Margaret Cho
Margaret Cho

C'est pas vrai que je vais mourir parce que j'ai échoué à être quelqu'un d'autre. Je vais réussir comme moi-même. Et je resterai ici et je rockerai le micro jusqu'à ce que la prochaine coréenne-américaine, fille à tapettes, fouteuse de merde, femme comique vienne prendre ma place!

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Non, non, non, dix millions de fois non, musiciens, poëtes, prosateurs, acteurs, pianistes, chefs d’orchestre, du troisième ou du second ordre, et même du premier, vous n’avez pas le droit de toucher aux Beethoven et aux Shakespeare, pour leur faire l’aumône de votre science et de votre goût.

Non, non, non, mille millions de fois non, un homme, quel qu’il soit, n’a pas

le droit de forcer un autre homme, quel qu’il soit, d’abandonner sa propre physionomie pour en prendre une autre, de s’exprimer d’une façon qui n’est pas la sienne, de revêtir une forme qu’il n’a pas choisie, de devenir de son vivant un mannequin qu’une volonté étrangère fait mouvoir, ou d’être galvanisé après sa mort. Si cet homme est médiocre, qu’on le laisse

enseveli dans sa médiocrité ! S’il est d’une nature d’élite au contraire, que ses égaux, que ses supérieurs mêmes, le respectent, et que ses inférieurs s’inclinent humblement devant lui.

Sans doute Garrick a trouvé le dénoûement de Roméo et Juliette, le plus pathétique qui soit au théâtre, et il l’a mis à la place de celui de Shakespeare dont l’effet est

moins saisissant ; mais en revanche, quel est l’insolent drôle qui a inventé le dénoûement du Roi Lear qu’on substitue quelquefois, très-souvent même, à la dernière scène que Shakespeare a tracée pour ce chef-d’œuvre ? Quel est le grossier rimeur qui a mis dans la bouche de Cordelia[26] ces tirades brutales, exprimant des passions si étrangères à son tendre et noble cœur ? Où

est-il ? pour que tout ce qu’il y a sur la terre de poëtes, d’artistes, de pères et d’amants, vienne le flageller, et, le rivant au pilori de l’indignation publique, lui dise : «Affreux idiot ! tu as commis un crime infâme, le plus odieux, le plus énorme des crimes, puisqu’il attente à cette réunion des plus hautes facultés de l’homme qu’on nomme le Génie ! Sois maudit !

Désespère et meurs ! Despair and die ! !» + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Auguste Comte
Auguste Comte

L'esprit n'est pas destiné à régner, mais à servir : quand il croit dominer, il rentre au service de la personnalité, au lieu de seconder la sociabilité, sans qu'il puisse nullement se dispenser d'assister une passion quelconque. En effet, le commandement réel exige, par-dessus tout, de la force, et la raison n'a jamais que de la lumière ; il faut que l'impulsion lui vienne d'ailleurs.

Emile Durkheim
Emile Durkheim

L'ensemble des règles morales forme vraiment autour de chaque homme une sorte de barrière idéale, au pied de laquelle le flot des passions humaines vient mourir, sans pouvoir aller plus loin. Et, par cela même qu'elles sont contenues, il devient possible de les satisfaire. Aussi, que, sur un point quelconque, cette barrière vienne à faiblir, et aussitôt, par la brèche ouverte, les forces

humaines jusque-là contenues se précipitent tumultueusement; mais, une fois lâchées, elles ne peuvent plus trouver de terme où elles s'arrêtent; elles ne peuvent que se tendre douloureusement dans la poursuite d'un but qui leur échappe toujours. Que, par exemple, les règles de la morale conjugale perdent de leur autorité, que les devoirs auxquels les époux sont tenus l'un envers l'autre

soient moins respectés, et les passions, les appétits que cette partie de la morale contient et réglemente se déchaîneront, se dérégleront, s'exaspéreront par ce dérèglement même; et, impuissantes à s'apaiser parce qu'elles se seront affranchies de toutes limites, elles détermineront un désenchantement, qui se traduira d'une manière visible dans la statistique des suicides.

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Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Jusqu’à la Révolution, la paroisse rurale de France conserve dans son gouvernement quelque chose de cet aspect démocratique qu’on lui avait vu dans le moyen âge. S’agit-il d’élire des officiers municipaux ou de discuter quelque affaire commune : la cloche du village appelle les paysans devant le porche de l’église ; là, pauvres comme riches ont le droit de se présenter.

