Contrairement aux majeurs, les jeunes n'ont pas choisi de venir à l'école :elle est obligatoire, ce qui induit une certaine résistance génératrice d'agitation pendant les cours.
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L'écrivain et metteur en Scène François Cervantès dit q'en prison un homme est amputé du monde et le monde amputé d'un homme - c'est une carence réciproque .
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A part les enseignantes, il y a les surveillantes, certes en uniforme bleu marine, mais qui n'en restent pas moins des femmes.Il y a les conseillères d'insertion et de probation, les "spip"comme il les appellent.Il y a le personnel médical, les infirmières , les psychologues....C'était d'ailleurs rassurant en arrivant dans ce milieu de voir autant de femme.
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Il me semble qu'aujourdh'ui, avec le recul, qu'enseigner en prison m'a permis de garder ,si je puis dire ,la tête hors de l'eau.En effet, les mineurs auxquels j'avais affaire en classe ne me laissaient guère d'espace pour penser à mes soucis.Ils vous happent littéralement .Vous n'avez pas d'autres choix que de vous investir.Sinon il faut partir.
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J'ai un frère jumeau .Nous sommes nés grands prématurés , lui avec un handicap lié à cette naissance trop précoce.J'ai eu la chance de naître valide .Toute mon enfance , j'ai pu mesurer combien la vie peut être difficile lorsqu'on est handicapé, combien notre société ,même si elle progresse , est en retard dans la prise en charge et l'aide aux personnes en difficulté, que cette
difficulté soit physique , mentale ou sociale .
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Lorsqu'on a connu les gens dans leur enfance, il est troublant de les retrouver en prison. Au cours de ma carrière dans l'élémentaire, j'avais acquis une posture "d'instit" qui devait me coller à la peau, car bon nombre de mes nouveaux élèves m'appelaient «maîtresse», ce qui était pour le moins décalé et surprenant dans la bouche de ces hommes. Je les reprenais afin qu'ils m'appellent
«madame» ou Sylvie, ce qui a très vite donné «Madame Sylvie». Pas mieux !
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Ce qui compte, ce n’est pas le détenu mais l’élève que nous avons face à nous.
Une fois en classe, nous sommes absorbées par notre travail, aussi bien par les apprentissages à transmettre que par la disponibilité d’esprit de nos élèves. Nous n’avons alors devant nous que des apprenants.
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ça sent aussi le shit,la sueur, la mauvaise haleine ,le poisson, autant d'effluves délicates qui nous imprègnent chaque jour.Le shit est l'odeur la plus présente et la plus tenace, sauf au centre scolaire, non fumeur et respecté comme tel.
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j'enseignais dans une école d'un milieu plutôt favorisé dans l'Ouest de la région parisienne .Dans l'ensemble , mes élèves étaient attentifs et obtenaient de bons résultats .Je n'imaginais pas qu'un jour je rencontrerais l'un deux lors d'un entretien scolaire en prison.Et pourtant...j'ai ainsi découvert que personne n'est à l'abri d'un dérapage au cours de sa vie.
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Elles sont plus que des enseignantes , évidemment.
Leur porosité à l'intimité de leurs élèves est inévitable, elles sont ces traversantes qui franchissent de multiples frontières , ou plutôt, celles que les frontières traversent.
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Pourquoi choisit-on d'enseigner en prison ? Cette question, nous l'avons entendue des centaines de fois, posée par la famille, les amis, les relations, les rencontres...