Nicolas Berdiaev
Nicolas Berdiaev

Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront

aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins « parfaite » et plus libre.

Albert Caraco
Albert Caraco

Elle croyait à mes paroles et je lui prouvai que si Dieu par aventure existe, Il ne peut être personnel, la durée étant l'élément constitutif de la personne et la mort éternelle la rançon de toute vie. Nous aimons ce qui doit mourir et nous n'aimons que parce que nous nous sentons mortels et menacés.

Eric Clapton
Eric Clapton

La tournée terminée, Tom et Roger pensèrent qu'après le succès de I Shot The Sheriff, ce serait bien de descendre dans les Caraïbes pour continuer sur le thème du reggae. Ils organisèrent un voyage en Jamaïque, où ils jugeaient qu'on pourrait fouiner un peu et puiser dans l'influence roots avant d'enregistrer. Tom croyait fermement au bienfait d'exploiter cette source, et je n'avais rien

contre puisque ça voulait dire que Pattie et moi aurions une sorte de lune de miel. Kingston était une ville où il était fantastique de travailler. On entendant de la musique partout où on allait. Tout le monde chantait tout le temps, même les femmes de ménage à l'hotel. Ce rythme me rentrait vraiment dans le sang, mais enregistrer avec les Jamaïcains était une autre paire de

manches.

Je ne pouvais vraiment pas tenir le rythme de leur consommation de ganja, qui était énorme. Si j'avais essayé de fumer autant ou aussi souvent, je serais tombé dans les pommes ou j'aurais eu des hallucinations. On travaillait aux Dynamic Sound Studios à Kingston. Des gens y entraient et sortaient sans arrêt, tirant sur d'énormes joints en forme de trompette, au point qu'il y

avait tant de fumée dans la salle que je ne voyais pas qui était là ou pas. On composait deux chansons avec Peter Tosh qui, affalé sur une chaise, avait l'air inconscient la plupart du temps. Puis, soudain, il se levait et interprétait brillamment son rythme reggae à la pédale wah-wah, le temps d'une piste, puis retombait dans sa transe à la seconde où on s'arrêtait.

Paul Copin-Albancelli
Paul Copin-Albancelli

On s'explique alors le caractère odieux du document. À cause de ce caractère, il était impossible, nous l'avons observé, que des chefs juifs eussent prononcé les discours consignés dans la brochure, sans faire preuve de folie et d'imbécilité. Au contraire, un antisémite capable de confectionner un tel recueil pour l'attribuer aux Juifs ne pouvait que le concevoir aussi révoltant que

possible. Ou bien il se serait fait un devoir de s'abstenir, ou bien la logique voulait qu'il s'appliquât à accumuler tout ce qu'il jugerait le plus susceptible d'exciter l'indignation contre ceux qu'il se croyait permis de stigmatiser en usant d'un pareil procédé.

Gabriele d'Annunzio
Gabriele d'Annunzio

Pour arriver à elle, pour jouir d’elle, le désir de l’aimé devait traverser toute cette ombre qu’il croyait faite d’innombrables amours inconnues, et, par cette méprise outrageante, il devait se contaminer, se corrompre, s’aigrir, devenir cruel, se changer peut-être en dégoût. Toujours cette ombre devait exciter en lui l’instinct de férocité bestiale qui se cachait au fond de

sa sensualité puissante.

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

Secrètement elle prêtait foi à ce mythe énorme, à cette imposture universelle qui leurre tant de femmes : elle croyait à l'amour. Mais seul comptait à ses yeux l’Amour avec un grand A, l’amour chanté par des poètes comme Browning. Dédaigneuse des amours médiocres, elle aussi aurait pu résumer ses vœux profonds en un Aime-moi du Grand Amour à l’exclusion de tout autre. Un tel

amour était l'unique chose au monde à laquelle elle aspirait, car lui seul pouvait faire son salut.

George Bernard Shaw
George Bernard Shaw

LIZA : Mais mon idée, c'est qu'ils lui ont fait son affaire, à la vieille.
MADAME HIGGINS : Son affaire ?
LIZA : Mais oui-i-i-i, Seigneur Dieu ! Pourquoi serait-elle morte de la grippe ? Elle avait fait une diphtérie l'année d'avant, et elle s'en était très bien tirée. Je l'ai vue de mes propres yeux. Elle en était toute bleue. Tout le monde croyait qu'elle était morte. Mais

mon père n'a pas cessé de lui verser des cuillers de gin au fond de la gorge, jusqu'à ce qu'elle revienne à elle. Ç'a été si brutal qu'elle en a cassé la cuiller d'un coup de dent.

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites, l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir. Ce n’est pas qu’il ait à craindre un autodafé, mais il est en butte à des dégoûts de tous genres et à des persécutions de tous les jours. La carrière politique lui est fermée : il a offensé la seule puissance qui ait

la faculté de l’ouvrir. On lui refuse tout, jusqu’à la gloire. Avant de publier ses opinions, il croyait avoir des partisans ; il lui semble qu’il n’en a plus, maintenant qu’il s’est découvert à tous ; car ceux qui le blâment s’expriment hautement, et ceux qui pensent comme lui, sans avoir son courage, se taisent et s’éloignent. Il cède, il plie enfin sous l’effort de

chaque jour, et rentre dans le silence, comme s’il éprouvait des remords d’avoir dit vrai.

Des chaînes et des bourreaux, ce sont là les instruments grossiers qu’employait jadis la tyrannie ; mais de nos jours la civilisation a perfectionné jusqu’au despotisme lui-même, qui semblait pourtant n’avoir plus rien à apprendre.

Les princes avaient pour ainsi dire

matérialisé la violence ; les républiques démocratiques de nos jours l’ont rendue tout aussi intellectuelle que la volonté humaine qu’elle veut contraindre. Sous le gouvernement absolu d’un seul, le despotisme, pour arriver à l’âme, frappait grossièrement le corps ; et l’âme, échappant à ces coups, s’élevait glorieuse au-dessus de lui ; mais dans les républiques

démocratiques, ce n’est point ainsi que procède la tyrannie ; elle laisse le corps et va droit à l’âme. Le maître n’y dit plus : Vous penserez comme moi, ou vous mourrez ; il dit : Vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi ; votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour vous êtes un étranger parmi nous. Vous garderez vos privilèges à la cité, mais ils vous

deviendront inutiles ; car si vous briguez le choix de vos concitoyens, ils ne vous l’accorderont point, et si vous ne demandez que leur estime, ils feindront encore de vous la refuser. Vous resterez parmi les hommes, mais vous perdrez vos droits à l’humanité. Quand vous vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur ; et ceux qui croient à votre innocence,

ceux-là mêmes vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort.

Du pouvoir qu'exerce la majorité en Amérique sur la pensée + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          250

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

L’aristocratie territoriale des siècles passés était obligée par la loi, ou se croyait obligée par les mœurs, de venir au secours de ses serviteurs et de soulager leurs misères. Mais l’aristocratie manufacturière de nos jours, après avoir appauvri et abruti les hommes dont elle se sert, les livre en temps de crise à la charité publique pour les nourrir.

Jean Cocteau
Jean Cocteau

Il souffrait. Il souffrait d'orgueil. Sa revanche sur le double de Dargelos était un échec pitoyable. Agathe le dominait. Et, au lieu de comprendre qu'il l'aimait, qu'elle le dominait par sa douceur, qu'il importait de se laisser vaincre, il se crêtait, se cabrait, luttait contre ce qu'il croyait son démon, une fatalité diabolique