Anne Calife
Anne Calife

Ah, les huîtres! Ne pas ignorer qu’on asperge leurs chairs écartelées d’acide. Et surtout qu’on les mange vivantes. Sous le citron les entrailles déchirées se rétractent de douleur. Mâche, déchire leurs organes palpitants. Je crois que je serais capable ce soir de manger du homard vivant. Et du crabe. Et des moules. Tous ces animaux froids, mous, lisses, encore imprégnés de la

saumure de l’océan. Crus. Vivants.

John Dickie
John Dickie

Les méthodes de la Mafia se sont affinées durant la période de croissance rapide de la culture industrielle des agrumes. Depuis le début du XVIIIe siècle, le citron était un produit d'exportation très recherché. Au milieu du XIXe siècle, sa culture a pris un essor considérable, ourlant de vert les côtes de la Sicile. Cette expansion est due en partie à deux coutumes britanniques de

l'époque : depuis 1795, la Marine royale donnait du citron à ses équipages pour prévenir ou soigner le scorbut; à une moindre échelle, l'Angleterre utilisait l'huile de bergamote, un autre agrume, pour parfumer son célèbre thé Earl Grey, dont la production commerciale avait débuté vers 1840.

Vassily Kandinsky
Vassily Kandinsky

Les couleurs claires attirent davantage l'œil et le retiennent. Les couleurs claires et chaudes le retiennent plus encore : comme la flamme attire l'homme irrésistiblement, le vermillon attire et irrite le regard. Le jaune citron vif blesse les yeux. L'œil ne peut le soutenir. On dirait une oreille déchirée par le son aigre de la trompette. Le regard clignote et va se plonger dans les calmes

profondeurs du bleu et du vert.

Vassily Kandinsky
Vassily Kandinsky

Le jaune citron vif après un certain temps blesse l’œil comme le son aigu d'une trompette déchire les oreilles. L’œil clignote, ne peut le supporter et va se plonger dans les calmes profondeurs du bleu ou du vert.

Arthur Miller
Arthur Miller

WILLY : Quarante dollars, Howard, quarante dollars par semaine, pas un sou de plus et vous l'avez à vous des pieds à la tête, jusqu'à quatre-vingt-quatre ans !
HOWARD : Comment voulez-vous, mon vieux, faire jaillir du lait d'un bœuf ? Je n'ai pas la moindre place ! [...] Willy, des gens m'attendent !
[...]
WILLY : Ne me dites pas que des gens vous attendent, moi j'ai placé

trente-quatre ans de ma vie dans le capital de cette société, et aujourd'hui Howard, après trente-quatre ans, je ne peux même pas faire face à l'échéance trimestrielle de mon assurance-vie ! On ne peut pas presser un homme comme un citron, un homme n'est pas un citron Howard, on ne peut pas en jeter la pelure après usage !

Acte II.

Edward Albee
Edward Albee

GEORGE
(ton de conversation mondaine et aimable)
Les goûts de Martha, en ce qui concerne les boissons, se sont beaucoup simplifiés, avec les années… ils se sont… épurés… Quand je lui faisais la cour –enfin… c’est une façon de parler, n’est-ce pas ?- mais, disons qu’à l’époque où je lui faisais la cour…
MARTHA (enjouée)
Où tu me prenais, mon

chéri…
GEORGE
(apporte les verres à HONEY et à NICK)
Bref, lorsque je courtisais Martha, elle commandait des breuvages incroyables. Vous ne pouvez pas savoir ! Dès que nous entrions dans un bar, c’était toujours la même histoire… Elle fronçait les sourcils, se torturait les méninges et, brusquement, c’était la trouvaille : par exemple un Alexandra avec de la

crème de cacao frappée, des cerises à l’eau-de-vie, du rhum flambé… Une explosion, quoi !
MARTHA
C’était rudement bon. J’adorais ça.
GEORGE
De vrais petits cocktails pour dames.
MARTHA
Hé ! il arrive mon alcool à brûler ?
GEORGE
(se dirige à nouveau vers le bar)
Mais, avec les années, Martha a appris à ne pas mélanger

n’importe quoi avec n’importe quoi… Maintenant, elle sait qu’on met le lait dans le café, le citron sur le poisson… et que l’alcool pur (Il tend le verre à MARTHA)… tiens, mon ange… est réservé à la très pure Martha. (Il lève son verre.) A votre santé.  + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          111

Edmund Hillary
Edmund Hillary

E. Hillary s'apprête à quitter le camp VIII à 7900 m pour monter encore:
"Puis, comme j'ai horreur de la plupart des aliments dont on nous munit pour les assauts, j'ajoute dans mon sac quelques denrées dont je suis friand: deux paquets de dattes, deux boîtes de sardines, une boîte de carton à demi remplie de miel, quelques petits paquets de citron cristallisé et, ce qui a encore plus

de prix, une boîte d'abricots au sirop. J'ai gardé toute cette nourriture depuis le camp IV et je l'ai soigneusement dissimulé aux regards avides de mes compagnons."

Dashiell Hammett
Dashiell Hammett

Enjambant les débris, le bootlegger descendit lentement les marches jusqu’au trottoir.

Reno le traita de dégueulasse et de fumier et lui colla quatre balles dans le citron et dans le bide.

Claude Simon
Claude Simon

L'aube qui se lève sur la Sibérie colore de rose les pentes d'un moutonnement de collines basses qui se succèdent à perte de vue en une vague étendue bleuâtre. Pendant des heures, elles glissent lentement au-dessous de l'avion, monotones, pareilles et désertes, sans trace de vie humaine (route, chemin de fer, ville ou hameau) tandis que peu à peu la lumière précise leurs contours

aplatis, citron bientôt sur les faces exposées au soleil, d'un bleu maintenant plutôt accusé dans les replis qui les séparent.

Tristan Tzara
Tristan Tzara

pour A. Br.


je me stérilise masque lent citron cloche
vautour se couche dans l’air noir et frisé
si je brise le vase fauche les oiseaux d’extase fixe
parmi les fruits la vitesse joue exerce l’incandescence du trident

la chaleur sort s’endort la guirlande de clous
sors petite automobile
asphalte fécondé lourdement
par

écriture d’algues et de veines de vampyre
et la flèche attire la pluie
ou la guirlande de clowns en été et en tête

monstre de mer aux décorations de fer d’autruche
scies de paquebot chatouillent les os de porcelaine
scènes d’ensemble de toutes les sensations en fête
en éventail de verre pour les douceurs exprimables