Catherine Baker
Catherine Baker

J’ai longtemps cru que ce qu’on me demandait dans les travaux scolaires, c’était d’être originale sans jamais être personnelle. Il y avait malentendu; ce qu’on attendait de moi était pire : être personnelle sans jamais être originale.

Hector Berlioz
Hector Berlioz

XVII

Préjugé contre les opéras écrits sur un texte italien. — Son influence sur l’impression que je reçois de certaines œuvres de Mozart.

J’ai dit qu’à l’époque de mon premier concours à l’Institut j’étais exclusivement adonné à l’étude de la grande musique dramatique ; c’est de la tragédie lyrique que j’aurais dû dire, et ce fut la raison

du calme avec lequel j’admirais Mozart.

Gluck et Spontini avaient seuls le pouvoir de passionner. Or, voici la cause de ma tiédeur pour l’auteur de Don Juan. Ses deux opéras le plus souvent représentés à Paris étaient Don Juan et Figaro ; mais ils y étaient chantés en langue italienne, par des Italiens et au Théâtre-Italien ; et cela suffisait pour que je ne pusse me

défendre d’un certain éloignement pour ces chefs-d’œuvre. Ils avaient à mes yeux le tort de paraître appartenir à l’école ultramontaine. En outre, et ceci est plus raisonnable, j’avais été choqué d’un passage du rôle de dona Anna, dans lequel Mozart a eu le malheur d’écrire une déplorable vocalise qui fait tache dans sa lumineuse partition. Je veux parler de l’allégro

de l’air de soprano (nº 22), au second acte, air d’une tristesse profonde, où toute la poésie de l’amour se montre éplorée et en deuil, et où l’on trouve néanmoins vers la fin du morceau des notes ridicules et d’une inconvenance tellement choquante, qu’on a peine à croire qu’elles aient pu échapper à la plume d’un pareil homme. Dona Anna semble là essuyer ses larmes et

se livrer tout d’un coup à d’indécentes bouffonneries. Les paroles de ce passage sont : Forse un giorno il cielo ancora sentirà a-a-a (ici un trait incroyable et du plus mauvais style) pietà di me. Il faut avouer que c’est une singulière façon, pour la noble fille outragée, d’exprimer l’espoir que le ciel aura un jour pitié d’elle !... Il m’était difficile de pardonner à

Mozart une telle énormité. Aujourd’hui, je sens que je donnerais une partie de mon sang pour effacer cette honteuse page et quelques autres du même genre, dont on est bien forcé de reconnaître l’existence dans ses œuvres[30].

Je ne pouvais donc que me méfier de ses doctrines dramatiques, et cela suffisait pour faire descendre à un degré voisin de zéro le thermomètre de

l’enthousiasme.

Les magnificences religieuses de la Flûte enchantée m’avaient, il est vrai, rempli d’admiration ; mais ce fut dans le pasticcio des Mystères d’Isis que je les contemplai pour la première fois, et je ne pus que plus tard, à la bibliothèque du Conservatoire, connaître la partition originale et la comparer au misérable pot-pourri français qu’on

exécutait à l’Opéra.

L’œuvre dramatique de ce grand compositeur m’avait, on le voit, été mal présentée dans son ensemble, et c’est plusieurs années après seulement que, grâce à des circonstances moins défavorables, je pus en goûter le charme et la suave perfection. Les beautés merveilleuses de ses quatuors, de ses quintettes et de quelques-unes de ses sonates

furent les premières à me ramener au culte de l’angélique génie dont la fréquentation, trop bien constatée, des Italiens et des pédagogues contre-pointistes, a pu seule en quelques endroits altérer la pureté. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

John Galsworthy
John Galsworthy

La tante Juley rompit le silence qui s'était fait :
_ Nous étions juste en train de dire, June, quelle terrible affaire, ces Boers. Quelle impudente conduite que celle de ce vieux Kruger !
_ Impudente ! dit June. Je trouve qu'il a tout à fait raison. De quel droit nous mêlons-nous de leurs affaires ? S'il expulsait toute cette racaille d'Uitlanders, ce serait bien fait pour eux.

Ils ne cherchent qu'à s'enrichir.
Le silence qui accompagna ces déclarations sensationnelles fut rompu par Francie.
_ Quoi ? dit-elle. Es-tu pro-Boer ?
La tante Juley vint immédiatement à la rescousse :
_ Cette chère June est si originale ! Croirais-tu, Soames, qu'elle trouve que les Boers ne sont pas à blâmer !
Soames renifla dédaigneusement.
_ Tout

cela, c'est du sentiment, dit-il. (p. 123)

Jean Baudrillard
Jean Baudrillard

L'Amérique est la version originale de la modernité, nous sommes la version doublée ou sous-titrée. L'Amérique exorcise la question de l'origine, elle ne cultive pas d'origine ou d'authenticité mythique, elle n'a pas de passé ni de vérité fondatrice. Pour n'avoir pas connu d'accumulation primitive du temps, elle vit dans une actualité perpétuelle. Pour n'avoir pas connu d'accumulation

lente et séculaire du principe de vérité, elle vit dans la simulation perpétuelle, dans l'actualité perpétuelle des signes. Elle n'a pas de territoire ancestral, celui des Indiens est circonscrit aujourd'hui dans des réserves qui sont l'équivalent des musées où elle stocke les Rembrandt et les Renoir. Mais c'est sans importance - l'Amérique n'a pas de problèmes d'identité. Or la

puissance future est dédiée aux peuples sans origine, sans authenticité, et qui sauront exploiter cette situation jusqu'au bout. Voyez le Japon, qui dans une certaine mesure réalise ce pari mieux que les États-Unis eux-mêmes, réussissant, dans un paradoxe pour nous inintelligible, à transformer la puissance de la territorialité et de la féodalité en celle de la déterritorialité et de

l'apesanteur. Le Japon est déjà un satellite de la planète Terre. Mais l'Amérique fut déjà en son temps un satellite de la planète Europe. Qu'on le veuille ou non, le futur s'est déplacé vers les satellites artificiels. (pp. 151-152) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Claire Caron
Claire Caron

Elle se croit originale et unique, avec son petit gigolo ? Pauvre conne, c’est évident qu’il se sert de toi comme d’un escabeau, lui aussi. S’il est aussi beau et sexy que tu dis, il peut avoir n’importe quelle femme. Pourquoi toi ? Parce que tu vas lui être très utile.

