Henri Bergson
Henri Bergson

Les discussions relatives au libre arbitre prendraient fin si nous nous apercevions nous-mêmes là où nous sommes réellement, dans une durée concrète où l'idée de détermination nécessaire perd toute espèce de signification, puisque le passé y fait corps avec le présent et crée sans cesse avec lui […].

Rocco Siffredi
Rocco Siffredi

Je suis né en 1964, le 4 mai, à Ortona, un petit bourg de la côte adriatique dans les Abruzzes. Mon père était cantonnier et ma mère, comme la plupart des femmes de cette époque, était épouse et mère de cinq garçons et une fille.
Comment fut mon enfance? Normale.
Maintenant que je suis un adulte, je sais ce que veut dire être père, et je mesure tous les sacrifices qu'ont

dû faire mes parents pour nous donner une vie digne. Et ils faisaient bien plus que cela. Je suis encore ému par le souvenir de leur délicatesse et la générosité de leur attitude vis-à-vis de leurs enfants. Ils s'arrangeaient toujours pour que nous ne nous apercevions pas que l'argent était épuisé ou qu'ils mangeaient tout autre chose que ce qui se trouvait dans nos assiettes.

Gilly Macmillan
Gilly Macmillan

Je n'avais pas conscience que notre esprit pouvait tomber malade sans que nous nous en apercevions : progressivement, insidieusement, irrévocablement.

Georges Makana Clark
Georges Makana Clark

Il n'y avait rien ici, et nous partîmes aussi vers le sud, foulant un sol durci par la sécheresse; plus de mille hommes, femmes et enfants, sans compter les fantômes- une armée des travailleurs du cuivre. Parfois, nous apercevions d'autres marcheurs au loin. L'Afrique est le continent des peuples qui marchent. P. 41

Akira Yoshimura
Akira Yoshimura

Au fond du ravin bordé par les versants dénudés de la montagne serpentait un torrent aux reflets métalliques. Et le long de cette eau resplendissante, nous apercevions tout en bas discrètement blotti, le groupe de maisons dont nous avions entendu parler. Le hameau existait bien et se trouvait réellement à nos pieds.

Józef Czapski
Józef Czapski

( Russie, 1941 )
Voyage extraordinaire : gares pleines de monde ; partout des Polonais relâchés des prisons et des camps, en haillons, vêtus de " foufaïkis " ( veste ouatée ) en lambeaux, barbus, avec des yeux brillants et heureux, un peu grisés par la joie. Tout ce monde vient d'Arkhangelsk, de la presqu'île de Kola, de Vorkouta, etc., et se dirige vers le sud-est pour rejoindre

l'armée polonaise.
( . . . )
Le 6 septembre, nous sommes continuellement arrêtés sur les voies encombrées ou dans les gares. A Inda, je vois sur le quai, une jeune fille se frayer un passage dans la foule. C'est une Polonaise typique au teint frais, au cheveux dorés sagement tirés, portant une petite blouse blanche très modeste mais fraîchement lavée et repassée. Elle se

détache nettement sur le fond de cette foule en guenilles, misérable, sale, aux visages gris d'épuisement, de crasse et d'un manque de soins permanent.
Nos hommes l'entourent ; c'est la première fois depuis deux ans qu'ils voient un jeune fille de chez eux. Ils lui posent des questions d'une voix émue et pleine d'admiration, presque de vénération. Ils lui demandent d'où elle vient,

ce que sont devenus ses proches. On dirait que chacun de ces hommes mendie timidement le droit de toucher ses cheveux, ses mains, comme s'ils ne pouvaient croire à la réalité de cette apparition.
( . . . )
Nous tentâmes de former des bataillons sans entraînement militaire, des bataillons de travail pour creuser des fossés. On y enrôlait les hommes les plus mal en point, ceux

dont aucune unité ne voulait. Ces gens, c'est-à-dire la masse humaine qui végétait dans des conditions les plus lamentables aux alentours du camps, n'avaient même plus la force de prendre soin d'eux-mêmes. Les uns habitaient une baraque à moitié démolie et sans vitres ; les autres s'abritaient sous des tentes qu'ils arrivaient à peine à monter et qu'ils ne savaient pas entourer de