L’assemblée réunie, il n’y a point, il est vrai, de délibération proprement dite ni de vote ; mais chacun peut exprimer son avis, et un notaire requis à cet effet et instrumentant en plein vent recueille les différents dires et les consigne dans un procès-verbal.

Quand on compare ces vaines apparences de la liberté avec l’impuissance réelle qui y était jointe, on

découvre déjà en petit comment le gouvernement le plus absolu peut se combiner avec quelques-unes de formes de la plus extrême démocratie, de telle sorte qu’à l’oppression vienne encore s’ajouter le ridicule de n’avoir pas l’air de la voir. Cette assemblée démocratique de la paroisse pouvait bien exprimer des vœux, mais elle n’avait pas plus le droit de faire sa volonté que

le conseil municipal de la ville. Elle ne pouvait même parler que quand on lui avait ouvert la bouche ; car ce n’était jamais qu’après avoir sollicité la permission expresse de l’intendant, et, comme on le disait alors, appliquant le mot à la chose, sous son bon plaisir, qu’on pouvait la réunir. Fût-elle unanime, elle ne pouvait ni s’imposer, ni vendre, ni acheter, ni louer, ni

plaider, sans que le conseil du roi le lui permît. Il fallait obtenir un arrêt de ce conseil pour réparer le dommage que le vent venait de causer au toit de l’église ou relever le mur croulant du presbytère. La paroisse rurale la plus éloignée de Paris était soumise à cette règle comme les plus proches. J’ai vu des paroisses demander au conseil le droit de dépenser 25 livres.


Les habitants avaient retenu, d’ordinaire, il est vrai, le droit d’élire par vote universel leurs magistrats ; mais il arrivait souvent que l’intendant désignait à ce petit corps électoral un candidat qui ne manquait guère d’être nommé à l’unanimité des suffrages. D’autres fois il cassait l’élection spontanément faite, nommait lui-même le collecteur et le syndic,

et suspendait indéfiniment toute élection nouvelle. J’en ai vu mille exemples.
[…]
Sous l’ancien régime comme de nos jours, il n’y avait ville, bourg, village, ni si petit hameau en France, hôpital, fabrique, couvent ni collège, qui pût avoir une volonté indépendante dans ses affaires particulières, ni administrer à sa volonté propre ses biens. Alors comme

aujourd’hui, l’administration tenait donc tous les Français en tutelle, et si l’insolence du mot ne s’était pas encore produite, on avait du moins déjà la chose.

Livre II Chapitre III Comment ce qu’on appelle aujourd’hui la tutelle administrative est une institution de l’ancien régime + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          150

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait pas de croyances dogmatiques, c’estàdire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait luimême de former toutes ses

opinions et de poursuivre isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune.

Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent ainsi; car, sans idées communes, il

n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux ne vienne

quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain nombre de croyances toutes faites. Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Je crois qu’il arrivera rarement que, dans le sein d’une société démocratique, un homme vienne à concevoir, d’un seul coup, un système d’idées fort éloignées de celui qu’ont adopté ses contemporains ; et, si un pareil novateur se présentait, j’imagine qu’il aurait d’abord grand-peine à se faire écouter, et plus encore à se faire croire.

Federico Garcia Lorca
Federico Garcia Lorca

PETITE VALSE VIENNOISE

À Vienne il y a dix jeunes filles,
une épaule où sanglote la mort
et une forêt de colombes empaillées.
Il y a un fragment de matin
au musée du givre.
Il y a un salon à mille fenêtres.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse la bouche fermée.
 
Cette valse, cette valse, cette valse,
de oui, de mort

et de cognac
dont la traîne plonge dans la mer.
 
Je t’aime, je t’aime, je t’aime,
avec le fauteuil et le livre mort,
dans le couloir mélancolique,
au grenier sombre de l’iris,
dans notre couche sur la lune
et dans la danse que rêve la tortue.
Ay, ay, ay, ay !
Prend cette valse aux reins cambrés.
 
À Vienne il y

a quatre miroirs
où jouent ta bouche et tes échos.
Il y a une mort pour piano
qui peint de bleu les jeunes gars.
Il y a des mendiants sur les toits.
Il y a de fraîches guirlandes de larmes.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse qui se meurt dans mes bras.
 
