Si pure
la lumière
éclabousse le monde
M'y fondre
serait vivre
enfin
dans la beauté du rien.
Est-ce bien nous
ce tremblement fragile du ciel
ce rire évanoui ?
Nous sommes brèches, éclats ,
explosions éphémères
Les creux laissés par nos corps
sur la plage
se sont remplis de sable
plus d'une fois
Nos cris ont la fragilité de la craie,
la vitesse du goéland
Nos tendresses sont
torturées
Nos mots s'ėcaillent
Nos rêves n'ont pas toujours le temps
de nous parvenir
Et c'est dans cette incertitude
que nous nous plaisons à vivre.
( "Éclats et brèches")
Hôtel des voyageurs
Hôtel des voyageurs
La fenêtre ouvre sur le ciel
Bleu soleil,
renversant
On y lit le vertige, et la fascination
des blancs bateaux glissant dans la lumière
Dedans est l’espace du cœur,
l’intime centre de la vie,
peut-être le bonheur
Nous habitons cette chambre furtive,
lieu
d’étreintes sans lendemains
Dehors est l’inconnu
L’amour est dérisoire, face à la mer,
souveraine et brutale
avec tous ses pillards
Elle entre en toi,
te déchiquette
La mer,
pourvoyeuse de désespoir
La chambre rétrécit
L’espace du recueillement s’étiole
Jusqu’au petit matin
nous serons sans
mémoire
L’amour est illusoire
Hôtel des voyageurs
De quel voyage sommes-nous ?
Quelle aventure ?
Mésaventure ?
Nos caresses n’empêchent pas l’obscur
qui gagne peu à peu
Je voudrais habiter l’univers,
abolir le dedans, le dehors,
rire aux étoiles
et trouver le point d’orgue
Je n’ai que
cette chambre
Hôtel des voyageurs
Si bleu le jour , dans la mémoire
Si palpitante l'existence
Mais les lumières une à une s'éteignent
Une aube grise a recouvert les souvenirs,
brouillé les pistes
Que faire maintenant ?
N'attends pas le soleil, invente-le
N'attends pas que la vie s'epanouisse
étreins-la
Fais simplement ta part de colibri
avec ténacité
Accueille en toi les lumières du silence
Continue le chemin
même si raboteux
Une source neuve jaillit à chacun de tes pas
Si bleu, le jour dans ce présent
qui est ton île
comme une crête lumineuse
entre deux versants d'ombre
Soleils d'octobre
illuminant le ciel entre deux averses
La vie est douce, et lente, et douloureuse
Le présent bat le rythme
Coeur d'espace et de transparence
La beauté souveraine
rayonne en sa fragilité
Nous n'avons rien à dire
sinon cette caresse de lumière
(" Souffles et songes")
Inspire
L'univers entre en toi avec ses printemps éphémères,
Ses fièvres éblouissantes
Tu respires l'odeur envahissante
du thym sauvage
des souvenirs ramassés sur la plage
Tu bois le lait de vie
(" Fluctuations")
Nuit de Sisyphe,
sans halte, sans recours
Il n’y a pas d’aurore éclatante et fragile
Juste cette fatigue
et l’habitude du naufrage
Mais l’étincelle, la sauvage, la brusque,
nous la portons en nous,
malgré nous,
plus tenace que les désastres
Envole-toi, Sisyphe,
Un feu déjà se
prépare
La nuit, la nuit éclatera
comme une graine prête à de nouveaux départs
Ce leurre du labyrinthe
Ce goût d'amande amère
Ce rêve de vaisseaux
désemparés,
Ne pleure pas,
Ce n'est que vivre
Tant d'énergie,
de songes bleus bâtis en cathédrales
Tant d'envolées ,
( que l'espoir est tenace!)
de ferveur et d'insoumission,
pour simplement se maintenir,
extrême,
dans la fragilité de vivre
Inédits
Ce leurre du labyrinthe
Ce goût d'amande amère
Ce rêve de vaisseaux,
désemparés
Ne pleure pas,
ce n'est que vivre
Tant d'énergie,
de songes bleus bâtis en cathédrales
Tant d'envolées,
(que l'espoir est tenace !)
