Aubry Françon
Aubry Françon

Comme s’il n’appartenait qu’à moi, je contemple le crépuscule sur le liseré des montagnes du Soir. Une centaine de coudées plus loin, par-dessus les sapins fuligineux qui, hérissés vers le firmament, sont autant de
javelots d’un ost de païens défiant le Tout-Puissant, il surgit. Suspendu entre empyrée et glèbe, navire minéral réputé imprenable, voici le château de

Cervières.

Aubry Françon
Aubry Françon

Son sommeil ne reposait plus que sur un reliquat précaire de fragiles heures où son esprit s’obstinait à bouillir et à foisonner de myriades de champs intellectuels en jachère qu’il lui incombait de cultiver. Dans cet intervalle d’hypocrite quiétude, son organisme luttait péniblement pour recharger des accumulateurs vidés et frôlant dangereusement la limite vitale.

Aubry Françon
Aubry Françon

Le pauvre hère désincarné émet un gémissement de terreur qui me fait reculer d’effarement. Impossible de savoir si c’est un mâle ou une femelle, tant la pourriture qui le dévore l’a refaçonné à son image, tel un golem servile et malléable. Les larmes aux yeux, je le contemple, pétrifié par la honte de ne pouvoir apaiser son indéniable souffrance.

Aubry Françon
Aubry Françon

Au premier plan, un auguste pont de pierre couvert de végétation se tenait en sentinelle, ainsi qu’aurait pu le faire un cerbère bloquant l’accès à un univers inconnu. Au-delà du pont, s’étendait une vaste prairie gazonnée. Sous l’action d’un suave zéphyr, elle avait ondulé pareille à un océan de verdure dont les vagues se seraient brisées au pied de la magistrale et

enchanteresse bâtisse qui avait littéralement envoûté André.

Aubry Françon
Aubry Françon

Raoul était un personnage haut en couleur. Croisement improbable du sergent Garcia et de l’inspecteur Bérurier, celui-là même qui sévissait dans la série comico-policière des San Antonio, il aurait tout aussi bien pu avoir sa place dans un vieux film de gangsters des années trente.