Georges Cuvier
Georges Cuvier

Au onzième siècle l'Europe ne recevait guère de lumières que des Arabes d'Espagne. La plupart des chrétiens qui cherchaient à s'instruire, surtout en médecine, se rendaient dans leurs écoles. Gerbert, archevêque de Reims, l'un des grands hommes du siècle, et qui devint pape sous le nom de Sylvestre II, avait fait ses études à Cordoue. C'est par lui que fut introduit chez les chrétiens

l'usage des chiffres arabes, si commodes pour les calculs. […] Les écoles des Arabes avaient une supériorité trop remarquable, pour qu'elles ne devinssent pas le modèle de celles qui furent établies plus tard en France et ailleurs.

Auguste Comte
Auguste Comte

« La division du travail intellectuel, perfectionnée de plus en plus, est un des attributs caractéristiques les plus importants de la philosophie positive. [...]
Mais, tout en reconnaissant les prodigieux résultats de cette division, tout en voyant désormais en elle la véritable base fondamentale de l’organisation générale du monde savant, il est impossible, d’un autre côté, de

n’être pas frappé des inconvénients capitaux qu’elle engendre, dans son état actuel, par l’excessive particularité des idées qui occupent exclusivement chaque intelligence individuelle. [...]
De l’aveu de tous, les divisions établies pour la plus grande perfection de nos travaux, entre les diverses branches de la philosophie naturelle, sont finalement artificielles. [...]

Craignons que l’esprit humain ne finisse par se perdre dans les travaux de détail. [...]
Le véritable moyen d’arrêter l’influence délétère dont l’avenir intellectuel semble menacé, par suite d’une trop grande spécialisation des recherches individuelles, ne saurait être, évidemment, de revenir à cette antique confusion des travaux, qui tendrait à faire rétrograder

l’esprit humain, et qui est d’ailleurs, aujourd'hui, heureusement devenue impossible. Il consiste, au contraire, dans le perfectionnement de la division du travail elle-même. Il suffit, en effet, de faire de l’étude des généralités scientifiques une grande spécialité de plus. [...] »
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Julien l`Apostat
Julien l`Apostat

Les Juifs vantent beaucoup les lois de leur Décalogue. "Tu ne voleras point. Tu ne tueras pas. Tu ne rendras pas de faux témoignages." Ne voilà-t-il pas des lois bien admirables, et auxquelles il a fallu beaucoup penser pour les établir ! Plaçons ici les autres préceptes du Décalogue, que Moïse assure avoir été dictés par Dieu même. "Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai retiré de la

terre d'Egypte. Tu n'auras point d'autre Dieu que moi. Tu ne te feras pas des simulacres." En voici la raison. "Je suis le Seigneur ton Dieu ; qui punis les péchés des Pères sur les Enfants ; car je suis un Dieu jaloux. Tu ne prendras pas mon nom en vain. Souviens-toi du jour du Sabbat. Honore ton Père et ta Mère. Ne commets pas l'adultère. Ne tue point. Ne rends pas de faux témoignages, et

ne désire pas le bien de ton prochain." Quelle est la nation qui connaisse les Dieux, et que ne suive pas tous ces préceptes, si l'on en excepte ces deux, "souviens-toi du Sabbat" et "n'adore pas les autres Dieux" ? Il y a des peines ordonnées par tous les peuples contre ceux qui violent ces lois. Chez certaines nations, ces peines sont plus sévères que chez les Juifs ; chez d'autres elles

sont les mêmes que parmi les Hébreux ; quelques peuples en ont établies de plus humaines. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          60

Asoka
Asoka

Le roi ami des dieux au regard amical parle ainsi :

Douze ans après mon sacre j'ai fait graver un édit de la Loi pour le bien et le bonheur du monde. Quiconque le respectera doit obtenir de façon ou d'autre le progrès dans la Loi.

Voici comment j'entends le bien et le bonheur du monde. Comme pour mes parents, pareillement les proches et les lointains, je veux procurer

à certains le bonheur, et prends des mesures en conséquence, tout pareillement j'entends agir à l'égard de tous les groupes.

