Kun-woong Park
Kun-woong Park

Le « journal de Jessie » est un témoignage de la vie méconnue des patriotes en exil. C'était des gens ordinaires comme vous et moi qui, un beau jour, ont fait le choix de tout quitter pour raviver la flamme de la résistance.
Les protagonistes du livre tremblaient quotidiennement sous les feux ennemis. Ils ont pourtant réussi à élever leur fille dans ce contexte de violence et de

destruction. Le petit bébé incarnait alors l'espoir d'avenir pour la nation. Je suppose que c'est ce qui leur a donné la force de se dépasser.

Tout être humain fait un jour ou l'autre l'expérience de la peur. Mais la terreur devient le quotidien chez certains. Le séjour en Chine de Yang Woojo et de son épouse Choi Sunhwa a été marqué par les bombardements japonais. Il ne

serait pas exagéré d'affirmer que toute l'enfance de Jessie se ramène à ces raids aériens. Le journal à quatre mains relate le chemin de croix du couple et de leur nourrisson avec un réalisme poignant.

L'année 2019 coïncide avec le 100e anniversaire du soulèvement du 1er mars 1919 et de la création de l'état-major provisoire coréen. Ces patriotes ont lutté contre vents et

marées pour l'indépendance nationale. Hélas, nos contemporains ne mesurent pas toujours le poids de leur sacrifice. Habitués au confort et à la liberté, ils ont tendance à oublier l'esprit et la volonté de ceux à qui nous devons notre République démocratique.

L'ouvrage de Park Kun-Woong n'a que plus de valeur dans ce contexte. L'auteur a restitué en images l'une des pages

les plus cruciales de notre histoire. Il a mis en scène la vie du couple et de leur fille aînée dans un graphisme qui n'appartient qu'à lui. Mais, plutôt que de faire une démonstration de sa virtuosité, il s'est attaché à nous rapporter la vie des résistants en exil avec une fidélité absolue. Son œil d'artiste a saisi l'essence de l’œuvre originale avec une acuité et une

sensibilité extraordinaires pour nous faire voyager de Shangaï à Chongqing.

Le livre de Jessie ne s'adresse pas qu'aux lecteurs Coréens. Le combat de ces hommes et femmes contre les barbaries de l'impérialisme mérite d'être connu du plus grand nombre. Leur foi en un monde juste et civilisé a une portée éminemment universelle. Le livre nous rappelle que les indifférents ne

méritent pas la paix.

Kim Ju-Yong
(chercheur à l'Institute of Korean Independence Movement Studies) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          164

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Mon nom ne vous dira sans doute rien, mais j'ai pour mission d'assurer l'ordre et la sécurité dans le département de Changju...Enfin bref...On a reçu l'ordre de vous exécuter aujourd'hui. La faute en incombe aux traitres du nord. Ils sont responsables de vos malheurs.

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Mes feuilles étaient gorgées d'eau de mousson, ce qui les rendait vulnérables à la chaleur. Je devais faire profil bas, en recroquevillant au maximum mon feuillage.

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Jessie savourait l'air printanier à l'heure où nous pleurions la disparition d'un sage.
La vie et la mort se croisait une fois de plus …
Toute naissance renfermait la promesse des adieux.
Les anciens faisaient place à la jeunesse d'une époque à l'autre.
Ce cycle immuable évoquait un escalier de pierres.
Chaque marche construite sur le labeur des générations

précédentes.
Nous nous relayions patiemment pour bâtir le futur, pierre après pierre.
L'édifice représentait le travail d'une vie.
Il portait l'empreinte de notre passage sur Terre.
Un jour ou l'autre … Jessie allait rejoindre la marche.

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Les humains prétendent que la curiosité est un vilain défaut.
On voit bien qu'ils n'ont jamais été un arbre.
La vision du monde est très étriquée lorsqu'on ne grandit que de quelques centimètres par an.
Les créatures dotées de pattent ignorent à quel points l'état statique peut s'avérer usant.
Or tout être vivant se doit de découvrir le vaste monde.

Kun-woong Park
Kun-woong Park

En perdant cette bataille, l’Armée américaine perdit la confiance que le peuple sud-coréen avait placée en elle. Le doute s’installa dans les esprits, cette armée supposée invincible avait essuyé une si cinglante et rapide défaite. Ces soldats américains trop vite élevés au rang de quasi-divinités avaient rapidement retrouvé leur statut d’hommes

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Jusqu’à présent, notre village avait été préservé des malheurs de la guerre… Maintenant, il nous fallait fuir, nous possédions juste de l’orge, de quoi tenir une semaine, tout au plus. C’était là toute notre richesse. Nous pensions que si nous quittions le village, c’était la mort qui nous attendait. Personne ne savait combien la guerre serait affreuse, on l’ignorait…

Personne n’était capable de nous guider ni de nous indiquer un endroit où se réfugier. Personne n’avait la moindre idée de ce qu’était le communisme. Ce n’est qu’après la libération qu’on a sans cesse entendu dire que sous un régime communiste l’égalité était un concept réel. Pas de riche, pas de pauvre. Comme les Nord-coréens étaient en train de gagner la guerre, de

plus en plus de gens pensaient que finalement ce ne serait peut-être pas si terrible de vivre sous un régime communiste

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Soudain, sur la route de Kyung-Bu, j’aperçus une immense marée humaine se déplaçant. C’était un flot ininterrompu d’hommes, de femmes et d’enfants. On eût dit un fleuve de couleur blanche

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Mes chers enfants qui étaient si doux, chaleureux, gentils et pleins de vie. L’odeur du lait maternel émanant de leur petite bouche, leur rire et leurs petits corps si doux… combien de fois ai-je pu frotter mon nez contre leur joue… Ils n’étaient plus là, à nos côtés, nous laissant, ironie du sort, orphelins

Kun-woong Park
Kun-woong Park

"Tu veux y jeter un œil ? " C'est avec ces mots que ma grand-mère m'a tendu pour la première fois le cahier qu'elle gardait précieusement au fond d'un tiroir. Il s'intitulait "journal de Jessie", comme le prénom de ma mère. Commencé à la naissance de celle-ci, le manuscrit racontait au jour le jour la vie de la petite famille.

Kun-woong Park
Kun-woong Park

Des voix se sont élevées, entonnant une chanson de chez nous.
Certains songeaient au chemin parcouru.
D'autres se désolaient de la précarité de leur sort.
Chacun avait ses propres préoccupations.
Mais une même espérance faisait vibrer les voix à l'unisson.
Tendues vers un seul but...
La libération.
Redevenir maîtres chez nous en repoussant

l'envahisseur japonais.
Bien que légitime notre combat n'avait rien d'évident.
Nous endurions la douleur du déracinement dans le but de sauver notre nation.
Cette conviction nous aidait à garder la tête haute en terre étrangère.