Tu cherches des mots fiables
Vivants et chauds comme un pouls régulier
Oiseleur ou jardinier
Au plus près des tilleuls
Au plus près des moineaux
Tu déchiffrerais l'envol
Les destins nervurés
La sève ascendante
Mais tu es là entre horloge et monde
Avec tes vieux secrets doucement douloureux
Ta pauvreté et ton élan
L'exil des mots
Calée dans la parenthèse du présent
Comme au coin d'une cheminée
Tu songes aux sureaux de ton enfance
A l'âne amical
A l'autre ciel à portée de paume
(" Chemins de poésie ")
Ici, dans l’instant de la nuit
Se soumettre aux mots
Se laisser embarquer
Au-delà des cols et des mers
Loin de Tonio Kröger* et sa roulotte verte
Au-delà des volcans et des îles d’or
Loin de la paix d’un canal flamand
Toujours plus proche de ce qui nous consumera ?
Dire la menace aux aguets
La terre sous les ongles après
la lumière ?
La soif des roses suffit à la certitude de l’ombre
L’or coule parfois dans les chants parallèles
Il y a les chevaux bleus gardiens des rêves
Et ceux qui galopent dans ma mémoire
Blancs à jamais sur une plage enneigée
Nuit chorale
Son soleil sous les paupières
Là où je suis
Là où je vous attends
Là où je
cherche des mots contrepoison
Pour que le chagrin consente un passage à la joie
* Tonio Kröger est un court roman en allemand de Thomas Mann publié en 1903. L'histoire est celle de Tonio, un garçon issu de la bourgeoisie allemande qui s'interroge sur lui-même en tant qu'adolescent ...
La joie c’est ta bohème
À vagabonder au plus près de l’écorce
Tu hausses les épaules à l’ordinaire des jours
Nulle cage pour elle
Nulle barrière
Les sens guident mieux que des preuves
Une miette de lumière
Un frémissement de feuilles quand le vent est ailleurs
Un reflet furtif sur une vitre
Reflux des voiles au fond
de nos geôles
Grains d’éternité dans le mécanisme des heures
Un chant s’élève de la mer
L’élan dans ton plexus l’ange entrevu
C’est toujours le début du monde
Et tu hausses les épaules
Ton rire auréolé d’écume
Paysages d’enfance mêlés
à la rose de Desnos
Et la plage se fait et se défait
Coquilles, étoiles, varechs
Écriture et réécriture illimitée
De la matrice du monde
Et un autre paysage affleure
Boues, ferraille, béton
Débris gris brun rouille
De l’histoire des hommes
Temps fixe lumière globale
Et
ce silence que la marée ponctue
Et ce ciel que tracent les oiseaux
Ta verticale contrant le vent
L’écran de tes pensées
Tu es aveugle quand tout se révèle sur le sable
Ne pas poser de questions
Pour ne plus attendre de réponses
Que le simple advienne enfin
L’être de peu qu’un moineau rassérène
Un buisson
d’églantines s’obstine dans une crevasse
Tu t’irrigues à la rose originelle
Sa nacre humide pour tout message
En marchant [4]
Le mensonge a soudain flamboyé dans un vitrail
Trop d’oiseaux
Trop d’or et d’azur
Trop d’étoiles
Absence des anges dans leur gloire même
Un vertige qui t’incline devant la brume à venir
Prends l’or dans ton regard
Et les étoiles dans ta nuit
Mais dès la clarté
Écoute les grandes ailes
migratoires
Leur chant d’allégeance au vent nomade
Et toi sans route déterminée
Plus pauvre qu’oiseaux
Marche sous ce ciel sans message
Ta fleur bleue à la bouche
Parallèle au fleuve
L’automne fait sa cour à l’été
Vois cet arbre rond comme un soleil feuillu
Veilles paradoxales
C’est un espace dérobé à l’horloge
Délié du rêve et de l’affairement des jours
Une brèche dans un mur invisible
Présence
À des paroles sans voix pour les habiter
À des voix sans visages pour les éclairer
À un visage qui existe à peine
À l’autre visage qui s’enfuit peu à peu
Contre ma poitrine dans mon regard
À vous par ce poème qui vous cherche
À sa main entre mes paumes
Intuition de la peau dans une poignée de silence
Une pincée de mots qui voudraient s’approcher
Quelques flocons ballottés par l’incertitude
Et des débris d’étoiles tombés de la nuit
Mes balbutiements à l’encre violette qu’un
écran immacule
À la sortie de clôture
Restent des lueurs
Et ce peu de neige mauve
Autour d’une étoile vacante
Extrait 2
Et l’équinoxe a jalousé le bleu
J’en ai retenu l’écume et l’or des brisures
Puis la mer s’est calée contre le ciel
Son lourd saphir épousant l’étoile sereine
Phréatiques disiez-vous
De ces voyages au pays de l’Autre
Mais c’est un agrégat de feu noir
Modelé
de minuits en douleurs
D’aubes en étreintes
L’ombre qui me porte et me traverse
L’étoile souveraine sait cela
*
Oh incertitude éclairée d’astres morts
Nuit que rédimerait une comète
Autour d’une étoile vacante
Extrait 1
Une gerbe d’étoiles variables
Vague dans un bain d’azur
Je la nomme Pérenne
Cette constellation
Née d’un instant croisant un regard
Je vous l’adresse
Voici donc une offrande
Patiente et lente
Où peut-être se répondraient nos voix
Et ma mémoire dérive au
ciel d’été
Je buvais la rosée
À même la source de l’iris
Au creux des chiffons de pétales
Voix jaillie par-delà le langage
En un appel qui invoquerait un dieu si…
Vie soudain trop grande à contenir
…