Morgan of Glencoe
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Je sais que chaque jour, dans le monde entier, des filles, des femmes, des vieillardes, prouvent leur force au monde entier, et que le monde entier s’en fout. Mais ne me prenez pas pour une femme forte, Yuri-hime: je ne saurais, vous ne saurez, si je suis forte que lorsque que je serai tombée, et seulement à la façon dont je me serai relevée, si tant est que je me relève. La puissance vient

du monde. La force ne vient que de soi.

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– Excusez-moi, mais…tout le monde ici est vraiment sur un pied d’égalité?
– Oui. Sur ce point, Sir Edward est très strict avec les nouveaux arrivants. Au début, nous avons tous du ma à trouver cette place vis-à-vis de l’autre, pourtant si simple, si évidente… Un égal, voilà tout. Qu’importe son espèce, son sexe, son âge ou son rôle.

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Yuri
- Tu veux dire qu’un homme qui n’y connaît rien pourra obtenir davantage qu’une femme qui serait spécialiste, juste parce qu’en tant qu’homme on l’écoutera et lui accordera une plus grande crédibilité?
Lilas
- Hélas.
Yuri
- Et bien... Il y a au moins un point commun entre les nobles et les roturiers.
(p.280)

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Les puissants n'avaient que faire des autres tant que ceux-ci ne leur étaient pas directement utiles.

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- Mais il y a bien quelque chose, avec le nom d’une Selkie, non ? Je veux dire, Sir Edward m’a dit un jour qu’on ne surnommait pas une Selkie, et de fait, Bran ne supporte pas qu’on l’appelle Shura, et… Et juste avant que…
Elle s’arrêta, but une gorgée de thé. Hésita. Soupira. C’était la première fois qu’elle évoquait volontairement ce souvenir.
- Juste avant

la bataille des Égouts. Elle m’a dit son nom.
- Vous voulez dire son nom complet ? En trois parties ?
- Oui, je veux dire Bran S…
- Ne le prononcez pas, la coupa Ren. On ne prononce pas le nom entier d’une Selkie hors de sa présence, à moins qu’elle ne soit morte. Je ne suis pas très au courant de ce genre de choses, les Selkies n’approchent pas souvent les gens qui

vivent hors de la Mer, et elles protègent bien leurs secrets.

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- Nekohaima-sama !
- Ryûzaki-kun ? Qu’est-ce que…
- Elle a disparu, Nekohaima-sama ! Yuri-hime… Elle était dans sa chambre il y a encore une demi-heure, j’ai vérifié, elle dormait, je vous jure que je n’ai pas quitté mon poste…
- Calme-toi.
Le colonel reçut l’ordre comme un coup de poing dans le ventre. Il cessa de respirer. Écrasa tant qu’il put son

front contre le sol. L’Ambassadeur se leva lentement et claqua des doigts pour lui signifier de se relever.
- Je sais où elle est, dit Kenzô avec une froideur dont son esclave ne sut si elle était pleine de colère contenue ou simplement d’indifférence. Prends HA-17 et allez la chercher. N’en parle à personne, et pas d’incident diplomatique. N’oublie pas que les trains sont un

territoire keltien. Tu y vas, tu la ramènes. C’est tout. Suis-je clair ?
- Oui, Nekohaima-sama.

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Taliesin savait que les sentiments de Bran, en toute chose, étaient mille fois plus intense que ceux de n'importe quel être vivant. C'était sa faiblesse. Et c'était sa force. [...] C'était ce cœur capable de supporter et d'endurer des émotions sans demi-mesure, si absolues, si pures... et si dévastatrices qu'elles auraient ravagé et détruit n'importe quelle âme.

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Même pour une noble, Yuri, sept tentatives d'assassinat en vingt ans, c'est très au-dessus de la moyenne.

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Tu sais quoi, Yuri-chan ? T’as pas besoin d’avoir peur, parce que je suis ton courage.
— Quoi ?!
— Je suis ton courage. Tu es mon espoir.

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Camille-Agnès Albane du Mont de Trente-Chênes sécha son verre de whisky. Le goût de tourbe ne se mariait pas très bien avec le chocolat noir, mais elle n’en avait pas grand-chose à faire. Elle avait besoin de quelque chose de plus fort que du café.
- Crétin de Chevalier de mes deux, grogna-t-elle à sa bouteille, et à travers elle à celui qui la lui avait vendue.
Elle

n’était pas ivre, loin s’en fallait. Non qu’elle n’eût apprécié de céder aux effets de l’alcool, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Avec un soupir, elle reposa son verre vide et s’interdit de le remplir avant au moins une demi-heure. Elle entendit le pas traînant de Douze dans le couloir.
- Entre, Jack, ordonna-t-elle avant qu’il ne frappe.
- Douze, ma

Capitaine, dit-il en poussant la porte. Dans le train, c’est Douze. Je suis rentré.

