Anne-Sophie Silvestre
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Méléagre se laissait porter par le bavardage d'Atalante, il écoutait le son de sa voix, il riait avec elle, il ressentait une étrange impression de chaleur et il se sentait incroyablement heureux.
"Que m'arrive-t-il? songeait-il. Mon cœur bat comme si je me trouvait en face d'un ennemi armé... Est-ce que je suis amoureux? C'est donc cela, être amoureux? Comme c'est bien, comme c'est

bien, comme c'est agréable..."
Et soudain, il ne put s'empêcher de demander:
- As-tu un fiancé?

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- Les hommes sont idiots ! s'emporta Mme Croix. Chair à canon amoureuse du canonnier ! ... Un tambour, un canon, un drapeau, un bureau de recrutement : aucun mâle ne peut résister ! Mais, pour l'amour de Dieu, pourquoi ces choses là vous fascinent-elles à ce point ?

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- C'est incroyable, fit enfin Louis XV, je n'avais encore jamais rien vu de pareil. Quand vous êtes un garçon, votre virilité ne fait aucun doute. Quand vous êtes une fille, même avec votre maquillage barbouillé et votre coiffure en tas de foin, il est indiscutable que vous êtes une fille ; cela vous donne même un petit air attendrissant de fillette battue...

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Les tambours battirent, puis le silence se fit. Le seul
bruit qu’on entendait était celui des drapeaux agités
par le vent froid d’avril. Napoléon descendit l’escalier de
pierre.
«Soldats, je vous fais mes adieux…»
Les soldats de la garde, alignés comme pour la plus parfaite
des parades, étaient sombres et muets comme à des funé -

railles.
«Depuis vingt ans, je suis content de vous ; je vous ai
toujours trouvés sur le chemin de la gloire… Soyez fidèles au
nouveau roi que la France s’est choisi ; n’abandonnez pas
notre chère patrie ! Aimez-la toujours, aimez-la bien… Je ne
puis vous embrasser tous, mais j’embrasserai votre général…
et le drapeau !… Adieu, mes

enfants!… Mes voeux vous
accompagneront toujours, conservez mon souvenir.»
C’était dans la cour de Fontainebleau, le 20 avril 1814.
Napoléon quittait la France. Il partait pour l’île d’Elbe. Il nous
quittait.

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Le cabinet noir était un efficace département des services secrets de Louis XV. C'était un endroit où quinze employés étaient occupés jour et nuit à ouvrir et à lire les lettres avant les personnes à qui elles étaient adressées. On lisait les lettres, si besoin on en prenait copie, on les refermait et on les remettait au courrier. Et chaque matin le roi trouvait sur son bureau un

rapport résumant tout ce qu'on y avait trouvé d'intéressant. Marie-Thérèse savait parfaitement cela. Elle le savait d'autant mieux qu'elle disposait en Autriche de son propre cabinet noir tout aussi diligent que son confrère français.

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Tous ces voyages, ces trains qui arrivent et s'en vont, ça n'est pas drôle quand on n'a pas le droit de partir.

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"Le 14 mars, alors que le soir tombait, la voiture dans laquelle se trouvait le chevalier d'Éon fit son entrée dans la grande cour de Versailles, et il se demanda soudain s'il n'était pas en train de faire une bêtise.
Il était habillé en femme. Très bien déguisé. Paré, coiffé, maquillé avec le talent et le souci du détail d'une femme du monde."

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La France était envahie. Des soldats russes et prussiens
circulaient dans les rues de Paris. Nos vainqueurs, le
tsar Alexandre et le roi de Prusse, choisirent notre nouveau
gouvernement. Ils voulaient le retour de la monarchie. Ils
appelèrent Louis XVIII, le frère de l’ancien roi Louis XVI, qui
se trouvait alors quelque part en Angleterre.
Nous, les

