Larronde  Olivier
Larronde Olivier

PARLER
Ton silence est un verre en cristal : je le brise.
L'aspic aime le verre et la faim fait la fin,
Sa feuille d’éventail disculpe la cerise,
Mais non les yeux des fleurs qui rêvent leur parfum.

Dans les fleurs de tes yeux, nul archer ne s’y loge.
Tu secoues sur ton coeur le safran de ta tête.
Déroulant leurs tissus ainsi que des

éloges
Les marchands de la Crète ont un soleil pour crête.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

La pluie montre ses dents, exige la lumière
Mon envie de crier, comme un doigt qu'on déplie,
Tire, tire les fils du nez de la mercière
Qui maigrit, mais qui tourne, embobinant la pluie.

Les Barricades mystérieuses

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

EN PROSE


AMOURS

    Sans noms, la géographie des nuages manipule
nos presqu'îles, d'une stabilité dérisoire.
    Un sage et beau pays peu imaginatif se laisse
transformer par elle qui passe le temps à se déformer
pour lui, comme pour d'autres.

p.62

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

MORCEAUX POUR ORGUE


FUGUE

Retirez-vous mon cœur d'un si grave appareil.

D'après, d'avant, les coups ont entre eux l'étincelle.
Constant, le choc muet de la mort vous cisèle,
Cœur vanté... brûle... saoûle un atroce organiste.

Va belle main écrite où l'idée s'organise
Déchire l'encre en moi quand le reste

appareille.

p.47

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

LES SOIRS SONT...

Les soirs sont plus humains au foyer de mémoire
Où le vieux crépuscule est une lente histoire
Que la nuit de ce soir écoute à la fenêtre
Attentive d'entrer, sans pâlir puis renaitre,
Dans la tiédeur ardente du passé.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

TOUT VA


VIPÈRE AFFREUSE...

Vipère affreuse harmonise tes nœuds
Ferme la boucle — ou méandrez en couple :
Deux corps sans chaleur sont rien qu'armes souples
Tracé de l'être à son pic vénéneux.

Tiède la mort près du métal de Toi !
       Le froid dans l'homme (au face à face

habile)
Vainc le Phœbus réciproque
                             O Reptile.
Droit se hasarde un regard sans émoi.

p.108

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

Le vent qui touche à tout, jeune fille sans aile,
Touche à toi, demoiselle où veut poser sa bouche
L'équilibriste qui tient sur un baiser d'elle
Et tourne sous son fard, dès que le vent le touche.

Sur tes genoux moins durs que les genoux du bois,
Votre baiser savant penche comme une fleur,
Penche vers une fleur : c'est la fleur qui vous boit,

Chavirés sous vos fards, comme boit un voleur

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

FEUILLE BLANCHE ET LES AUTRES


Mai, fou du vert, néglige une feuille à son flanc.
D'ombrage et frondaisons s'offre la haute égide
Quand cet esprit tigré se bute au papier blanc
Et le frelon rageur à la vitre rigide.

p.69

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

HECATOMBE

Un vertical sans défaut
Tente et trouble la Faucheuse
. ...et un faucheur - gifle heureuse
Au monde ce porte-à-faux -
Rit à sa riante faux.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

UNE BÛCHE
A bas!
Végétation
Poing entre haut et terre
Native gestation;
Ma cognée - c' est fait - Mère,

Fais ta soeur l'éphémère :
Fonds au foyer bref!
rire
Ou vivre, c'est mourir
Activement, sentir

Tes fêlures s'écrire.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

MARCHE INÉGALE

Autrement dit le rien qui précède, et contient
Une marche en fuite, ou son bruit
Dans l'escalier qui hausse à rien
D'autrement dit.

Sans souci ni rien qui fleurisse
Tombe le vin le bouquet monte
Sur un pied toujours dans ma ligne
-Autrement dire est le bouquet.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

LES DISTANCES

Un peu là et beaucoup ailleurs
Toi ou, qui sait? moi si te pare
Du doigt d'horizon qui sépare
En musique de nos grandeurs.

La vague où pencha ton sourire
C'était moi ta belle avenue. ..
Ou ne fus-je que les pieds nus
Sur sa pente à n'en plus finir?

Divisons-nous - on le saura!
Change la pierre en son

tailleur :
L'un-ni-l'autre se posera
Sur un entrelac de sourires
Un peu là
et beaucoup ailleurs.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

MIGRATEUR PRIS

Mortes couleurs de mauvais temps
Novembre en plumes de voyage
-Autant en portent les autans-
Seul des vols reste ce langage
Pris à la source en la quittant
Dont un reflet tenait en cage
Sourire outremer des printemps.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

TA GUEULE

Le couchant de ta gueule au baiser
du couchant
mon coeur à prendre sur tes dents
au même temps où je l'emporte sur mon coeur
sans cesse à prendre sur tes dents,
Hyène! mais
te résoudre à endosser ma chair.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

LE BAPTEME DES LARMES

Vénus ne sut - mille facettes – rayer l’onde,
Ramoneur en morceaux, des cheminées du soir
Tombé comme du nid, la pourrais-je émouvoir
Mieux qu’un cri de Vénus à l’heure de la ponte !

Lassé des diamants dont les pointes m’éraflent
Plus encor de Vénus taillée en diamant
Pour fendre ma vitrine et voler mes

piments,
Mes guêpes, mes oiseaux que les risées me raflent,

Je veux faire l’amour à la mer comme un fleuve,
Que d’humides foulards m’entortillent encor.
Mais l’onde merveilleuse a refusé mon corps
Ruineux. Que la suie mieux indulgente pleuve !
(…)

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

 
 
Un clair matinal de lune,
Est à boire par ta bouche
Les mains se sentent des bêtes
À rien prendre sur nos lèvres.
Laissons-les jouer entre elles
Lionnes et saintes-nitouches
Laissons-les nous épouser
Leur toucher ne met qu'une ombre
Sur tes infinies surfaces
Que le baiser en puissance
Fera tourner

comme un ciel.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

GELÉE BLANCHE


Neiges de deux hivers ne se reconnaîtraient
Ni vous ne figerez les plis de mon eau froide,
Gel du poème, Ou son fouillis ne ferez roide.
— Plus que de l'épervier les demeures m'effraient,

Quand l'aurore me donne à sa serre féline,
Plus l'indiscret oiseau dont je suis la volière :
Mésange — cœur de fraise —

aux tortures encline
Qui me met en morceaux comme on casse les œufs.

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

OUVRAGES D'ART


DAMIER

Midi
    ma bouche
              un verbe haut
Et nuit pour l'air sous son empire
N'est baiser aux clartés si chaud
Qu'il étouffe un noir qu'elle expire.

Baiser ! l'étincelle à ta peau

Faste panthère ou le chat pire
D'un œil trouant ta peau drapeau
Du noir que lumière désire.

À midi qui viole, torée
Ma nuit te promenè-je écrin
Hermétique et riant sans frein.

Par la seule ortie pénétrée
A saveur d'étoile

               or ne crains
Du jour l'assiégeant visage :
Mes yeux couleur du paysage.

p.36

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

QUATRE À QUATRE


PAYSAGE

Un ciel t'allonge Nymphe obscène
Que chatouille du vert vivant.
     Où moi prendre racine ?
                         et pour quel coin savant

Les fruits, déchiffrés, de mes haines.

p.75

Larronde  Olivier
Larronde Olivier

QUATRE À QUATRE


EXEMPLE

Ayons des extrémités dures
L'œil d'un phosphore s'éclairant
Pour écorcher un jour peu franc
Et s'accrocher aux vraies natures.
                       UN CHAT

p.74