Maud de Belleroche
Maud de Belleroche

Je ne suis pas une vraie lesbienne, le mâle me récupère toujours au coin du bois du lit!

Anne Calife
Anne Calife

Dans le noir, longtemps, j'avais repensé à la peau blanche de la petite fille, à ses pupilles élargies de douleur. Le jour perçait. Dehors, les arbres formaient des boules blanches contre le vert de la plaine. Pourquoi les fleurs s’ouvrent-elles à même le bois noir et nu?

Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort
Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort

Les nouveaux amis que nous faisons après un certain âge, et par lesquels nous cherchons à remplacer ceux que nous avons perdus, sont à nos anciens amis ce que les yeux de verre, les dents postiches et les jambes de bois sont aux véritables yeux, aux dents naturelles et aux jambes de chair et d'os.

Colette
Colette

J’avais, petite, le loisir de suivre, en courant presque, le grand pas des garçons, lancés dans les bois à la poursuite du Grand Sylvain, du Flambé, du Mars farouche, ou chassant la couleuvre, ou bottelant la haute digitale de juillet au fond des bois clairsemés, rougis de flaques de bruyères… Mais je suivais silencieuse, et je glanais la mûre, la merise, ou la fleur, je battais les

taillis et les prés gorgés d’eau en chien indépendant qui ne rend pas de comptes…

Jacques Crétineau-Joly
Jacques Crétineau-Joly

Ces termites rongent à l'intérieur les poutres d'une maison, et, avec un art admirable, ils savent laisser intacte la surface du bois ainsi rongé. Mais cette surface est si mince que le doigt de l'homme, en si appuyant, fait craquer la poutre. Ce procédé des termites est à l'usage de toutes les Sociétés secrètes; la haute vente l'appliqua contre le Siège romain. Le projet que ses membres

avaient formé répondaient aux vœux des plus prudents. C'était de détruire sans avoir l'air d'attaquer. Il fut adopté et, dès 1820, on le trouve en voie d'exécution.

Suzanne Curchod
Suzanne Curchod

Fort recherchée pour son esprit et sa beauté, elle avait institué à Lausanne, que sa famille était venue habiter pour elle, une Académie des Eaux où la jeunesse des deux sexes se livrait à des exercices littéraires que ne distinguait pas toujours la simplicité. Sous les auspices de Thémire — c’est le nom qu’elle s’était donné, — les cimes alpestres qui couronnent le lac de

Genève et les riantes campagnes du pays de Vaud avaient vu renaître les fictions de l’ Astrée jadis enfantées dans la fièvre des grandes villes. Cette éducation à la fois simple et hardie, grave et aimable, fondée sur une large base d’études et ouverte à toutes les inspirations, même à celles de la fantaisie, avait été également celle de Germaine. Toute jeune, Germaine avait sa

place aux vendredis de sa mère, sur un petit tabouret de bois où il lui fallait se tenir droite sans défaillance; elle entendait discourir sur la vertu, les sciences, la philosophie, Marmontel, Morellet, D’Alembert, Grimm, Diderot, Naigeon, Thomas, Buffon, se prêtait aux questions qu’on prenait plaisir à lui adresser, — non sans chercher parfois à l’embarrasser, — et se faisait

rarement prendre en défaut. Mme Necker lui apprenait les langues, la laissait lire à son gré, la conduisait à la comédie. À onze ans elle composait des éloges, rédigeait des analyses, jugeait l’ Esprit des lois; l’abbé Raynal voulait lui faire écrire, pour son Histoire philosophique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, un morceau sur la révocation

de l’Édit de Nantes; elle adressait à son père, à l’occasion du Compte rendu de 1781, un mémoire où son style la trahissait. La poésie n’avait pas pour elle moins d’attraits. Envoyée à la campagne pour rétablir sa santé loin des livres et des entretiens, elle parcourait les bosquets avec son amie, Mlle Huber, vêtue en nymphe, déclamait des vers, composait des drames

champêtres et des élégies.

