Il entre, suivi d'une infirmière. Encore une autre. Genre pruneau d'Agen. Noiraude, desséchée. A faire tremper avant de consommer.
Une petite vieille vient s'asseoir à côté de moi, sur le banc. Si elle savait, elle frémirait.
Moi, je sais. Et je frémis.
Du coin de l'oeil, je l'observe. Elle sort d'un sac en plastique un bouquin dont la couverture en papier bleu porte un numéro. Elle doit être abonnée à la bibliothèque de son quartier.
Ses gestes sont petits, lents, mal synchronisés. Sa tête
agitée d'un léger mouvement latéral, comme si elle disait "non", constamment. Encore une, peut-être, qui refuse son destin, et qui traduit son désaccord par cette dénégation silencieuse sans en avoir conscience.
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Bientôt, tous les médecins dans le monde qui s'occupaient de recherche médicale furent mobilisés pour tenter d'identifier le virus.
Le nombre de victimes s'accrut bientôt de manière hallucinante.
A défaut de vaccin les médecins prélevèrent du sang sur les malades guéris afin d'en tirer un antisérum contenant les anticorps nécessaires et d'en faire une utilisation
thérapeutique.
La méthode se révélait extrêment dangeureuse car le sang des convalescents pouvait contenir un virus vivant.
Les victimes, maintenant, se chiffraient par milliers. En quelques mois, la "grippe" avait fait plusieurs dizaines de millions de victimes.
Entre-temps, un antivirus avait été découvert par un savant allemand. Il empêchait le virus de fabriquer les
protéines nécessaire à sa survie. Celui-ci finissait par mourir d'inanition.
Il croit sans doute que la solution de ses problèmes est au fond de son verre. Il ne la trouve jamais. C'est pourquoi il en vide tant.
D'une minute à l'autre, deux cosmonautes allaient se poser sur Vénus. Deux hommes surentraînés, doués de qualités physiques et mentales au dessus de la moyenne.
Quel incident aurait-il pu compromettre le programme mis au point sur de longues années et qui s'effectuait sans à-coups ainsi qu'en témoignaient les derniers renseignements décodés par les ordinateurs ?
- Ça va ?
J'ai répondu :
- Ça va.
Elle m'a souri et ses yeux brillaient. De joie. Ça ne trompe pas, un regard.
Elle se prépare à monter dans sa chambre, ses livres sous le bras.
- Du travail ?
- Une version latine.
- Si tu as besoin de moi...
Elle acquiesce d'un petit mouvement de tête, et je me sens bien.
La véritable entente, c'est
celle qui peut se passer de phrases. C'est sans doute pour cela que Jeanne parle tout le temps et que je lui réponds.
Les mots remplissent le fossé qui nous sépare.
Pourtant, j'aurais pu l'aimer Jeanne.
Il était médecin par vocation et non par nécessité.
C'est justement pour cela que Saint-Christol avait fort envie de répondre à l'appel au secours, à peine camouflé, de son confrère.
La médecine était sa seule passion. De plus, il en avait assez de soigner des grippes. Il rêvait d'un beau cas, bien compliqué, qui l'empêcherait de dormir, d'un défi jeté à sa science,
d'un combat contre un mal étrange dont il sortirait victorieux.
Ou le cosmonaute russe avait-il contracté son affection virale ? sur la Terre ou sur Vénus ?
Etant donné que le virus isolé était complètement inconnu des savants terriens , l'hypothèse penchait tout naturellement en faveur de Vénus.
- Je faisais allusion à cette petite boule hérissée de pointes que vous venez d'observer. Le virus est dépourvu de moyens de locomotion. Il ne possède pas de sources d'énergie et il ne peut se développer par ses propres moyens. Alors, peut-on dire qu'il vit ?
Le commandant eut un geste d'ignorance.
- Et pourtant, poursuivit le médecin, il contient tous les éléments vitaux.
Comme tout ce qui vit il se reproduit. Cependant, il ne peut le faire tant qu'il n'a pas réquisitionné une cellule. A ce moment-là, il perce un trou dans la paroi de la cellule et injecte son acide nucléique. La cellule, sans défense, se livre pieds et poings liés à son envahisseur, si je puis dire. Celui-ci en profite pour se reproduire à une vitesse folle. La cellule, morte, se rompt et
libère un flot de nouveaux virus. C'est ainsi que ce satané virus et ses milliers de rejetons ont réussi à prendre les commandes des cellules de notre ami sans que celles-ci puissent se défendre.
Dès qu'ils eurent touché le sol de la base, une équipe de spécialistes les prit en charge et les mit en quarantaine.
Ilyoutchine fut immédiatement dirigé vers l'hôpital et isolé.
Jason et Leroy durent subir de nombreux test de santé et une décontamination systématique.
Pendant ce temps, Ilyyouthcine avait repris connaissance. Il souffrait de la tête et sa gorge
douloureuse portait des ulcérations blanchâtres auréolées de rouge. Il faut aussitôt mis sous pénicilline.
L'analyse de son sang montrait un nombre de globules blancs inférieur à la moyenne. Ce qui démentait l'affection microbienne et rendant inefficace l'administration de la pénicilline.
La température continuait de grimper. Elle atteignit trente-neuf degrés cinq dixième
vingt quatres après l'hospitalisation.
Les médecins impuissants, ne purent que conclure à l'attaque d'un virus particulièrement virulent.
Il exprima le désir de revoir sa famille et de mourir sur sa terre natale.
Dans l'avion qui le transportait, le médecin convoyeur dut lui mettre le masque à oxygène.
Ilyoutchine eut tout juste le temps d'apercevoir sa famille à
travers une vitre isolante... + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         10
Saint-Christol avait à peine fini son dessert qu'il éternua de nouveau.
- Je vais vous donner quelque chose pour soigner votre rhume.
Laura sorti de son sac à main une boîte de métal ronde, l'ouvrit et la tendit à Brice.
Celui-ci observa la poudre brune contenue dans la boite.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Du tabac à priser. Je ne connais rien de mieux pour
déboucher le nez.
Vous en mettez une pincée sur le dos de votre main et vous aspirez.
Brice s'exécuta.
- C'est merveilleux ! j'ai le nez complètement débouché.