Le sujet se forme dans la volonté d'échapper aux forces, aux règles, aux pouvoirs qui nous empêchent d'être nous-mêmes, qui cherchent à nous réduire à l'état de composante de leur système et de leur emprise sur l'activité, les intentions et les interactions de tous.
La spéculation a certes toujours été une activité importante du capitalisme financier, mais le développement massif des opérations purement financières, c'est-à-dire sans finalité économique, affaiblit gravement le capitalisme industriel, privé de capacité d'investissement, ce qui crée une crise proprement sociale, puisqu'une grande partie des ressources économiques ne sont plus
utilisées conformément aux orientations culturelles de la société.
C'est maintenant seulement, peut-être comme effet de la grande épidémie qui nous a obligés à ne plus être seulement des citoyens et des travailleurs mais des sujets humains, que nous pouvons et devons agir sur nous-mêmes, c'est-à-dire notre contrôle par nous-mêmes de nos orientations collectives et personnelles.
Dans le journal " Le Soir " du mercredi 27 mai 2020.
La domination masculine sur le processus de modernisation occidentale a soumis les femmes à un déchirement: êtres humains, partenaires des hommes et même à leurs côtés dans les lieux de pouvoir, elles sont en même temps identifiées à leur fonction de reproduction, choisies, remplacées, chassées par la volonté de l'homme qui, dans le monde occidental, vit dans un système monogame mais
multipartenaire. Et c'est le lieu le plus intime en elle, leur sexualité, qui est le lieu principal de leur dépendance. Le besoin, le désir le plus profond chez ces femmes est de conquérir l'unité, l'indépendance, la liberté de leur personnalité, de n'être plus divisées en deux entre ce qu'elles sont pour elles-mêmes et ce qu'elles sont pour l'homme.
Le moyen le plus sage de préserver la science de ses détournements est d'associer le plus constamment possible les deux composantes principales de la subjectivation: la connaissance rationnelle et la défense des droits humains universels.
Au début du XXème siècle, admettre que chacun avait le droit d'agir dans sa vie privée selon ses croyances, ses convictions ou ses goûts personnels passait pour une marque de tolérance. Qui contesterait aujourd'hui que vouloir restreindre les possibilités d'expression des options religieuses ou des orientations sexuelles à l'espace privé est une manifestation d'intolérance? Vie privée
et vie publique ne sont pas les deux faces de la même monnaie; ce sont deux univers qui se recoupent.