Gabriele d'Annunzio
Gabriele d'Annunzio

À cette heure, édifié par les subtils génies du Feu, un temple nouveau s’élevait là même où, dans le crépuscule, on avait cru voir un neptunien palais d’argent dont l’architecture imitait les torsions des conques marines. C’était, agrandi, un de ces labyrinthes construits sur le fer des landiers, demeures aux cent portes habitées par les présages ambigus; un de ces fragiles

châteaux vermeils aux mille fenêtres, où se montrent un moment les princesses salamandres qui rient voluptueusement au poète charmé. Rose comme une lune naissante rayonnait sur la triple loggia la sphère de la Fortune, supportée par les épaules des Atlantes; et ses reflets engendraient un cycle de satellites. Du quai des Esclavons, de la Giudecca, de San Giorgio, avec un crépitement

continu, des faisceaux de tiges enflammées convergeaient au zénith et s’y épanouissaient en roses, en lis, en palmes, formant un jardin aérien qui se détruisait et se renouvelait sans cesse par des floraisons de plus en plus riches et étranges. C’était une rapide succession de printemps et d’automnes à travers l’empyrée. Une immense pluie scintillante de pétales et de feuillages

tombait des dissolutions célestes et enveloppait toutes choses d’un tremblement d’or. Au loin, vers la lagune, par les déchirures ouvertes dans cet or mobile, on voyait s’avancer une flotte pavoisée : une escadre de galères semblables peut-être à celles qui naviguent dans le rêve du luxurieux dormant son dernier sommeil sur un lit imprégné de parfums mortels. Comme celles-là

peut-être, elles avaient des cordages composés avec les chevelures tordues des esclaves capturées dans les villes conquises, ruisselants encore d’une huile suave; comme celles-là, elles avaient leurs cales chargées de myrrhe, de nard, de benjoin, d’éléomiel, de cinnamome, de tous les aromates, et de santal, de cèdre, de térébinthe, de tous les bois odoriférants accumulés en

plusieurs couches. Les indescriptibles couleurs des flammes dont elles apparaissaient pavoisées évoquaient les parfums et les épices. Bleues, vertes, glauques, safranées, violacées, de nuances indistinctes, ces flammes semblaient jaillir d’un incendie intérieur et se colorer de volatilisations inconnues. Ainsi sans doute flamboyèrent, dans les antiques fureurs du saccage, les profonds

réservoirs d’essences qui servaient à macérer les épouses des princes syriens. Telle maintenant, sur l’eau parsemée des matières en fusion qui gémissaient le long des carènes, la flotte magnifique et perdue s’avançait vers le bassin, lentement, comme si des rêves ivres eussent été ses pilotes et qu’ils l’eussent conduite se consumer en face du Lion stylite, gigantesque

bûcher votif dont l’âme de Venise resterait parfumée et stupéfiée pour l’éternité.

Jacques-Louis David
Jacques-Louis David

Robespierre, si tu bois la ciguë, je la boirai avec toi!

Loïc Decrauze
Loïc Decrauze

Un bleu ciel d’hiver surplombe notre déplacement grande vitesse. L’apaisant défilement de ces paysages du centre suspend nos confinements urbains : les harmonies des pastels endormis, les dénivellations pelées où le bois impose ses marrons dégradés.

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

Bob sentit un petit frisson de surexcitation lui parcourir l’échine. Ah ! ce fantôme des chevaux de bois ! Les articles de magazines qu’ils avaient soigneusement étudiés leur avaient tout dit sur ce fantôme qui, prétendait-on, hantait l’île. Selon la légende, c’était celui de Sally Farrington, une jeune femme charmante mais écervelée qui, un beau soir, vingt-cinq ans auparavant,

faisait un tour de manège…

Or, une tempête ayant éclaté, on avait dû arrêter le manège. Tout le monde s’était mis à l’abri, sauf Sally Farrington, qui, après avoir refusé de descendre de son cheval de bois, avait crié que la plus terrible des tempêtes ne l’empêcherait pas de terminer son tour !

Au moment où le machiniste du manège discutait avec

elle, la foudre était tombée du ciel, frappant le pilier central du carrousel, et tuant Sally Farrington sur le coup.

Ses derniers mots avaient été : « Je ne crains pas la tempête moi ! j’entends terminer mon tour, même si c’est la dernière chose que je doive faire de mon vivant ! »

Tout le monde reconnut que Sally, par son imprudence, était responsable du

drame. Mais nul ne se doutait de ce qui allait suivre. Quelques semaines plus tard, par une nuit d’orage, alors que le parc d’attractions était fermé et désert, plusieurs habitants de Fishingport virent s’allumer les lumières du manège. Le vent apporta à leurs oreilles des bouffées de musique de chevaux de bois. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie       

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