Lorris Murail
Lorris Murail

A l'intérieur, c'était un vrai capharnaüm. Sur le bureau, une rose séchée piquée dans le goulot d'une vieille bouteille de whisky, un pot où je rangeais mes bâtons de réglisse (les jours fastes), des crayons mâchonnés (les jours néfastes), des paperasses, une loupe et quelques objets fétiches : de vieux indices récoltés au fil de mes enquêtes et qui, bien sûr, ne pouvaient plus

avoir la moindre utilité.

Eugène Ionesco
Eugène Ionesco

MME SMITH : […] Vous n’auriez pas dû vous absenter !
MARY : C’est vous qui m’en avez donné la permission.
M. SMITH : On ne l’a pas fait exprès !
MARY éclate de rire. Puis, elle pleure. Elle sourit : Je me suis acheté un pot de chambre.

Dylan Thomas
Dylan Thomas

PREMIÈRE VOIX


Extrait 3

Écoute ! C'est la nuit dans la chapelle transie, trapue, où l'on cantique en bonnet, broche, et noir bombasin, en carcan-papillon et petit-noeud-lacet-de-soulier, toussant comme des biques, suçant des menthes, halleluyant sur les deux oreilles — c'est la nuit dans l'estaminet, aussi muette qu'un domino —, la nuit comme une souris

chaussée de mitaines dans les greniers d'Ocky Laitier — volant comme farine noire dans le fournil de Daï Miche. C'est, dans la rue de l'Âne, le trot silencieux de cette nuit aux sabots étouffés d'algues, sur les pavés ronds et les coquilles, passant devant les rideaux tirés sur un pot de fougère, tirés sur la Citation de l'Écriture et les babioles, l'harmonium, le dressoir-reposoir,

les aquarelles faites à la main, le chien de porcelaine et la boîte à thé en fer blanc peinte de roses. C'est la nuit trottinant comme un bourricot parmi les chambres douillettes de bébés. Regarde ! C'est la nuit qui se déploie sans mot dire, royalement, sous les cerisiers de la rue du Couronnement —, la nuit qui, toutes brises gantées et carguées, toute rosée écopée, traverse le

cimetière de Bethesda, la nuit qui culbute devant le cabaret À l'Écusson
de la Marine. Le temps passe.


// texte français de Jacques B. Brunius, (1906-1967), coll. quatre-vents + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10

Savinien de Cyrano de Bergerac
Savinien de Cyrano de Bergerac

GRANGER : Il serait bon, ce me semble, d'avoir tout prêts des lieux communs pour chaque passion que je voudrai vêtir. Il faudra faire éclater, selon que je serai bien ou mal reçu, le dédain, la colère ou l'amour.
Ça donc, pour le dédain :
" Quoi, tu penserais que tes yeux eussent féru ma poitrine au défaut de la cuirasse ? Non, non, tes traits sont si doux qu'ils ne blessent

personne. Quoi, je t'aurais aimé, chétif égout de concupiscence, vase de nécessité, pot de chambre des affamés ! Hélas, petite gueuse, regarde-moi seulement, adore et te tais. "
Pour la colère :
" Ô trois et quatre fois Mégère impitoyable, puisse le Ciel en courroux ébouler sur ton vertical des hallebardes au lieu de pluie ! Puisses-tu boire autant d'encre que ton amour m'a

fait verser de larmes ! Puisses-tu cent fois le jour servir aux chiens de muraille pour pisser ! Enfin, puisse la destinée tisser la trame de tes jours avec du crin, des charbons et des étoupes ! "
Pour l'amour :
" Soleil, principe de ma vie, vous me donnez la mort, et déjà je ne serais qu'une ombre vaine et gémissante qui marquerait de ses pas la rive blême de l'Achéron, si je

n'eusse redouté de faire périr en moi votre amour, qui ne doit pas moins vivre que sa cause. Peut-être, ô belle tigresse, que mon chef neigeux vous fait peur. Je sais bien aussi que les jeunes ont dans les yeux plus de feu et moins de rouge que nous ; que vous aimez mieux notre bourse au singulier qu'au plurier. [...] Mais sachez qu'un jour l'âge, ayant promené sa charrue sur les lis et les

roses de votre teint, fera de votre front un grimoire en arabe. "

Acte III, Scène 1. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          190

Yaa Gyasi
Yaa Gyasi

Thomas Allen Stockham était un bon maître, dans la mesure où ça existait. Il leur accordait cinq minutes de repos toutes les trois heures, et les esclaves qui travaillaient aux champs pouvaient aller dans la véranda faire remplir leur pot à eau par les esclaves domestiques.

