Gustav Mahler
Gustav Mahler

Je me sens trois fois apatride : Bohémien parmi les Autrichiens, Autrichien parmi les Allemands, Juif dans le monde entier.

(citation reprise dans "Mahler la symphonie-monde", C. Wasselin, Découvertes Gallimard)

Gustav Mahler
Gustav Mahler

Lorsque je veux qu'un son soit menaçant en le retenant et en le tourmentant sans cesse, je l'écris non pour un instrument capable de l’exécuter aisément, mais pour celui à qui il demandera un effort important. Il ne pourra le produire que de manière difficile et contrainte. Fréquemment, je l'oblige à dépasser les limites habituelles de sa tessiture. Ainsi, les contrebasses et les

bassons doivent piaffer dans l'aigu, les flûtes s’essouffler dans le grave.

(citation reprise dans "Mahler - la symphonie-monde", Christian Wasselin, Découvertes Gallimard)

Gustav Mahler
Gustav Mahler

Les hommes raisonnables, je ne peux pas les supporter . Je n'aime que ceux qui exagèrent .

Gustav Mahler
Gustav Mahler

Richard Strauss à Gustav Mahler
Berlin,le 15 mars 1906

Cher ami,
(...)
Je n'ai donné mon accord qu'avec réticence et à contre-coeur, il est dur pour moi de vous enlever ainsi la première viennoise, mais finalement, avec les énormes difficultés que vous devez rencontrer, un grand succès de "Salomé" avec ceux de Bratislava me paraît presque le seul moyen

d'empêcher les cercles en question à la cour de faire obstacle à son entrée à la Hofoper.
J'espère que vous ne m'en voulez pas malgré tout ; si cela était le cas, je révoquerais ma décision aujourd'hui même ; mais surtout, ne posez pas la question de confiance à cause de "Salomé" ! Nous avons trop besoin d'un artiste qui ait votre énergie, votre génie, vos opinions à la place

que vous occupez, pour que vous risquiez quoique ce soit à cause de "Salomé" ! Cela marchera malgré tout en fin de compte !
Merci mille fois encore pour tout et recevez, ainsi que votre femme, les amitiés de votre toujours dévoué
Richard Strauss

Gustav Mahler
Gustav Mahler

Munich, septembre 1910 (dernière lettre de Gustav à Alma).

(...)
Ta lettre d'aujourdh'ui était tellement adorable ! et pour la première fois depuis huit semaines - à vrai dire, de toute ma vie- je ressens le bonheur comblé que confère à celui qui aime de toute son âme et se sent aimé en retour. Après tout, mon rêve s'est réalisé : "J'ai quitté le Monde, mais j'ai

trouvé mon port !". Mais, Almschi, tu dois me le répéter toujours - car je sais que demain, je ne le croirai plus ! Car c'est un bonheur qui ne connaît aucun répit.
(...)

Gustav Mahler
Gustav Mahler

Entre les brefs moments de la vie d’un homme de génie, où ces défis trouvent une réponse, il y a ces grandes étendues désertes d’existence, qui oppressent l’âme d’aspirations inassouvies. Et c’est justement cette lutte incessante et ces tourments qui donnent du caractère à la vie de ces quelques personnes. (…) Ce qu’un homme fait de lui-même — ce qu’il devient à

travers son effort incessant pour vivre et pour être — voilà ce qui est permanent.

Gustav Mahler
Gustav Mahler

de Vienne à Tobelbad, mai 1910

Ma chère Almchili,

Lorsque je t'ai complimentée, le dernier matin à Tobelbad, sur ton apparence, je t'exprimais spontanément ma joie de te voir t'approcher ainsi de moi, si douce et si charmante. Tu le sais bien pourtant... dans l'art comme dans la vie, je suis entièrement à la merci du spontané. Si je DEVAIS, si j'étais OBLIGE de

composer, je ne pourrais sûrement pas trouver une seule note.
(...)

Gustav Mahler
Gustav Mahler

Gustav Mahler à Richard Strauss

Vienne, le 02 octobre 1905

(A propos de "Salomé")

(...) Et maintenant, cher Strauss, je ne puis omettre de vous parler de l'impression exaltante que me fait l'oeuvre quand je la relis ! C'est absolument votre sommet jusqu'ici ! J'affirme que rien de ce que vous avez fait jusqu'ici ne peut lui être comparé. Je ne fais pas de

longs discours, vous le savez, moins pour vous encore que pour d'autres. Mais cette fois-ci, je ressens le désir de vous l'exprimer. Chaque note est à sa place ! Je le savais depuis longtemps déjà : vous êtes né pour le théâtre ! J'avoue que vous m'avez fait comprendre seulement par votre musique l'oeuvre de Wilde. J'espère pouvoir assister à la première à Dresde. - Dites-moi en un mot

si mon plan de campagne vous convient. Je vous donne ma parole que j'emploierai tous les moyens et que je n'aurai de cesse de défendre ce chef-d'oeuvre original et incomparable.
En toute hâte et amicalement
votre
Gustav Mahler