Un peuple éclairé confie ses intérêts à des hommes instruits, mais un peuple ignorant devient nécessairement la dupe des fourbes qui, soit qu’ils le flattent, soit qu’ils l’oppriment, le rendent l’instrument de leurs projets et la victime de leurs intérêts personnels.
Je supporte de moins en moins les longs trajets par route et autoroute. Ces interminables couloirs d’asphalte, bornés par de très symboliques pointillés et réglementés par d’illusoires principes, laissent défiler des congénères transmués en fauves dégénérés. Aucune question de survie ici, juste le sentiment pitoyable de gagner quelques longueurs sur l’autre, de ne surtout pas
tolérer qu’on entrave le roulement mortifère de leur sacro-sainte machine. Et parmi ces tristes zouaves, dont on aurait vaguement pitié s’ils ne trônaient pas dans ces engins à tuer, on doit retrouver une foultitude de baveurs de tolérance qui s’offusquent à la moindre tonalité extrémiste dans le discours. A vomir. Que les chiottes universelles ravalent ces diarrhées
inconsistantes, ces colporteurs du tout-à-chier bons tout juste pour le néant des égouts. Sur le piédestal le penseur sans pitié pour l’espèce humaine, impitoyable avec ces fourbes qui se répandent. Qu’ils s’empalent sur leur permis d’être connement criminel ces fions du volant!.
Le 4 juin, un tombeau
Pour le treizième anniversaire du 4 juin
Extrait 4
Le 4 Juin, un tombeau
Un tombeau qui garderait les corps en vie
Les doigts tranchés par les baïonnettes
Les crânes transpercés par les balles
Les corps écrasés par les tanks
Les hommages aux morts poursuivis encerclés obstrués
Tandis que
les vivants
Goinfres ou débauchés
Fourbes ou tyranniques
Parvenus ou relativement aisés
À genoux ou mendiants
Sont chacun
En voie de décomposition
— Putain, Nassir, tu vas remettre ça ?
J’acquiesçai d’un hochement de tête et restai immobile, les tripes nouées par la culpabilité.
Le désespoir m’avait fait faire une énorme connerie, mais j’aurais tenté n’importe quoi pour que Key revienne. Quand je n’avais pas ce que je voulais, quand une situation m’échappait, une force dévastatrice enflait en moi
et il fallait que je trouve un exutoire à ma frustration.
La plupart du temps, c’était le sexe. Sinon, la violence.
Je n’avais jamais éprouvé le besoin de me battre avant le départ de Key, mais à présent ça m’arrivait fréquemment.Ces derniers mois, j’avais ramassé plus de fric dans ces combats improvisés que Bax à sa grande époque, pourtant j’étais loin
d’être aussi baraqué que cet ex-voleur de voitures. Non, je n’avais rien d’un hercule, contrairement à tous les mecs qui entraient dans le cercle. Mes atouts, c’était mon entraînement, ma ruse et un tel nombre de morts sur la conscience que je pouvais en ajouter un sans la moindre hésitation. En fin de compte, le gabarit de mon adversaire importait peu car, en réalité, c’était
toujours contre moi-même que je combattais.
Contre toutes ces choses que je ne pouvais pas contrôler. Contre mon besoin irrépressible de prendre sans demander, par exemple, qui foutait en l’air toutes mes chances d’avenir avec la seule personne qui comptait pour moi.
Tout ça pour dire qu’en combat je ne perdais jamais.J’envoyais au tapis des mecs trois fois comme moi. Des
colosses qui, malgré leur technique, se retrouvaient K-O, complètement à la rue, quand j’en avais fini avec eux. Des professionnels que j’éliminais d’une seule action — fatale.
Les amateurs, les bagarreurs du dimanche n’avaient pas la moindre chance contre moi, ils me posaient zéro challenge, c’est pourquoi je ne voulais me battre que contre des pros, des vrais teigneux qui
ne faisaient pas de quartier. En particulier ce soir. Je me laissais rarement aller à mes vieilles haines et au dégoût de moi-même. En règle générale, j’acceptais l’homme et le monstre que j’étais. Mais recourir à la stratégie de la terreur, aux transactions fourbes avec des entités inconnues pour essayer de ramener Key, c’était tout autre chose… Et ce dégoût qui
bouillonnait dans mes veines, pour moi, c’était un signe : il fallait que j’accepte de prendre cher. Pour elle. Je méritais même pire. Pourtant, je savais que je ne sentirais même pas le châtiment : j’étais anesthésié à l’intérieur.
Elle m’avait rembarré.
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« Elles disent, ils t’ont tenue à distance, ils t’ont maintenue, ils t’ont érigée, constituée dans une différence essentielle. Elles disent, ils t’ont, telle quelle, adorée à l’égal d’une déesse, ou bien ils t’ont brûlé sur leurs bûchers, ou bien ils t’ont brûlée sur leurs bûchers, ou bien ils t’ont reléguée à leur service dans leurs arrière-cours. Elles
disent, ce faisant, ils t’ont toujours dans leurs discours traînée dans la boue. Elles disent,ils t’ont dans leurs discours possédée violée prise soumise humiliée tout leur saoul. Elles disent , que chose étrange, ce qu’ils ont dans leurs discours érigé comme une différence essentielle , ce sont des variantes biologiques. Elles disent, ils t’ont décrite comme ils ont décrit les
races qu’ils ont appelé inférieures. Elles disent, oui, ce sont les mêmes oppresseurs dominateurs , les mêmes maîtres qui ont dit que les nègres et les femelles n’ont pas le coeur la rate le foie à la même place qu’eux, que la différence de sexe, la différence de couleur signifient l’infériorité, droit pour eux à la domination et à l’appropriation. Elles disent, oui, ce
sont les mêmes oppresseurs dominateurs qui ont écrit des nègres et des femelles qu’ils sont universellement fourbes hypocrites rusés menteurs superficiels gourmands puisillamines, que leur pensée est intuitive et sans logique, que chez eux la nature est ce qui parle le plus fort et caetera. Elles disent , oui, ce sont les mêmes oppresseurs dominateurs qui dorment couchés sur leurs coffres
pour protéger leur argent et qui tremblent de peur quand la nuit vient. » + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         00