Guillaume d`Aquitaine
Guillaume d`Aquitaine

Dans la douceur du Renouveau
Viennent les feuilles, et les oiseaux
Chantent, chacun en son langage,
Selon le son du nouveau chant :
Il est donc bon que l'on jouisse
De ce que l'on désire le plus.

Guillaume d`Aquitaine
Guillaume d`Aquitaine

Je ferai une chanson neuve
Avant qu'il vente, gèle et pleuve
Ma dame me sonde et éprouve
La manière dont je l'aime.
Jamais, quelque discorde en vienne,
Je ne me délierai d'elle.

Guillaume d`Aquitaine
Guillaume d`Aquitaine

Je connais raison et folie
Je connais la honte et l'honneur
Je sais le courage et la peur ;
Si un jeu d'amour m'est offert,
Niais en rien
Je saurai choisir le meilleur
Non les mauvais.

Guillaume d`Aquitaine
Guillaume d`Aquitaine

Farai un vers de dreit nien :
Non er de mi ni d’autra gen,
Non er d’amor ni de joven,
Ni de ren au,
Qu’enans fo trobatz en dormen
Sus un chivau.

Je fais un chant de pur néant :
Il n’est de moi ni de nul autre,
Il n’est

d’amour ni de jeunesse,
Ni de rien d’autre,
Puisqu’il fut trouvé en dormant
Sur un cheval.

Guillaume d`Aquitaine
Guillaume d`Aquitaine

Chanson



Tout éjoui je ressens en amour

Une joie que je veux éprouver plus vive,

Et puisque à cette joie je veux m’en tenir

Je dois faire tout mon possible

Auprès de la plus belle entre les dames

Que l’on peut voir et entendre.



Vous le savez, je n’ai de quoi me faire valoir

Et je ne sais m’envelopper de grands éloges.

Mais si jamais une joie peut fleurir,

Par-dessus toutes celle-là doit donner grain

Et sur les autres l’emporter en éclat

Comme le soleil éclaire un sombre jour.



Jamais homme ne put en imaginer

Une telle, ni en vouloir ni en désir,

Ni en pensée ni

en songe ;

Une telle joie ne peut trouver son égale

Et qui s’aviserait de la louer

N’aurait trop d’un an pour y parvenir.



Toute joie lui doit soumission,

Et tout pouvoir obéissance

A ma dame, pour son bel accueil

Et pour son égard si plaisant ;

Et il gagne plus de cent ans de vie


L’homme dont s’empare cette joie d’amour.



Par sa joie peut guérir les malades,

Par sa colère les bien-portants faire mourir,

D’un homme sage faire un fou,

D’un homme beau la beauté changer,

Le plus noble rendre vilain

Et du plus vilain faire un noble.



Puisque plus gente

on ne peut trouver

Ni voir de ses yeux ni dire de sa bouche,

Près de moi je la veux retenir,

Pour rafraîchir l’intérieur de mon cœur,

Pour rendre jeunesse à ma chair

Et l’empêcher de s’envieillir.



Si ma dame veut m’accorder son amour,

Je suis prêt à le prendre avec reconnaissance,


A le tenir secret et à le choyer,

A ne dire et faire que pour son plaisir,

A tenir grand cas de ce qu’il vaut

Et ses louanges faire retentir.



Je ne lui ai rien fait savoir par autrui

Tant j’ai peur qu’aussitôt elle se fâche,

Et pour moi non plus, tant je crains de faillir,

Je n’ose

lui déclarer mon amour ;

Mais c’est elle qui doit choisir au mieux pour moi,

Puisque je sais qu’elle seule me peut guérir. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10

Guillaume d`Aquitaine
Guillaume d`Aquitaine

Je ferai chansonnette neuve
Avant qu'il vente, gèle ou pleuve.
Ma dame me tente et m'épreuve
Pour savoir quel amour me tient.
Malgré les peines qui m'émeuvent
Je ne dénoue pas ses liens.



Je me rends à elle et me livre.
Elle peut m'inscrire en ses livres.
Ne croyez pas que je sois ivre,
Désir de ma
Dame me

tient.
Sans elle je ne peux pas vivre.
De son amour j'ai si grand faim !



Vous êtes plus blanche qu'ivoire,
Je vous adore et vous veux boire.
Je veux bien mourir de mort noire



Si je n'ai secours d'amour vrai.
Par la tête de saint
Grégoire
Au lit ou sous l'arbre, un baiser !



Que

gagnerez-vous jolie
Dame À me tenir loin de votre âme ?
Ne jouez pas la sainte femme !
Sachez donc, tant je vous chéris,
Que je crains dur tourment de larmes
Si vous n'entendez pas mon cri.



Je sombrerai en patenôtres
Si vous ne me tenez pour vôtre.
Toute la joie du monde est nôtre
Bonne dame, si vous m'aimez.
Je te

prie, mon ami
Daurostre
De chanter ces vers sans bramer !



Car pour elle j'ai froid, je tremble
Tout amour en elle s'assemble.
Il n'en est point qui lui ressemble
Dans la lignée du père
Adam. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00