Morgane Bicail
Morgane Bicail

histoire originale et bien écrite. je me suis régalée du début à la fin (2 jours car je voulais vraiment connaitre le dénouement). ce livre mérite d'être lu.

Francis Picabia
Francis Picabia

Le palmier des épouses inondées,
tourne vers moi la route prodige
des épines sans café, qui chantent
des bracelets liquides.
Dans mon veston, au milieu des poches
distendues par l’hypothèse,
les water-closet sur un doigt vide
regardent les hésitations escabeaux
des symboles faucons
et du chapeau modèle.
Hypothèse éplorée du

grillon poisson
de plaisir en pétales hachés,
les plantes du mari altérées
en herbe ferment les yeux de l’appareil
spécialisé.

Entre les deux sexes
végétaux monaiques
qui grignotent une vierge,
l’écume aux ongles arrêtés
brille dans l’origine de ma demeure,
immense promenade éperdue
dans le petit magasin

anglais
des courses,
où les joueurs autour de mon corps
séparent le ciel avec le soleil.
Le détective prévu à deux millimètres
emmêlés au vent de la vulve,
me fait souffrir.
Noyaux d’aloés salis à la cuisine
des gros chiffres,
j’ai surpris le directeur du bouton
en cage escalade,

parfumé par la datte
de la

montagne neigeuse
palpitante le soir
au corps gonflé d’oiseau.
Beaux jusqu’à mes poignets,
des oasis femelles
sur mon dos représentent
une petite sole cause naturelle
de voir le timbre de précaution
taillé en soubrette.
J’ai eu le temps d’épouser le mur de l’odeur
à courte distance du moineau
vêtu en vantardise.

Ses feuilles anormales, parasites étranges,
contiennent les faits divers
dans une campagne lourde de nerfs.

Le noyau dans l’inconnu banal,
c’est la seule vérité plus loin
en embryon de crevettes libellules,
véritables amantes
d’un accident génital d’album
mangé aux dépens de son compagnon
pacifique à l’état

intégral
car vivre sans être féroce
comme l’amour
décolore les voyages,
laitance du rut de l’hiver.
La nourriture polygame
des mouches microscopiques
exerce la conclusion d’une dissertation
submergée à l’heure renversée.
Télégrammes habitués,
but unique du rôle des ouvertures

distendues
dans la cour

embarrassante
du revolver modeste
sur l’autre face,
les amoureux des doléances
du verre de porto
passent le quart d’heure
illustre d’une lame désintéressée
à cinq pages,
triomphant dans le vide
des poignées de main
de l’envie boutonnée de la police,
avec une cigarette de facteur ! ! !
Morceau gâteau sur dix

minutes
en haut, glacé de peur
dans un coin d’alphabet

j’aime avec vous comme le feu
et le piano
la révérence de l’orpheline négligée.
L’Église avec un lorgnon
veut embrasser le fichu de la victoire
originale d’un coup de lunette
de roman français par le paquet
pendant la nuit du panorama,
pareille avec ses

larmes sans suite
de reproches
à haute voix au rondo du visiteur
effrayé dans l’escalier sincère du poète
ridicule en clin d’œil.
La musique réfléchit la réalité
extérieure du guide affamé d’horreur. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Emir Kusturica
Emir Kusturica

Braco aimait entendre Azra exposer sa façon originale de regarder le monde. Surtout parce que l'occasion lui était alors offerte, entre deux bouchées, de livrer le fond de sa pensée. Ce qui n'était pas de tout repos: parler ou manger, il fallait choisir. A qui le droit de préséance - la bonne bouchée ou la parole? D'ordinaire à la parole, mais la pensée était susceptible de divaguer, et

la faim de dévorer la parole!

Carlos Fuentes
Carlos Fuentes

----Dédicace : ----//

Aux amis du samedi,
Max Aub, Joaquín Diez-Canedo,
Jaime Garcia Terrès, Bernardo Giner de los Ríos,
Jorge González Durán, Hugo Latorre Cabal,
José Luis Martínez, Abel Quezada,
et, surtout, José Alvarado,
qui m'a fait comprendre cette histoire


//---- Titre original : La Desdichada ----//

Nouvelle extraite de Constancia et autres histoires pour vierges (Constancia y otras novelas para vírgenes - 1990)

//---- Langue originale : espagnol (Mexique) ----//

Viktor Emil Frankl
Viktor Emil Frankl

... la religion n'a beau être qu'un objet parmi d'autres pour la logothérapie, il n'en reste pas moins qu'elle lui tient particulièrement à coeur - ceci pour une raison bien simple : dans le contexte de la logothérapie, le logos renvoie à l'esprit et, par-delà l'esprit, au sens. L'esprit renvoie ici à la dimension originale des phénomènes spécifiquement humains : contrairement au

réductionnisme la logothérapie s'interdit précisément de les réduire à des phénomènes du monde infra-humains - ou de les en déduire.