Fethiyé Cetin
Fethiyé Cetin

De nombreux enfants étaient déjà morts sur la route, mais Isquhi avait jusque-là réussi à sauver les siens. Epuisés, crevant de faim et de soif, ils furent bientôt incapables de faire un pas de plus. Ils se sont effondrés là où ils étaient.

Fethiyé Cetin
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Il y a tellement de précipices appelés "précipices arméniens", il y a tellement de ruisseaux où ont a jeté les gens après les avoir égorgés… Il y a tellement d'exemples… Comme ces gens dont les têtes ont été écrasées avec des pierres. Il faut maintenant que nous regardions en face cette sauvagerie, hors du commun, inhumaine.

Fethiyé Cetin
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(…) les grands pensent toujours qu'ils arrivent à cacher certaines choses aux enfants, mais les enfants entendent tout, comprennent tout.

Fethiyé Cetin
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"Mes enfants n'ayez pas peur des morts, ils ne peuvent pas vous faire de mal. Le mal vient toujours des vivants, pas des morts."

Fethiyé Cetin
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La cérémonie des obsèques se déroula en présence de la foule des fidèles qui sortait de la prière. Le religieux déclara à voix haute : « Que dieu pardonne ses péchés », puis demanda par trois fois « Accordez-vous votre pardon ? » L’assistance présente dans la cour répondit : « Oui, nous lui pardonnons ». Je n’ai pas pu empêcher ma voix de s’élever « Qu’elle nous

pardonne… Qu’elle nous pardonne… C’est à elle de nous pardonner… de nous pardonner à tous ! » Tous dans l’assistance me regardaient stupéfaits, pourtant la plupart n’avaient pas saisi le sens de mes paroles.

Fethiyé Cetin
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Elle s'appelait Héranouche. Elle était la petite-fille de Haïrabed Gadarian, l'unique fille d'Iskouhi et Hovhannès Gadarian. Jusqu'en classe de quatrième, elle a vécu une enfance heureuse à Havav, un village de la région de Poulou. Soudain les jours de tereur sont arrivés, elle disait : "Que ces jours aillent et ne reviennent plus jamais". Héranouche a perdu toute sa famille, elle ne les

a plus jamais revus. Elle a eu une nouvelle famille, un nouveau nom. Elle a oublié sa langue et sa religion, elle a appris une nouvelle langue et adopté une nouvelle religion. Tout au long de sa vie, elle ne s'en est jamais plaint, mais elle n'a jamais oublié son village, sa mère, son père, son grand-père ni aucun de ses proches, jamais. Elle a vécu dans l'espoir de les retrouver, les

serrer dans ses bras, jusqu'à l'âge de quatre-vingt-quinze ans. C'est peut-être cet espoir qu lui a prêté une longue vie, elle a conservé sa lucidité jusqu'à son dernier souffle.

Ma grand-mère Héranouche nous a quitté la semaine dernière et nous l'avons accompagnée jusqu'à sa dernière demeure.

Avec la publication de ce faire-part, nous espérons retrouver ses

parents, nos parents, que nous n'avons pas pu retrouver de son vivant, partager leur peine et leur dire : "Que ces jours s'en aillent et ne reviennent plus jamais" + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10