Français, nous assistions à ce chamboulement sur
lequel nous n’avions pas notre mot à dire. Les sentiments
étaient embrouillés, nous étions soulagés d’avoir la paix – on
avait entendu le canon jusqu’aux portes de Paris – mais, pour
beaucoup d’entre nous, voir finir l’Empire était une grande
douleur.
Chez nous, les Lavalette, le chagrin

prenait en plus une
dimension personnelle. Mon père était un compagnon de la
première heure de Napoléon, maman était la nièce de
Joséphine, et moi, Joséphine de Lavalette, âgée de douze ans,
comme tous les enfants nés sous l’Empire, j’avais l’impression
de posséder une part de gloire à titre personnel.
Oui, je portais le même prénom que

l’impératrice, et pour
cause, elle était ma marraine.
Mon père était le ministre des Postes de Napoléon; c’était
une immense responsabilité qui témoignait de la confiance
absolue de l’Empereur. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          80

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-Qui est cette personne ? interoge-t-elle
- C’est madame du Barry, Altesse.
-Quelle est son rôle à la cour ?
-Son rôle ? Voyons comment dire cela ?… Son rôle et d’amuser le roi.
-Alors, annonce t-elle, je serais sa rivale.

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la vie sans épée c'est un comble

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Au début de mai, notre nouvelle famille royale fit son
entrée à Paris. Nouvelle n’est pas le mot juste, cette famille
était au contraire très ancienne, elle avait régné sur la France
pendant mille ans. Mais depuis vingt-cinq ans, elle s’était
retirée et on les avait oubliés. Il s’était passé tant de choses
pendant leur absence : la Révolution et

Napoléon.
Donc, bon gré mal gré, nous redécouvrions les Bourbons.
De cette antique lignée, il ne restait que cinq personnes. Deux
vieux messieurs : le roi et son frère, le comte d’Artois. Leur
nièce, la duchesse d’Angoulême. Et les deux fils du comte
d’Artois. Il n’y avait pas d’enfant jeune. J’appris qu’on appelait
le frère du roi :

Monsieur, et sa nièce : Madame ; c’était,
paraît-il, un usage de la royauté.

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Un pays entier la regardait et attendait d'elle qu'elle soit heureuse. Il y avait la nuit pour être tranquille et pleurer. Toutes les princesses déracinées savaient cela.

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Madame, c’était « l’orpheline du Temple », la fille de
Louis XVI et de Marie-Antoinette, l’enfant blonde qu’on avait
enfermée avec toute sa famille dans ce donjon planté au coeur
de Paris. Elle avait vu son père et sa mère partir pour l’échafaud.
On lui avait aussi enlevé son frère, le petit dauphin, sans
lui dire où on l’emmenait. En fait, il

n’était pas loin, il se mourait
un étage plus bas ; mais cela, elle ne l’apprit que plus tard.
Elle était restée seule. Et enfin, vers sa seizième année, en
échange de prisonniers républicains, on lui avait permis de
rejoindre en Autriche la famille de sa mère.
Son histoire faisait verser des larmes au monde entier. Elle
était le membre de la

nouvelle famille royale qu’on attendait
avec le plus de sympathie.
Ce fut donc sur Madame que je portai toute mon attention.
Je vis le profil d’une femme qui se tenait droite d’une façon
presque exagérée. Elle regardait devant elle, sans jamais
tourner les yeux vers les gens qui lui adressaient des mots de
bienvenue… Je me sentis décontenancée, elle

ne ressemblait
pas à ce que j’avais imaginé… Pour tout dire, ce que j’avais
imaginé s’apparentait à Rapunzel, la princesse aux cheveux
d’or enfermée en haut d’une tour. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          60

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C'est ainsi que moi, Gabrielle-Evangéline-Eulalie de Potimaron, fille d'honneur de Marie-Louise d'Orléans, accompagné de Gaétane,la plus loyale amie que la terre ait porté, et de Ti-Tancrède, mon lapin blanc tacheté de gris, je participai au vaste chambardement que représenta le déménagement de Madame et de Mademoiselle, de Versailles à Saint-Cloud, aux premiers jours de l'été de

1677.

Anne-Sophie Silvestre
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« Par prudence, j'ai toujours pris garde que les habitants de mon quartier n'aient pas connaissance de mes travaux consacrés à la magie ou aux étoiles, ni de mes expéditions sur les toits. Nous vivons une époque méfiante et crédule, les gens ont vite fait de confondre science et magie avec pratiques diaboliques. »

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Suite à une plaisanterie imaginée par des amis, le chevalier d'Eon se retrouve à un bal donné à Versailles déguisé en fille, sous le nom de Lia de Beaumont. Malheureusement pour lui, Louis XV le remarque et sensible à son charme, le fait "enlever" et conduire dans une riche garçonnière. Mais il est furieux lorsqu'il découvre la supercherie et et ne laisse pas au chevalier d'autre

choix, que de garder cette identité et rentrer dans son service d'espionnage pour une mission secrète en Russie.