de ferveur et d'insoumission,
pour simplement se maintenir,
extrême,
dans la fragilité de vivre
Mémoires sans visages
Extrait 7
Vois-tu, je n’ai pas de souvenirs
Je n’ai que cette dure lumière blanche qui découpe sur la mort
des ombres sèches
Cette longue mémoire d’eau morte où s’agitent les algues bleues
de la nuit
Je te parle, je ne sais qui tu es
Tu as pris déjà tant de voix
Tu as pris tant de fois ta
voix de printemps noir
Je t’adresse ces lieux sans visages, ces branches abolies,
ces déserts de paroles
Écoute
J'atteins de nouveau l'instant nul où l'avant et l'après s'anéantissent,
Foudroyés
Des grains de mimosas m'éclaboussent dans l'ombre
Je n'ai rien à t'apprendre
Je ne dure pas
Je ne perpétue que le défi de chaque seconde
Ne dis rien
Le présent est ce plaisir absolu de n'avoir pas de lendemain
Précédé de rien
Suivi de rien
Total
Extrait 2
Nous cherchons ce lieu de vertige où les rumeurs de la vie s’irisent de lumière, ce lieu de nulle part, oiseau fulgurant et avide, étrange et mauve, aux ailes déployées vers l’absence et le rêve.
Chasseurs entêtés de l’ailleurs, nous flottons, îles de solitude au-dessus des
grands fonds où grouillent tant de présences que le regard évite.
Ici, le monde est plein. Le monde craque, éclate, pourrit. Le monde étincelle et jaillit. Ici.
Le silence nous lance le cri des fontaines. Ici. Nous ne l’entendons pas,
insensés que nous sommes, obstinés à ne pas comprendre
qu’il n’y a d’autre ailleurs que ce présent déjà perdu, ce météore éblouissant.
Balbutiement du vivre
sur ces terres abruptes
Parole d’ombre ou de raisins trop mûrs
La mer se fait silence
Le silence soleil
Terres rousses
espérant un grand feu de joie
La vie surgit sur ces boues
et ces traces
De l’océan ne reste que l’écume
Terres brunes
entêtées d’absolu
refusant la douceur des pluies
et le miroitement des fleurs
Toute facilité détourne
Terres promises
dans la blancheur de l’aube
et le lent songe végétal
De ces matins qui chantent
faudra-t-il s’éveiller ?
Terres frémissantes et floues
Tous les chemins s’effacent
L’horizon s’est perdu
Le rêve seul
tient lieu d’espoir
Transparent
désarmé,
ce matin d’extrême tension,
et toute la beauté du monde,
désormais inutile
La mer est cruauté, avec ses coquillages,
ses splendeurs oubliées
On ne s’habitue pas
Il faut partir pour ce voyage
au-delà du soleil
au-delà des larmes et des rires
Le ciel est
pureté,
dénuement
On n’en reviendra pas
Inspire
L’univers entre en toi avec ses printemps éphémères,
ses fièvres éblouissantes
Tu respires l’odeur envahissante
du thym sauvage
des souvenirs ramassés sur la plage
Tu bois le lait de vie
Ouvre la fenêtre
Il n’y a plus de dedans, de dehors
Seul, ce présent d’éclair et de surgissement,
Cette hâte d’aimer et de connaître
Tant de messages, de caresses,
d’écorchures
Tant de promesses nous traversent
Le monde extérieur maintenant te pénètre
Les sons ruissellent
Les odeurs pétillent
Respire le réel,
Il t’appartient et tu lui appartiens…
Désormais je consens, que la lumière soit le souffle pur
qui transfigure toute ruine et rédime le monde,
et que la nuit revienne, pourtant.
D’un dernier mouvement j’apaise ma révolte.
J’accepte l’instant nu.
Geste essentiel, éclatement solaire,
et que mes mots soient des fissures, où la vie se fragmente.
Ombres et lumières.
Un visage soudain traversé d’émotion, une envolée peut-être?
Puis la chute, brutale, dans le vide obscur, et nos regards dépossédés que le réel
submerge.
J’accepte la fracture, puisqu’il le faut, et la beauté criblée du monde. En un long
chant du cygne je berce mes refus, prunes sauvages,
soubresauts renoncés de la trompeuse
éternité.
Je consens le partage, et l’équivoque,
et les parfums qui s’éparpillent.
Je tairai désormais la fureur, et la soif jamais étanchée, de l’absolu.
J’accepte enfin de vivre.
Mais c’est vieillir, je sais.