Parce que je t'aime, je t'aime, amour,
dans le grenier où s'amusent les

enfants,
qui rêvent de vieux lustres de Hongrie
tandis que bruisse le tiède après-midi,
et que, sous l'obscur silence de ton front,
ils voient défiler des brebis
et des iris enneigés.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse de « l'éternel amour. »
 
À Vienne je danserai avec toi
et je mettrai un déguisement
avec une tête

de fleuve.
Vois mes rives de jacinthes !
Je laisserai ma bouche entre tes jambes,
mon âme dans les lis et les photographies;
et dans l'obscur sillage de ta marche,
je veux, mon amour, mon amour, laisser,
violon et sépulcre, les rubans de la valse.

(En souvenir de Léonard Cohen qui, dans sa chanson, TAKE THIS WALTZ, a mis ce poème en musique)

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PEQUEÑO VALS VIENES

En Viena hay diez muchachas,
un hombro donde solloza la muerte
y un bosque de palomas disecadas.
Hay un fragmento de la mañana
en el museo de la escarcha.
Hay un salón con mil ventanas.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals con la boca cerrada.

Este vals, este

vals, este vals,
de sí, de muerte y de coñac
que moja su cola en el mar.

Te quiero, te quiero, te quiero,
con la butaca y el libro muerto,
por el melancólico pasillo,
en el oscuro desván del lirio,
en nuestra cama de la luna
y en la danza que sueña la tortuga.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals de quebrada cintura.

En

Viena hay cuatro espejos
donde juegan tu boca y los ecos.
Hay una muerte para piano
que pinta de azul a los muchachos.
Hay mendigos por los tejados.
Hay frescas guirnaldas de llanto.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals que se muere en mis brazos.

Porque te quiero, te quiero, amor mío,
en el desván donde juegan los niños,
soñando

viejas luces de Hungría
por los rumores de la tarde tibia,
viendo ovejas y lirios de nieve
por el silencio oscuro de tu frente.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals del "Te quiero siempre".

En Viena bailaré contigo
con un disfraz que tenga
cabeza de río.
¡Mira qué orilla tengo de jacintos!
Dejaré mi boca entre tus piernas,

mi alma en fotografías y azucenas,
y en las ondas oscuras de tu andar
quiero, amor mío, amor mío, dejar,
violín y sepulcro, las cintas del vals. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          80

Arthur Miller
Arthur Miller

CHARLEY : Qui sait de quoi un homme est fait Biff, surtout un commis voyageur ?... Essaie d'en peser un pour voir ! Plus léger que l'air, il te filera entre les doigts, il plane bien haut dans les nuages, chevauchant sa valise d'échantillons, avec son sourire comme une armure et ses chaussures trop bien cirées comme stratégie. Qu'une tache vienne salir son chapeau, et le voilà qui

dégringole, mais qu'un vieux client perdu lui rende son sourire et le voilà reparti vers les sommets. Non, il ne dicte pas de lois, il ne construit ni maisons ni ponts ni usines, il ne donne ni médecine ni remèdes, il parle, il parle, il parle, d'une ville à l'autre, il court apporter un bon mot et la promesse d'une saison heureuse et fructueuse. Ne cherche pas à savoir de quoi il est fait

Biff, il est tissé dans cette soie impalpable dont sont tissés nos rêves, comme eux, il nous est totalement inutile et totalement indispensable ! N'essaie jamais Biff de demander des comptes à ce commis voyageur-là, remercie-le plutôt d'avoir déployé tant d'énergie pour vendre tant de vent et faire si peu de mal, remercie-le de son sourire, de son air toujours affairé, de son espoir

toujours affiché, et surtout de ses rêves, laissés en gage gracieusement à chaque membre de son aimable clientèle...

Acte II. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          180

Liu Xiaobo
Liu Xiaobo

Qui donc est ce jeune homme pris par hasard en photo
Debout devant les tanks
Il lève le bras
Bouleversant le monde entier
Mais personne si ce n'est la gueule du canon
N'a pu voir son visage
Personne n'a connu
Son nom
Et plus tard beaucoup plus tard
Sa trace a totalement disparu
Le monde avait versé pour lui des larmes
Il n'avait

plus le coeur qu'on vienne le chercher

extrait de 4 - Pour le sixième anniversaire du 4 juin