William Wilkie Collins
William Wilkie Collins

Si la première jeunesse de Miss Garth avait été aussi calme, aussi heureuse que ces dernières années passées à Combe -Raven, peut-être se fût-elle affaissée sous les impitoyables nécessités d'un si cruel moment; mais cette jeunesse austère avait subi la rude épreuve des chagrins familiaux.

Alberto Nessi
Alberto Nessi

PAS DE SCORPION


Extrait 1

Ce matin, je me disais : l'automne, les taches violettes de la centaurée
qui viennent à ma rencontre sur le chemin du bureau, les prés tout à
coup plus concrets, non plus perdus dans le bourdonnement méta-
physique de l'été, cette illusion d'éternité. Les verts devenus plus atten-
tifs et plus

différenciés : à l'écoute. L'aster qui sort d'entre les planches
d'une cabane de jardin, les campanules sur les tables du bar qui lui-
sent au soleil, le colchique vénéneux d'Apollinaire, "et souviens-toi
que je t'attends"... Et les quatre vaches, oubliées dans la combe au
pied des villas clés-en-main, semblent hésiter sur le parti à prendre,
tandis que

le toupin ébauche une impossible nostalgie.

p.19

Boris Zaïtsev
Boris Zaïtsev

Le plus souvent il choisissait des endroits déserts et isolés, des routes peu carrossables, des lisières, des bordures. Il y avait une combe où il allait très fréquemment, qu’il appelait le vallon de Josaphat et qui n’avait rien d’exceptionnel hormis des buissons épineux et de petites pâtures. Mais c’était un coin tellement perdu dans la campagne et si délaissé après le coucher

du soleil ! Le cheval avançait, peureux, quelques canards attardés surgissaient parfois d’un champ, l’absinthe embaumait l’air et l’on ne voyait que les confins de la dépression avec le ciel au-dessus, tel un couloir d’étoiles. On aurait pu facilement y tuer un voyageur. Mais nulle part ailleurs Kazmine ne ressentait une telle sensation, à la fois vive et voluptueuse, d’être seul

à exister…p 28

Jean-Pierre Siméon
Jean-Pierre Siméon

Rondeau
Rue Gît-le-Coeur
T'en souvient-il
Du temps passé, des longues heures
Et de nos amours juvéniles ?

Assis au coeur
d'un âge hostile
Tard dans la nuit des mots vainqueurs
S'ébauchaient des aubes fertiles
Rue Gît-le-Coeur

Où donc est-il
Ce temps mon coeur
(Rêver n'est pas un jeu futile)
Nous

savions l'avenir par coeur
T'en souvient-il ?

Francis Combe

Jean-Pierre Milovanoff
Jean-Pierre Milovanoff

Le dimanche, si le ciel ne menaçait pas, les deux hommes partaient à pied dans la montagne où Bichon, en maître des lieux, guidait Kochko par d'anciennes voies forestières vers des espaces dégagés, connus de lui seul. Il profitait du bon du jour pour contourner le pic de la Sauve qu'il vaut mieux éviter en temps d'orage et il se dirigeait vers la lointaine combe du Maure, à travers les

éboulis encombrés de glaces. Il marchait toujours le premier, la tête dans les épaules, flairant le vent et lançant de sa voix aiguë des observations sur les paysages qu'ils traversaient tandis que Kochko, vêtu de noir et coiffé de son feutre gris, le suivait comme une ombre colossale, calme et muette. Un remorqueur poussif tirant un cargo, telle était la comparaison que Bichon lui-même

avait faite et qu'il répétait à chaque promenade à la manière d'une ritournelle porte-bonheur.