Guennadi Gor
Guennadi Gor

Quelle angoisse …


Quelle angoisse dans un cœur simple.
Les oies mouraient dans le vent épais.
Sans branches les buissons semblaient humbles.
Les ponts indécents hors fleuve se suspendaient.
Alors la mer s’est éteinte.
Et je suis
Resté sans univers,
Comme une huile sainte.

Guennadi Gor
Guennadi Gor

Les hommes qui hantent les rêves…


Les hommes qui hantent les rêves,
Les arbres qui n’ont pas sommeil,
Les fleuves qui ragent et ragent,
Les mains dont on tombe amoureux.
Ah, dévaler boule de feu,
Ou vers la trouée dans la glace.
Ou comme dans un choc de trains
Mourir oiseau contre un oiseau.

Guennadi Gor
Guennadi Gor

Don Quichotte mon ami…


Don Quichotte mon ami
Rejoins-moi à travers les années
Et que les eaux naïves s’écoulent
Aussi claires que tes paroles,
Inoubliable langage de joie.
Don Quichotte mon ami
Traverse l’automne avec ton printemps
Et la tristesse avec ton bonheur affligé
Qu’importe que ce soit difficile,
Pénible

et douloureux, qu’importe !
Efface vite l’automne.
Et que les arbres les enfants
Se mettent à chanter comme des oiseaux,
Et qu’un joyeux tonnerre
Illumine notre maison.
Apporte-nous un peu de ta grandeur,
Tes lèvres ayant bu la vérité,
Et nous te pardonnerons ton air ridicule
Et d’avoir pris les moulins pour des géants.

Rejoins-moi Don Quichotte,
Nous boirons dans le même verre,
Et le ruisseau de tes paroles
Comme une eau vive ranimera les morts.
Un sapin m’a soufflé à l’instant :
Don Quichotte c’est le printemps.

Guennadi Gor
Guennadi Gor

J’ai franchi un rêve et suis sorti à droite.
Le rêve à travers moi, l’enfance à travers un cri.
Et maman à travers les doigts, le cœur. Tant de hâte.
Et tout au bord, c’est une jeune fille que j’ai franchie.
Je suis arrivé là à travers sa jambe, ses hanches
Et sa bouche, à travers les murs et Dieu,
Telle une taupe à travers les trous et la

mer en feu.
Et me voici comme un cri, une aiguille, comme maman,
Traversée la bouche. Et me voici fou innocent,
Pur esprit franchissant un rêve, un chêne, comme une aiguille,
Franchissant l’aube et les années, comme une plaie radieuse,
Pur esprit traversant un nombril de jeune fille.

1942

Guennadi Gor
Guennadi Gor

Quelle angoisse dans un cœur simple.
Les oies mouraient dans le vent épais.
Sans branches les buissons semblaient humbles.
Les ponts indécents hors fleuve se suspendaient.
Alors la mer s’est éteinte.
Et je suis
Resté sans univers,
Comme une huile sainte.

Guennadi Gor
Guennadi Gor

Battant des ailes …


Battant des ailes un corbeau peint dans le ciel.
Guinzburg dans les buissons épie Arina avec ses jumelles.
Voici que son corps blanc tel un lit de plumes se révèle,
D’une main potelée elle a jeté son jupon dans la corbeille,
Voici que l’autre main gratte ses chaudes cuisses,
Voici qu’avec ses seaux dans la rivière

elle se glisse,
Ondulant et s’ébrouant toute vive
Voici qu’elle ramène seaux et cuisses sur la rive.
Le corbeau peint toile sur toile avec ses ailes,
Guinzburg dans les buissons épie Arina avec ses jumelles.

Guennadi Gor
Guennadi Gor

Les gerbes en chantant …


Les gerbes en chantant comme des filles
Marchent ou plutôt sont un rêve debout.
L’automne et la forêt vont en visite
Sans savoir si pleurer ou rire tout à coup.
Et le ciel aussi pur qu’une rivière,
La montagne le hisse puis le lâche sans bruit.
Alors ouvrant sa bouche moutonnière
La brebis fait mine

d’avoir compris.