Les grands révolutionnaires du XXe siècle ne font plus recette: rares sont les auteurs qui revendiquent l'héritage d'un Lénine, d'un Mao ou d'un Castro sans exiger au préalable un rigoureux droit d'inventaire. Le cas de Gandhi est tout autre. Le principal artisan de l'indépendance de l'Inde continue à inspirer le respect, et même ses détracteurs ne peuvent lui reprocher que des erreurs
tactiques, une certaine dureté avec ses deux fils aînés, ou un culte de la personnalité somme toute fort bénin. L'homme réel est d'ailleurs plus intéressant que sa légende. En restituant son parcours dans une biographie synthétique et de lecture très agréable, Guy Deleury montre bien ce mélange de force et de faiblesse, d'orgueil et d'humilité qui fit de lui un adversaire
insaisissable pour les Anglais - et un allié tout aussi imprévisible pour Nehru... Beaucoup plus pointu, l'ouvrage du militant non-violent Jean-Marie Muller se concentre sur trois thèmes: la marche du sel de 1930 et le boycott de la gabelle instituée à son profit par le gouvernement britannique; la conférence de Londres de 1931; le double combat contre le colonialisme et contre le sort
infligé aux intouchables par la société indienne. C'est parce qu'il refusait de traiter les harijans comme des chiens et les musulmans comme des ennemis qu'il fut assassiné le 30 janvier 1948. C'est aussi pour cette raison que son exemple demeurera d'actualité au XXIe siècle. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         30
Les Blancs ont introduit au pays kikuyu Dieu et les églises. En chaire, ils ont prêché l'égalité. Mais je ne vois pas d'Africains et d'Européens en train de travailler au coude à coude. Les Blancs se vouent non pas à nous mais à renforcer le colonialisme en Afrique. Ils nous font travailler pour des salaires de misère, et nous ne sommes pas admis en leur présence quand ils mangent, sauf
en qualité de serviteurs.
La gauche communautariste, elle, se méfie des lumières et de son idéal d’émancipation, qu’elle perçoit comme la poursuite d’une « mission civilisatrice ». Elle s’est bâtie dans le rejet du colonialisme et de l’imaginaire postcolonial, qu’elle croit voir à l’œuvre dans tout discours critique ou simplement laïque sur l’islam. Peu importe si ces discours ne visent que son
instrumentalisation haineuse et totalitaire, l’islam reste à ses yeux la religion du pauvre, du colonisé, du « damné de la terre ».
Mais à l’époque du colonialisme triomphant basé sur un racisme sans complexe, l’on s’est refusé de voir l’oeuvre des Noirs dans ces civilisations.
Les ethnologues, les linguistiques et les anthropologues, d’abord allemands puis belges, ont été appelés à la rescousse, car la réalité ne s’accordait pas aux théories.
La manie des classements et des étiquetages,
héritée des sciences naturelles du XVIIIe siècle, y trouva sa satisfaction. L’ethnologie a ainsi commis des torts irréparables, d’abord divisant, puis figeant les relations autrement plus complexes entre les Tutsis et les Hutus.
Toujours prêt à diviser pour régner, le pouvoir colonial a entériné ces théories avec la caution des scientifiques.
Je me suis aperçu que les Barth, Duveryier et Nachtigal étaient des solitaires, des gens très courageux qui venaient soi-disant de nations savantes, qui apportaient le progrès, qui allaient apporter le savoir. Mais peut-être pour pouvoir mieux pénétrer ces contrées difficiles, fermées et réputées dangereuses, ils y allaient seuls, sans faire étalage de force. Je me sens un peu proche
de ces personnages, même si je suis conscient qu’ils ont été complices, souvent malgré eux, du colonialisme dont j’hérite moi-même.
A l'arrivée des premiers Européens, ces régions (Afrique des Grands Lacs, Rwanda..) se caractérisaient par une occupation extrêmement dense du territoire, des monarchies brillantes, des activités artistiques très élaborées.
Mais à l'époque du colonialisme triomphant basé sur un racisme sans complexe, l'on s'est refusé de voir l'oeuvre des Noirs dans ces civilisations.
Les
ethnologues, les linguistes et les anthropologues, d'abord allemands, puis belges, ont été appelés à la rescousse, car la réalité ne s'accordait pas aux théories.
La manie du classement et des étiquetages, héritée des sciences naturelles du XVIIIème siècle, y trouva sa satisfaction.
L'ethonologie a ainsi commis des torts irréparables, d'abord divisant, puis figeant les
relations autrement plus complexes entre les Tutsis et les Hutus.