Tristan Tzara
Tristan Tzara


BOIS PARLANT OU INTELLIGIBLE SIGNE DE L'ÎLE DE PÂQUES

VIOLON LAMPES UNE QUEUE UNE LUMIÈRE BLANCHE TRÈS BLANCHE FUIR SOLEIL ET ÉTOILE ESCARGOT OU POISSONS VOLANTS DANS LA GARE UN PIED HUMAIN SALLE D'ATTENTE DES POTS DIFFÉRENTS EN TERRE CUITE DEUX COUTEAUX UN OISEAU SUR LE POT EN TERRE CUITE L'AXE 4 HOMMES EN POSITION DIFFÉRENTE UNE ÉCHELLE
ICI LA COULEUR
DES

POTS À L'EAU EN NOIX UNE BARQUE ET 3 PORCS CHAPEAUX POULES COFFRE-­FORT DE MATELOT CHIEN MANDOLINE DIFFÉRENTS POISSONS LA TORTUE SUR PALMIER BAHUT VIDE UNE MAIN TRÈS GRANDE BLANCHE 28 OBJETS DIFFÉRENTS ET LE LARGE SON DE LA VITESSE EST LEN­TEUR FIXÉE DANS LES CADRES DE L'HORI­ZON SIFFLE SIFFLE BLEU DE L'HOMME VOIS CE PERROQUET SUR LE JET-D'EAU SOLIDI­FIÉ SIFFLE OFFICIER DE MARINE

SIFFLE
LES CONTOURS SE MÉLANGENT
SIFFLE DANS LA BLESSURE LA LUMIÈRE GRANDE AUTOMNALE QUI HURLE? HURLE TRANSVERSALEMENT

Anthony Burgess
Anthony Burgess

Jouis,

Ô Jouasse et divine pucelle,

Ravagée de mon septième ciel,

Viens que, le coeur ardent, l'âme ivre,

Je te toltchocke l'infra-rote

Et te shoote recta dans le pot d'échappement.

P. 120

Chloé Chevalier
Chloé Chevalier

Nous avons vécu trop peu sur ces terres et n'avons pas eu le temps de les explorer réellement. Elles ne nous appartiennent pas. Nous sommes ici comme des fourmis sur un pot de miel. Là pour prélever notre pitance, mais seulement de passage.
("Notre première graine")

S. K  Tremayne
S. K Tremayne

Je déteste ce nouveau chaos mental, ce sentiment bizarre, depuis l’accident, que mon esprit est devenu semblable à l’un de ces grands placards de cuisine dans la grande maison victorienne de ma mère, sur la côte à Salcombe. Ils étaient poussiéreux, encombrés de tout un bric-à-brac, et, chaque semaine, ma chère maman écolo, hippie dans l’âme, y dénichait un pot de moutarde bio ou

de miel de Manuka dont elle avait oublié l’existence et s’exclamait : « Tiens, je ne me souvenais pas qu’on avait ça ! »
[....]
C’est l’impression que me donne mon cerveau aujourd’hui : je ne sais pas trop ce qu’il contient. J’y entrepose des choses qui ont tendance à s’égarer, ou alors j’en découvre certaines qui sont souvent inutiles, périmées,

éminemment déplaisantes.
Mon propre cerveau me joue des tours.

Michel Serrault
Michel Serrault

Après la première messe dominicale,nous quittions l eglise d Argentât et le curé nous offrait,à nous enfants de cœur,le petit déjeuner au presbytère.Une servante habillée de noir,une espèce de chiffon sur la tête,montait sur une chaise et attrapait un énorme pot de confiture de reines-claudes ou de myrtilles rangé sur le dessus d une armoire.Nous dévorions nos tartines dans cette

grande pièce fraîche qui sentait le salpêtre et les meubles bien cirés.La fenêtre était ouverte sur le jardin plein de marguerites et de rhododendrons.De ces moments,je garde le souvenir d une quiétude et d une humanité que toute ma vie j ai cherché à retrouver.C était l équilibre que confèrent les choses simples.C était sans doute une forme de bonheur.C est là en tout cas,la

première fois de ma vie,que crois avoir compris ce
que signifiait avoir une âme.Je le dois à ces gens des bords de la Dordogne qui,par leur existence généreuse et simple,ont contribué à faire grandir en moi ce qu il faut appeler la foi.