Michel Chodkiewicz
Michel Chodkiewicz

Nous devons à un chercheur marocain, M. Fawzi Skali, la transcription des enregistrements de conversations qu'il a eues, au cours de l'été 1986, avec divers notables religieux dans le cadre d'une enquête sur la « géographie spirituelle » de Fès. Parmi les personnes interrogées figure un ancien professeur à la Qarawiyyîn. Questionné sur le soufisme, il se déclare fort hostile aux «

soufis extrémistes » (ghulât) parmi lesquels il compte Hallâj, Ibn Arabî, Ibn Sab`în… et Muhammad al-Kattânî, l’auteur déjà cité de la Salwat al-anfâs. Mais il affirme en même temps goûter les poèmes d’Ibn al-Fârid, de Shushtarî ou d’Al-Harrâq qu’on récite dans les séances : « Ils contiennent, dit-il, des sens si subtils, si spirituels! » La cohabitation chez le

même homme de ces deux attitudes logiquement contradictoires est un fait que l’on peut souvent observer chez des musulmans qui, touchés par les courants réformistes, se présentent comme hostiles au soufisme ou, à tout le moins, comme partisans d’un soufisme « modéré » dont Ibn Arabî est bien évidemment exclu.

Valéry Giscard d`Estaing
Valéry Giscard d`Estaing

"Napoléon n'avait pas invité Goethe à s'asseoir. Il l'avait questionné sur son age puis directement sur son oeuvre. ll lui avait rappelé que Werther faisait partie de la bibliothèque de campagne qu'il emportait toujours avec lui, et avait montré une étonnante connaissance du texte, en lui signalant un passage qui ne lui avait pas semblé naturel. On n'a jamais su par la suite de quoi il

s'agissait. On croit que c'est celui où Charlotte envoie un pistolet à Werther, sans rien en dire à Albert Napoléon avait alors interrompu l'entretien, pour reprendre sa conversation avec Daru."

Maurice Merleau-Ponty
Maurice Merleau-Ponty

La philosophie n'est pas science, parce que la science croit pouvoir survoler son objet, tient pour acquise la corrélation du savoir et de l'être, alors que la philosophie est l'ensemble des questions où celui qui questionne est lui-même mis en cause par la question.

Christopher Isherwood
Christopher Isherwood

Certains étudiants font des dissertations trimestrielles sur mon œuvre ou sur celle de mes amis. Ils s'attendent à ce que je laisse tout tomber pour répondre à de longues pages de questions au lieu de chercher eux-mêmes les réponses à la bibliothèque. D'accord, je comprends leur paresse. Mais trop souvent ils commettent l'erreur la plus grossière qui soit ; ils pensent qu'en me flattant

je vais les aider s'ils disent : « J'ai lu tout ce que vous avez écrit » ; une phrase que seulement vingt personnes sans doute pourraient prononcer aux Etats-Unis. Cela me pousse, comme beaucoup de mes confrères, à caresser un fantasme sadique : on fait venir la police, l'étudiant est arrêté et questionné sévèrement sur la connaissance qu'il a de l'oeuvre de l'écrivain. Si le

score de l'étudiant est inférieur à 80% on le jette en prison et on l'y maintient jusqu'à ce qu'il ait vraiment tout lu et obtenu un score de 100% de bonnes réponses.

Edgar Wallace
Edgar Wallace

Je sais que votre mari a disparu le jour de son mariage. Je sais que son appartement a été cambriolé et que, lorsque la po-lice est arrivée, elle a reconnu l’homme qui a été compromis dans un vol commis ce même jour. Je sais aussi que parmi les objets ayant disparu, il y avait un passeport. J’ai questionné le domestique de M. Maddison qui m’a dit qu’il y en avait un dans un tiroir

du bureau. Maintenant s’il y avait une possibilité – tout cela ressemble à une de ces histoires fabuleuses qui font la fortune des romanciers –