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- De l'amitié entre un homme et une femme, sans le moindre... pardonnez-moi, mais je ne suis pas certaine que cela soit possible.
- Si vous voyez en quelqu'un un homme ou une femme avant d'y voir un être humain, peut-être. Si vous le considérez comme un individu à part entière, tout devient différent. Mais beaucoup de gens pensent comme vous. Trop de gens. À réfléchir en termes de

sexe et de genre, ils ne voient plus que ça. Tout comme ils voient les gens comme leur propriété. Ma femme, mon mari, mes enfants... Parfois, ça me donne envie d'être une Selkie, vous savez. Les Selkies ne possèdent rien, et surtout pas les autres. Elles ne connaissent pas la jalousie, puisqu'elles ne connaissent pas l'appartenance. Si nous avions tous été des Selkies, rien de ce qui est

advenu alors ne serait arrivé.

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En cette année 1995 du calendrier français (correspondant à l’an 1738-1739 du calendrier keltien en usage sur le Rail), Paris était toujours tel que l’avaient façonné les Grands Travaux quatre-vingt-dix-huit ans plus tôt : un centre rayonnant comme un soleil dont la lumière s’estompait peu à peu, en halos concentriques, jusqu’à une vague périphérie où se mêlaient bocages et

baraques délabrées des derniers bastions urbains.
Si Paris-la-Blanche était un soleil, le Louvre en était le noyau incandescent.

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Où était la poigne ferme qui l’avait entrainée dans la danse une vingtaine de jours plus tôt ? Où était le poing redoutable qui s’était interposé entre elle et ses assassins la nuit où elle avait fui le Louvre? Blotti dans sa nuée de cheveux saphir, le visage bleu-gris de Bran, exsangue et creusé, semblait étrangement blafard. Pour la première fois, elle paraissait vraiment ses

vingt ans.

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Tremblante. Fragile. Limpide. Taliesìn savait que les sentiments de Bran, en toute chose, étaient mille fois plus intenses que ceux de n’importe quel être vivant. C’était sa faiblesse. Et c’était sa force. C’était ce qui la faisait souffrir, et ce qui ferait un jour d’elle la plus grande Barde que ce monde ait jamais connue. C’était ce cœur capable de supporter et d’endurer

des émotions sans demi-mesure, si absolues, si pures… et si dévastatrices qu’elles auraient ravagé et détruit n’importe quelle âme. Sauf celle de Skàe.

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Les seuls sentiments qui seront tes alliés seront ceux que tu provoqueras chez les autres.

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Et elle se sentait bien.
La tempête émotionnelle qui déchirait son esprit depuis des jours s’était apaisée pour céder sa place à une vacuité bienvenue, reposante et concentrée.
- Combien de barillets a-t-elle vidés ? chuchota Ryûzaki à HA-17, son aide de camp.
- Quarante-deux, mon Colonel.
- Pourcentage de réussite ?
- Quatre-vingt-six pour cent.

Les sourcils de Ryûzaki eurent un sursaut.
- Ce n’est pas le résultat d’une débutante !
HA-17 s’apprêtait à répondre lorsque Yuri les interrompit.

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La puissance vient du monde. La force ne vient que de soi.

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Je sais que chaque jour, dans le monde entier, des filles, des femmes, des vieillardes, prouvent leur force au monde entier, et que le monde entier s'en fout. Mais ne me prenez pas pour une femme forte, Yuri-hime: je ne saurais, vous ne saurez, si je suis forte que lorsque je serai tombée, et seulement à la façon dont je me serai relevée, si tant est que je me relève.

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Mais Taliesìn empoigna fermement le bras du Spectral, et les yeux de celui-ci brillèrent de l’aura verte qui émanait normalement de ses mains lorsqu’il soignait. Il tressaillit, cligna plusieurs fois des paupières, fronça les sourcils. En un instant, il rajeunit jusqu’à retrouver son aspect habituel.
- Vous savez que c’est risqué pour vous, seigneur Taliesìn ? demanda-t-il

par acquit de conscience.
- Ren-kie, s’il te plaît… Sens un peu plus loin que le bout de tes doigts.
Ils échangèrent un regard.
- Vous pouvez vraiment faire ça ?
- Sauve-la, nous en reparlerons plus tard.
Une lumière émeraude jaillit des mains de Ren, si puissante et si lumineuse qu’Alcyone se couvrit les yeux.

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Jack William Longway, alias Douze, était à genoux devant le corps de son père. Il ignorait que, moins d’une heure auparavant, Nekohaima Kenzô s’était tenu exactement au même endroit, exactement dans la même position. Le machiniste ne voyait rien, à présent que les néons avaient lâché, mais il serrait la main d’Edward entre les siennes, cette main qui l’avait autrefois nourri,

vêtu, rassuré, et qui avait assumé pour lui d’autres tâches moins agréables. Cette main qui ne s’était jamais levée sur lui. Cette main qu’il avait étreinte avec une surprise incrédule quelques semaines plus tôt. Et, il le savait, dont il ne sentirait plus jamais la tendre pression sur son épaule.
Il ne pleurait pas.
Pas encore.