J'ai même rendu hommage à toutes les communautés avec de nombreuses marques d'hommage. Mais d'aller à elles en personne est ce que je considère comme le plus important.

Vingt-six ans après mon sacre j'ai fait graver cette inscription de la

Loi.
(...)
Le roi ami des dieux au regard amical parle ainsi :

Ce progrès de la Loi parmi les hommes a été obtenu de deux façons seulement ; par les règles de la Loi et par la méditation. Mais sur ce point les règles sont peu de chose, la méditation compte davantage. Or j'ai établi cette règle de la Loi : interdiction de tuer tels et tels êtres vivants ; bien

d'autres règles de la Loi encore ont été établies par moi. Mais c'est par la méditation que s'est obtenu le plus grand progrès de la Loi en vue de la conservation des êtres et de l'abstention de tuer les animaux.

J'ai fait cela, pour que cela dure parmi mes fils et arrière-petits-fils, autant que lune et soleil ; et qu'on y donne consentement. Car en y consentant on gagne ce

monde et l'autre.

Vingt-sept ans après mon sacre j'ai donné l'ordre de faire graver cette inscription. (pp. 167-168 & 172) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          20

Madame de Staël
Madame de Staël

Je crois donc toujours intéressant d'examiner quel devroit être le caractère de la littérature d'un grand peuple, d'un peuple éclairé, chez lequel seroient établies la liberté, l'égalité politique, et les moeurs qui s'accordent avec ses institutions.

Tchouang-tseu
Tchouang-tseu

Puisque l'univers est un, comment peut-on en parler ? Puisqu'il est appelé un, comment ne peut-on pas en parler ? L'un et son expression font deux ; ces deux et l'un (originel) font trois. Un habile calculateur qui voudrait continuer à aller ainsi n'y réussirait pas ; comment un homme ordinaire pourrait-il y parvenir ? En déduisant du néant à l'être, on obtient déjà trois idées

distinctes. A combien d'idées parviendra-t-on si l'on veut déduire de l'être à l'être ? C'est en ne déduisant pas qu'on a raison.

Le Tao n'a pas de borne ; la parole n'est pas sûre. C'est de la parole que viennent toutes les distinctions établies par l'homme. Permettez-moi de vous exposer ces distinctions. La gauche et la droite, les traités et les commentaires, les divisions

et le subdivisions, les discussions et les disputes : voilà les huit catégories de discours humain.

Or, tout ce qui est par-delà l'univers, le saint admet son existence, mais n'en traite pas. Tout ce qui est à l'intérieur de l'univers, le saint en traite mais ne le commente pas. Les annales de printemps et d'automne et les histoires des anciens rois, le saint les commente mais ne

les conteste pas. Derrière tout division il y a quelque chose d'indivis ; derrière toute discussion il y a quelque chose d'indiscutable. Comment cela ? Le saint embrasse le tout ; les hommes se disputent pou faire valoir leurs opinions. Ansi, il est dit : "Toute discussion implique une vision partielle."

Le Tao suprême n'a pas de nom ; le discours suprême ne parle pas ; la

bienveillance suprême exclut toute bienveillance partielle ; la pureté suprême est sans ostentation ; le courage suprême est sans cruauté.

Le Tao explicité n'est plus le Tao ; le raisonnement discursif n'atteint plus la vérité ; la bienveillance qui s'obstine est incomplète ; la pureté exclusive ne conquiert pas le cœur ; le courage qui s'accompagne de cruauté n'atteint pas

son but. Tous sont comme un cercle qui s'efforcerait de devenir un carré.

Savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut connaître, voilà le sommet du savoir. Qui sait que le discours est sans paroles et que le Tao est sans nom, celui-là possède le trésor du Ciel. Verser sans jamais remplir, puiser sans jamais épuiser, et ne pas même savoir pourquoi, voilà ce qu'on appelle «

Cacher sa lumière » (pp. 41-42) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          110

Francois Jacob
Francois Jacob

« Et en brisant le vieux mythe de la chaîne des êtres vivants, Cuvier a peut-être plus fait pour rendre possible une théorie de l'évolution que Lamarck en généralisant le transformisme du 18e siècle. Il y a, en biologie, un grand nombre de généralisations, mais fort peu de théories. Parmi celles-ci, la théorie de l'évolution l'emporte de beaucoup en importance sur les autres, parce

qu'elle rassemble, dans les domaines les plus variés, une masse d'observations qui, sans elle, resteraient isolées ; parce qu'elle lie entre elles toutes les disciplines qui s'intéressent aux êtres vivants ; parce qu'elle instaure un ordre dans l'extraordinaire variété des organismes et les lie étroitement au reste de la Terre ; bref, parce qu'elle fournit une explication causale du

monde vivant et de son hétérogénéité. La théorie de l'évolution se résume essentiellement en deux propositions. Elle dit d'abord que tous les organismes, passés, présents ou futurs, descendent d'un seul, ou de quelques rares systèmes vivants qui se sont formés spontanément. Elle dit ensuite que les espèces ont dérivé les unes des autres par la sélection naturelle des meilleurs

reproducteurs. Pour une théorie scientifique, celle de l'évolution présente le plus grave des défauts : comme elle se fonde sur l'histoire, elle ne se prête à aucune vérification directe. Si elle n'en a pas moins un caractère scientifique, par opposition au magique ou au religieux, c'est qu'elle reste soumise au démenti que peut lui apporter l'expérience. La formuler, c'est prendre le

risque d'être un jour contredit par quelque observation. Mais jusqu'ici, la plupart des généralisations qu'a établies la biologie ne font que refléter certains aspects de la théorie de l'évolution et la confirmer. C'est le cas notamment de toute une série de propositions du genre : tous les êtres vivants sont constitués de cellules ; tous les êtres vivants utilisent les mêmes

isomères optiques ; l'information génétique d'un organisme est contenue dans l'acide désoxyribonucléique ; l'énergie nécessaire à un être vivant lui est fournie par des réactions (…). » + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          80

Jack Vance
Jack Vance

Les nombreux tournants décisifs de l'histoire des civilisations, les grands changements qui avaient ébranlé les fondations des coutumes bien établies n'avaient-ils pas pour origine quelque incident insignifiant – un homme fortuitement habile, une négligence passagère, un relâchement ou une défaillance des autorités au moment crucial ?

Jacques Rancière
Jacques Rancière

Dans son principe, comme dans son origine historique, la représentation est le contraire de la démocratie. La démocratie est fondée sur l'idée d'une compétence égale de tous. Et son mode normal de désignation est le tirage au sort, tel qu'il se pratiquait à Athènes, afin d'empêcher l'accaparement du pouvoir par ceux qui le désirent.

La représentation, elle, est un principe

oligarchique: ceux qui sont ainsi associés au pouvoir représentent non pas une population mais le statut ou la compétence qui fondent leur autorité sur cette population: la naissance, la richesse, le savoir ou autres.

Notre système électoral est un compromis historique entre pouvoir oligarchique et pouvoir de tous: les représentants des puissances établies sont devenus les

représentants du peuple, mais, inversement, le peuple démocratique délègue son pouvoir à une classe politique créditée d'une connaissance particulière des affaires communes et de l'exercice du pouvoir. Les types d'élection et les circonstances font pencher plus ou moins la balance entre les deux.

L'élection d'un président comme incarnation directe du peuple a été inventée

en 1848 contre le peuple des barricades et des clubs populaires et réinventée par de Gaulle pour donner un «guide» à un peuple trop turbulent. Loin d'être le couronnement de la vie démocratique, elle est le point extrême de la dépossession électorale du pouvoir populaire au profit des représentants d'une classe de politiciens dont les fractions opposées partagent tour à tour le

pouvoir des «compétents» + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10

Edgar Wallace
Edgar Wallace

On connaissait Manfred à Londres sous le nom de « Señor Fuentes », éminent criminologiste, et pour jouer leurs rôles de savants espagnols, les deux hommes possédaient des lettres de créance parfaitement en règle établies par le ministre de la Justice espagnole.