.

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Cupidité. Voilà le maître mot. De la conquête du continent à la grande crise des subprimes. Des bisons menés au bord de l'extinction jusqu'aux Appalaches qu'on rase.

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On le sait, l'Amérique est un pays malade de ses armes. Plus de 300 millions en circulation. Onze mille morts par an en moyenne. Environ 90.000 blessés.
Depuis 1968, un million de personnes ont été tuées par armes à feu aux Etats-Unis...

Michel Floquet
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Le 11 septembre a rendu l’Amérique paranoïaque. On peut le comprendre, même si c’est certainement là la vraie victoire des terroristes.

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François-René de Chateaubriand lui-même pose à la fin de son Voyage en Amérique la question qui le taraude : "Enfin les Américains sont-ils des hommes parfaits ? [...] L'esprit mercantile ne les dominera-t-il pas ? L'intérêt ne commence-t-il pas à devenir chez eux le défaut national dominant ? "

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Pour extraire ce maudit gaz, il faut utiliser de l'eau, énormément d'eau et des produits chimiques. Cette eau, l'industrie la recycle autant qu'elle peut mais une grande partie n'est pas récupérable. Alors on l'injecte, sous très haute pression, pour s'en débarrasser, dans des couches "étanches" du sous-sol. Et c'est là tout le problème. Depuis que cette technique est employée, les

séismes se multiplient en Oklahoma.

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Cent soixante mille famille environ, qui détiennent à elles seules près du quart de la richesse nationale. Ils forment une couche sociale unique au monde et relativement récente.

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Mais dans un pays où être riche est une vertu, être pauvre est plus qu'un inconvénient, c'est une faute.

Michel Floquet
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Mais qu'est-ce qu'un pauvre aux Etats-Unis et dans la mentalité du pays ? Est-ce une victime qui n'a pas eu de chance ? Faut-il l'aider ? Est-ce un incapable qui n'a pas pu saisir les opportunités et qui n'a finalement que ce qu'il mérite ? Ces questions simples, voire simplistes, qu'on pourrait croire tranchées depuis longtemps, sont de vrais sujets de débat au plus haut niveau.

Michel Floquet
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"Les récits de délation sont légion. Parfois dramatiques, souvent, et c'est le plus sidérant, pour des broutilles. Les plus banals, les plus systématiques concernent l'entretien des jardins. Celui qui ne tond pas sa pelouse verra rapidement arriver la police." (P. 76)