C :1° tome d'un roman historique et d'aventures agréable à lire. N'est peut être pas du niveau d'une sélection mais devrait plaire aux élèves.

MC : Louis XV/Versailles/Russie/

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monsieur Vermond,
Ma tres chere fille Antoinette va épouser le dauphin de France ,or ,elle se conduit comme un enfant et non comme une princesse et elle s en souci fort peu …
nous avons 2 ans pour faire d elle une dauphine ...

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Atalante, le souffle rendu court par l'admiration, regardait Icare s'élever. Ils décrivaient des cercles en volant. Il gagnait régulièrement de la hauteur. Elle avait comprit qu'il avait réussi à pénétrer dans ce qu'il avait la veille appelé une "bulle". Bientôt, il ne fut plus qu'une petite silhouette, très haut dans le ciel, éclairée par le soleil, qui descendait sur l'horizon.

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- Sire ! fit d'Éon.
Dans le même instant, il comprit tout : la méprise du roi, le piège dans lequel il avait foncé tête baissée, et la situation insensée dans laquelle il se trouvait. Mais Louis XV ne perdait pas de temps. Il s'avança jusqu'à Charles-Geneviève et lui prit la main avec une infinie délicatesse.

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- Entrez, monsieur l'abbé. Je suis aise de vous voir. Je vous attendais avec la plus grande impatience... Monsieur, je vous ai prié de venir à Vienne car ma fille est l'enfant la plus mal élevée du monde.
L'impératrice n'y allait pas par quatre chemins. Le jeune abbé Vermond, à qui ce discours d'accueil était adressé, se senti considérablement désorienté. Pétrifié de

timidité, il se demanda ce qu'il pouvait bien répondre. Quand une mère se plaint de sa fille devant un visiteur étranger, la moindre des politesses est de se récrier : "Mais non, voyons ! cette jeune personne est sans doute espiègle, enjouée... certainement pas mal élevée." Mais quand la mère qui s'exprimait ainsi était l'impératrice d'Autriche, il n'étais guère possible de la

contredire. D'autant plus qu'elle n'avait pas précisé la quelle de ses filles lui causait ce déplaisir. Elle en avait 7, plus 4 garçons, tous archiducs et archiduchesses... Vermond se souvint soudain avec soulagement qu'il avait oublié en entrant la profonde révérence que l'étiquette exigeait. Il se tira d'affaire en plongeant vers le sol et en balbutiant quelque chose qui pouvait passer

pour "Oui, Votre Majesté."
L'imposante impératrice d'Autriche, de Hongrie et de Bohême, le regard perdu dans le haut d'une tapisserie, tout près du plafond, réfléchit un instant et poursuivit :
- Pour être exacte, on ne peut pas dire qu'Antoinette soit mal élevée...
- Certainement non, Votre Majesté, s'empressa de répondre le jeune homme.
Il nota au passage que

l'enfant dont on parlait était Marie-Antoinette, la plus jeune des archiduchesses, celle de douze ans.
- C'est pis ! asséna l'impératrice, Antoinette n'est pas élevée du tout.
Cette fois, l'abbé Vermond jugea opportun de ne rien dire. Il demeura les yeux baissés, attendant la suite. L'impératrice s'assit derrière son vaste bureau noir aux incrustations dorées et retroussa

machinalement les manches de sa robe sur ses poignets solides. Elle médita quelques secondes, puis sembla subitement prendre conscience de la présence matérielle de l'abbé.
- Monsieur Vermond, demanda-t-elle, savez-vous exactement pourquoi je vous ai prié de venir ?
- Non, Votre Majesté, répondit-il en toute sincérité.
Quelques heures plus tôt, il croyait encore s'en

douter. Mais depuis quelques minutes la situation s'était singulièrement compliquée. Il devenait même urgent que l'impératrice précise elle-même ses désirs. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          30