Le Canard enchaîné
Le Canard enchaîné

■ Il était un foie, le soda.
Avec la canicule, les marchands de soda se frottent les mains. Les canettes de Coca et autres boissons rafraîchissantes sucrées se vendent comme des petits pains. Chaque Français avalant en moyenne déjà plus de 22 litres de soda par an, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes pétillants si de plus en plus de toubibs ne tiraient pas la

sonnette d'alarme sur la maladie du foie gras, appelée aussi... 'maladie du soda'.
Une inflammation provoquée notamment par la surconsommation de sucre, avec lequel le foie fait du mauvais gras, ce qui, dans les cas les plus graves, déclenche des cirrhoses non alcooliques et des cancers hépatiques. La Nash, selon l'acronyme de son nom scientifique, est en passe de devenir en France la

deuxième cause de greffe de foie derrière l'alcool !
Sachant qu'une canette de Coca-Cola, par exemple, contient l'équivalent de 7 morceaux de sucre, on comprend la gêne des industriels du secteur, d'autant que le sucre est encore plus délétère quand il est absorbé sous forme liquide.
Pour ne pas mettre en effervescence le consommateur, les fabricants de soda tentent de noyer le

poisson dans le cola. Ainsi, l'internaute qui tape 'Nash' tombe en première occurrence sur le site du syndicat des boissons rafraîchissantes de France, le BRF, lequel l'emmène directement sur un texte intitulé 'Mieux comprendre la maladie de Nash', lequel délivre une vérité qui coule de source : ladite pathologie « a parfois été appelée maladie du soda par abus de langage ou raccourci

sémantique malheureux, elle n'est pas directement liée à la consommation de boissons sans alcool. »
[...]
« C'est comme si, en tapant 'cancer du poumon' dans Google, on tombait en premier sur le site Marlboro », s'agace l'hépato-gastro-entérologue Dominique Lannes, auteur d'un livre sur la Nash ('La maladie de la malbouffe', Flammarion).
Questionné par le Canard sur ce

référencement tout sucre, le BRF, qui compte parmi ses adhérents Coca-Cola France, Orangina, PepsiCo France et consorts, n'a pipé mot.

• article dans le Canard enchaîné du 08/08/2018 + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          406

Ivan Gontcharov
Ivan Gontcharov

Non, ta tristesse, ton vague à l’âme, si c’est bien ce que je pense, sont plutôt un signe de force… Les recherches d’un esprit vif et excité tendent parfois à dépasser les limites de l’existence, et, bien sûr, ne trouvent pas de réponses. C’est alors que vient la tristesse… ce mécontentement provisoire de la vie… C’est la tristesse de l’âme qui questionne la vie sur

son mystère…

Françoise Dolto
Françoise Dolto

[...] en fait, c'est ça dont un enfant a besoin. C'est de questionner l'adulte et que l'adulte se sente vraiment questionné et ne réponde pas n'importe quoi.

Maurice Herzog
Maurice Herzog

Je questionne Oudot encore une fois :
" Que va-t-il me rester ?
- On ne peut pas encore bien dire... Tout n'est pas stabilisé, j'espère bien gagner quelques centimètres. Je crois qu'il te restera des mains utilisables. Évidemment... et il marque un temps d'hésitation... tu perdras une ou deux phalanges de chaque doigt, mais, si les pouces sont assez longs, tu auras une pince et

cela, c'est primordial; "
La nouvelle est dure, mais hier encore je croyais que les conséquences seraient beaucoup plus cruelles.
Pour moi, cela signifie l'abandon de bien des projets, cela implique aussi une nouvelle vie, peut-être une nouvelle conception de l'existence... Tout cela est trop nouveau, je n'ai ni la force ni la volonté d'envisager l'avenir.
J'apprécie le

courage d'Oudot et lui suis reconnaissant de n'avoir pas craint de me révéler l'importance des amputations qu'il prévoit. Il me traite en homme et en ami. Jamais je n'oublierai ce courage et cette franchise.

