Emmanuel Le Roy Ladurie
Emmanuel Le Roy Ladurie

Quelle est d'abord l'incidence de l'hiver sur les rendements ? Pour la France, les études de météorologie agricole sont unanimes : l'hiver froid, sauf rigueur exceptionnelle, n'est pas dangereux mais, au contraire, favorable à un bon rendement des céréales. [...]
En réalité, l'hiver néfaste, pour la moitié nord de la France, n'est pas l'hiver rude, mais l'hiver pluvieux.

Arthur C. Clarke
Arthur C. Clarke

Mais le spectacle était de plus en plus étrange. Pour la première fois, Floyd se sentit nettement mal à l’aise. Jusqu’alors il n’avait pas pensé que la tache pût être autre chose qu’un phénomène naturel Ŕ un des caprices de la météorologie incroyablement complexe de Jupiter. Maintenant il se posait des questions.
C’était tellement noir, noir comme la nuit. Et

parfaitement symétrique. À mesure qu’elle approchait, il voyait que c’était effectivement un cercle parfait. Mais les contours n’étaient pas si nettement définis, le bord avait une sorte de flou, comme si la mise au point était mal faite.
Était-ce son imagination, ou avait-elle grandi depuis qu’il l’observait ? Il fit une estimation rapide, et pensa que la chose avait

maintenant deux mille kilomètres de diamètre. Elle était à peine plus petite que l’ombre d’Europe, toujours visible, mais tellement plus noire qu’on ne pouvait pas s’y tromper.

46. Compte à rebours

Fredric Jameson
Fredric Jameson

Tous ceux qui continuent de penser que la science-fiction est affaire de science voudront certainement considérer que la trilogie de Mars relève de cette catégorie. Car si d’une part les scientifiques et autres ingénieurs comptent parmi ses principaux personnages, d’autre part on trouve là des pages et des pages de courts essais consacrés à une multitude de sujets qui relèvent

assurément de la science dure, et qui pour la plupart ont trait à la terraformation : par exemple, la biochimie des roches et des solides ; la dynamique des gaz et la composition de l’atmosphère ; les aquifères et la libération de l’eau et d’autres liquides ; des micro-organismes génétiquement fabriqués et de l’ADN génétiquement reconstitué ; la radiation, la lumière, la

chaleur ; la chaîne alimentaire ; la structure de la terre ; la météorologie et la dynamique du vent et du climat ; les systèmes botaniques et de classification ; la théorie des cordes et celle des champs unifiés en physique ; la mécanique de la vitesse dans le contexte astronomique et militaire. Au cours de ces brèves et ludiques explications, Robinson parvient à capter l’attention du

lecteur ; et l’on aimerait savoir ce qu’en pensent les scientifiques, ou compulser un recueil d’articles écrits par des experts concernant son traitement de ces questions spécialisées, que je considère comme un mélange de conceptualisation fondée sur les toutes dernières recherches et de "spéculation" plus conventionnelle. Le critique littéraire, il est vrai, voudra placer ici un

rappel : le roman propose une mimèsis de la science et de l’activité scientifique, non la chose même. (…)
À mon sens, c’est la manière dont ces faits et découvertes scientifiques sont présentés qui possède la plus grande pertinence : ils sont ici mis en scène comme données et comme matériaux bruts destinés à résoudre des problèmes, plutôt que comme éléments abstraits

et contemplatifs d’une épistémologie ou d’une image scientifique du monde. Non seulement les "problèmes" – les crises, les dilemmes, les catastrophes – ont une plus grande portée dramatique que les questions de science théorique qui classiquement restent sans réponse ; mais potentiellement, ils libèrent un type d’imagination très différent, et suscitent un ensemble de

propositions et de solutions bien plus folles (…). + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Jean-Paul Kauffmann
Jean-Paul Kauffmann

Le monde du champagne a horreur du hasard, de l'accidentel, de l'imprévu. Tout ce qui échappe à l'arbitrage, à la règle ou au texte lui cause de l'inquiétude. La minutie de cet édifice, où il n'y a guère que la météorologie qui soit laissée au hasard, explique en grande partie la réussite du champagne.

