Muriel Martinella
Muriel Martinella

Nous vivions nos derniers jours de bonheur et nous ne le savions pas. Une flambée d’euphorie rosissait nos joues à mesure que nous nous approchions du lac. A sa surface, parmi les ombres chinoises tremblotantes des roseaux, l’eau tirait du ciel ses reflets métallisés de fin du jour. Le magicien d’Oz était passé par-là. Nous avions vingt-trois ans et si déjà, nous nous targuions de

cinq ans de vie commune, la routine n’avait en rien émoussé notre amour.

Muriel Martinella
Muriel Martinella

Quoi de mieux pour extirper le passé et en démêler les méandres que de l'exprimer à haute voix ?

Muriel Martinella
Muriel Martinella

L’eau était source de vie, assurait la vie, puis la dissolvait par désagrégation… car l'eau n’était pas seulement renaissance, purification, baptême, renouvellement, guérison, régénération ; elle était aussi, sous son aspect négatif… engloutissement.

Muriel Martinella
Muriel Martinella

— Pourquoi ne m’appelles-tu jamais par mon prénom ?
— Parce que ton prénom a une consonance de rêve brisé. Ta mère m’a dit, un jour, qu’elle t’avait prénommée Ève car il ne manquait qu’un R à ce prénom pour obtenir le mot rêve. Tu étais l’incarnation de ce rêve que tes parents avaient nourri de longues années chacun de leur côté sans même se l’avouer.

D’autres fois, elle soutenait que ce prénom t’avait été attribué parce que tu étais la première femme qui comptait à ses yeux

Muriel Martinella
Muriel Martinella

Un vieux dicton dit que l'amour est aveugle 
Et on dit souvent : « Cherche et tu trouveras »
Je vais donc chercher un certain gars que j'ai en tête
J’ai beau le chercher partout, je ne l'ai pas encore trouvé/
C’est une aubaine que je ne peux oublier
Le seul homme auquel je pense avec regret.
J'aimerais ajouter ses initiales à mon nom
Dis-moi,

où est le berger de cet agneau perdu ?
Dis-moi où est le berger de cet agneau perdu ? 
Dis-moi où est le berger de cet agneau perdu...

Muriel Martinella
Muriel Martinella

Eve rendit à sa tante la coupure de presse concernant la disparition de sa mère (Dauphiné Libéré du 16 octobre 2017 : DISPARITIONS TROUBLANTES AU LAC D'ANNECY) et chercha autour d'elle de quoi s'asseoir. Rien n'avait changé ici depuis son départ définitif, dix-sept ans plus tôt.