Hélène Bonafous-Murat
Hélène Bonafous-Murat

Page 279

C’est un bien étrange texte que vous avez choisi, fit-elle. Je ne l’aime pas beaucoup.
Pourquoi donc ? lui demandai-je, abasourdi.
Jamais encore elle n’avait aussi directement questionné mes choix, encore moins émis de critique.
Les larmes ne sont pas une bonne chose. Et elles ne sont pas toujours le signe d’une faute. Si je pleure, c’est plutôt

en raison du tort qu’on m’a causé. Non pas pour expier.
Le Christ nous enseigne le vrai repentir. Sous ses yeux nous devons nous faire humbles car nous sommes pêcheurs. C’est là le sens de ce texte.
C’est absurde ! Car il y a beaucoup de grands pécheurs qui n’ont jamais versé une larme sur leurs forfaits, et qui continuent de les commettre en riant, pire, en en tirant

gloire et fierté ! Et tout cela, ils le font au nom de Dieu, et sous son regard bienveillant qui ne les châtie jamais !
La colère était emparée d’elle. Je n’avais jamais vu une chose pareille. Elle se leva, bousculant le tabouret sur lequel elle était assise qui se renversa, et me quitta sans même le relever, en me jetant :
Vous êtes un homme cruel. On voit bien que vous

n’avez jamais versé de larmes dans votre vie !

Je demeurai interdit, incapable de comprendre ce qui avait pu susciter en elle un tel émoi. Quelques jours plus tôt, nous lisions encore paisiblement de concert, penchés sur les ouvrages qu’elle déchiffrait avec ardeur l’oeil brillant du savoir que je mettais à sa porté. Aujourd’hui, elle jetait violemment les pieuses

instructions de saint Ambroise, qui pourrait l’avait sauvée des griffes de la mort. Fallait-il que les abeilles l’eussent contaminée d’un venin redoutable, et que celui-ci eût empoisonné son âme !
J’alternai toute la nuit entre indignation, désarroi et consternation. Je me sentais démuni. A la lueur de ma chandelle, je me replongeai dans la caisse et en extirpai d’autres

écrits de saint Ambroise. J’en trouvai un qui me rasséréna un peu. Il y démontrait que c’était par la femme qu’avait débuté le mal et qu’avait commencé le mensonge. Il citait Paul, pour qui elle avait été l’agent de la faute, conduisant l’homme au péché. Peut-être l’injonction à verser les larmes du sincère repentir avait-elle touché en Lotte la femme originelle,

l’Eve qui s’y cachait ? Ambroise poursuivait en empruntant à Philon : il distinguait entre l’intelligence, apanage de l’homme, et la sensibilité, qui caractérisait la femme. La seconde devait se soumettre à la première, comme l’épouse à son mari. Car placée sous l’autorité d’un être plus fort, elle devait se laisser gouverner par ses conseils. De la même façon poursuivait

Ambroise, l’Eglise devait se soumettre au Verbe de Dieu. Car tel était Son dessein, et l’ordre qui forgeait la paix et la sainteté sur Terre.

N’était-ce pas ainsi que j’avais dirigé mon enseignement, amenant mon élève vers la lumière de la connaissance ? N’avais-je pas cependant commis une erreur, oubliant qu’elle n’était qu’une femme, en conséquence

gouvernée, non par la raison mais par ses sens ? Déjà les auteurs grecs l’avaient compris. « Tu ne peux pas gouverner par raison une chose qui n’a en soi ni raison ni mesure », avais-je lui dans Térence. Et, puisant dans les maximes consignées par dizaines dans le magasin de ma mémoire, d’Ovide à Salomon, d’Hésiode à Aristophane, je me convainquis sans peine que je n’étais

point en faute, et que Dieu m’avait seulement confronté à la nature changeante et incontrôlable de la femme. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50