Joseph Gourand
Joseph Gourand

Il y a bien des points de comparaison entre la météorologie et le climat politique d’un pays. Il est bien rare qu’un orage éclate brusquement sans que le ciel se soit obscurci auparavant de lourds nuages menaçants.

Denis Grozdanovitch
Denis Grozdanovitch

A vrai dire, il m'a toujours semblé que la météorologie climatique induisait en nous, selon les variations de l'atmosphère, une météorologie plus subtile : celle de nos états d'âme. La joie ou la gaieté, la tristesse ou la mélancolie, l'impatience, l'humeur vagabonde ou la paresse de certains jours paraissent bien en effet (du moins en majeure partie) être reliées au temps qu'il fait.

Thomas Savage
Thomas Savage

La météorologie offrait toute une palette de sujets propices à la conversation, et, dès qu'on abordait ce domaine, les gens s'en emparaient avec un enthousiasme presque hystérique, comme si chaque invité devait s'exprimer et se soulager - avant que ce thème ne soit abandonné, vidé de toute vie et de toute force, en parlant des extrêmes de la température, de l'humidité, de la pluie, de

la neige en flocons ou fondue, de la vitesse du vent, des bourrasques passées et à venir. Une fois la météo épuisée, la compagnie pouvait rester assise, muette, jusqu'à ce que le dîner soit annoncé par le carillon de porte que faisait tinter la jeune femme engagée pour le service.

Edouard Launet
Edouard Launet

En 2010, deux universitaires, Karin Becker et Olivier Leplatre, se sont mis en tête de rassembler, pour un volume futur ayant pour titre La Pluie et le Beau Temps dans la littérature française, un ensemble d'études analysant les liens que les écrivains entretiennent avec la météorologie ainsi que les modalités de leur compréhension du phénomène : anthropologiques, sociales,

scientifiques, hygiéniques, poétiques, narratives. Au moment où le livre que vous avez entre les mains partait à l'imprimerie, Becker et Leplatre en était toujours à s'interroger : "Quelle place l'écrivain accorde-t-il au temps qu'il fait? Peut-on aller jusqu'à parler chez tel ou tel écrivain d'un véritable climat qui donne une cohérence à son univers?" Nous aimerions pour notre part

ajouter deux points à cette réflexion. Un : peut-on imaginer une appréhension barométrique des œuvres littéraires, qui irait nécessairement de "Tempête" à "Très sec"? Et deux : en quoi l'air conditionné a-t-il renouvelé la littérature policière ?
Pour terminer, participons modestement à la météocritique littéraire en observant que dans Madame Bovary, Flaubert utilise

dix-huit fois le mot pluie, mais jamais aucun des mots suivants : averse, ondée, bruine ou crachin. Chez Emma, quand ça tombe, ça tombe, voilà tout. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          90

Franz Bartelt
Franz Bartelt

Sans être d'une nature dépressive, mais sujet par moments à ce que les bardes de la météorologie nationale nomment des " épisodes nuageux ", du fin fond de mon ciel de traîne où, parfois, la noirceur le dispute aux grisailles, j'ai trouvé dans le tableau de Hopper des raisons de présumer que la mélancolie pouvait être beaucoup plus présentable en couleurs. Certes, le pouvoir de la

couleur est limité. A l'intérieur de tout, il fait noir. D'ailleurs, à l'intérieur de la couleur, il fait aussi noir qu'à l'intérieur de tout. La couleur ne change rien au fond des choses. Par contre, elle encourage la forme, elle la conforte, la réconforte, lui donne bonne mine. Comme les artifices de la poésie, comme les feintes de la peinture, c'est un traitement de surface, un fard

qui, sans remédier à la disgrâce qui gouverne nos humeurs, permet de sauver les apparences.