fossés pour drainer l'eau et les préserver du vent. Assis par terre, ces pauvres vieux grelottaient de froid dans leurs lamentables haillons. J'en vis qui, désespérés , versaient de grosses larmes d'enfants. Il y avait parmi eux des hommes qui avaient réussi à se procurer les adresses de leurs familles et qui suppliaient qu'on leur permit d'aller les retrouver, puisqu'ils étaient

eux-mêmes plutôt une charge pour l'armée. Mais des difficultés " de principe " s'élevèrent alors et la bureaucratie remporta de nombreuses victoires.
On essaya le les secourir d'une manière qui semblait réelle et humaine. Dans les environs de Totsk, il y avait un assez grand nombre de kolkhozes ; plusieurs étaient aisés mais manquaient de main-d'œuvre. En allant à Bouzoulouk,

nous avions pu voir des champs de pommes de terre non récoltées et des gerbes de froment en train de pourrir. On décida donc d'envoyer les hommes les plus faibles dans les kolkhozes où le travail était plus facile. Il était évident que l'hiver approchait à grand pas et qu'il fallait normalement s'attendre dans ces régions à des froids de 30 à 40 degrés auxquels les malheureux ne

pourraient pas survivre sous leurs légères tentes.
Dès que les kolkhozes des environs apprirent qu'ils pourraient trouver des ouvriers, leurs agents nous assaillirent en nous promettant monts et merveilles.
Je vois encore le départ pour la gare de deux groupes composés principalement de pauvres Juifs, vêtus de guenilles, à peine chaussés, quelques-uns appuyés sur de grands

bâtons, sur des branches mortes. L'un d'eux était enroulé dans une vieille couverture ouatée. Le soir tombait et il pleuvait. On leur fit un petit discours ému, en leur disant qu'un Polonais ne devait pas seulement être un bon soldat, mais aussi un travailleur honnête et qu'on ne les considérait que comme des soldats momentanément en congé. Ils répondirent avec un élan de

reconnaissance, suppliant de ne pas les oublier, de continuer à leur venir en aide ; dans ces exclamations et ces prières désordonnées, il y avait le réflexe de pauvres êtres éperdus qui voyaient dans la Pologne et les autorités polonaises leur seul espoir de salut.
Les premières nouvelles sur le sort de ces hommes ( nous en eûmes bien d'autres analogues, ensuite ) nous

arrivèrent par deux d'entre eux qui, fuyant leur kolkhoze, vinrent nous retrouver. Ils nous racontèrent qu'on leur avait refusé tout logement et qu'on les faisait passer la nuit dehors sous la pluie battante. Le hangar qui leur était destiné étant rempli de blé, on les avait mis en demeure, soit de déblayer les quelques 60 tonnes qui se trouvaient là, soit de passer la nuit à la belle

étoile. Or, c'était déjà l'époque des grandes pluies glaciales.
Mauvaise volonté spéciale à l'égard des Polonais ? Pas du tout - façon normale de traiter l'homme, fût-il citoyen soviétique ; gaspillage. Là-bas, on n'a pas plus de respect de la vie humaine que le respect du blé, témoin ce grand tas de grain que nous apercevions de notre wagon chaque fois que nous allions de

Totsk à Bouzoulouk. Il y avait là plusieurs tonnes traînant sur le quai d'une gare, exposées à la pluie et à la neige, sous la garde d'un soldat rouge. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          30

Hubert Mingarelli
Hubert Mingarelli

"Une fois debout, il leva les bras. Pas une plainte, pas un mot, nous n'entendîmes rien. Comme s'il s'y attendait. Dans son regard non plus, nous ne vîmes rien, ni peur ni désespoir. A peine si à travers son foulard nous l'entendions respirer. Le peu que nous apercevions de lui, c'étaient ses yeux sous le bonnet en laine. Ils étaient sales et cernés, mais pas encore assez pour cacher son

âge. Ils étaient fatigués, mais encore pleins d'éclat".