Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Sur cet immense tableau d'une nuit céruléenne, la rêverie mathématicienne a écrit des épures. Elles sont toutes fausses, délicieusement fausses, ces constellations! Elles unissent, dans une même figure, des astres totalement étrangers. Entre des points réels, entre des étoiles isolées comme des diamants solitaires, le rêve constellant tire des lignes imaginaires. Dans un pointillisme

réduit au minimum, ce grand maître de peinture abstraite qu'est le rêve voit tous les animaux du zodiaque.

Joseph Bertrand
Joseph Bertrand

L’indécision ne pouvait se prolonger : l’observation en de telles matières est, quoi qu’on fasse, la seule règle supérieure et infaillible; elle parle plus haut encore que les raisonnements les plus subtils. La théorie newtonienne, conférée aux astres eux-mêmes avec un succès toujours croissant, devait ébranler peu à peu et condamner enfin à un éternel oubli ce pompeux édifice

sans solidité comme sans fondement, qui n'a pas même laissé de ruines.

Titus Burckhardt
Titus Burckhardt

L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animée d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abîme insondable, attirée et dominée par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps célestes, incomparablement plus grands et situés à des distances inimaginables; il sait que la terre où il vit n’est qu’un grain de poussière par rapport au

soleil, et que le soleil lui-même n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrégularité dans cet enchaînement de mouvements sidéraux, l’interférence d’un astre étranger dans le système planétaire, une déviation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire

vaciller la terre au cours de sa révolution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphère et détruire l’humanité. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles étaient déchaînées, pourraient provoquer sur terre une conflagration planétaire presque instantanée. Tout cela, l’infiniment petit” et l’infiniment

grand”, apparaît, du point de vue de la science moderne, comme un mécanisme d’une complexité inimaginable, dont le fonctionnement est dû à des forces aveugles.

Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le déroulement normal et habituel des rythmes de la nature lui était garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abîmes du monde intersidéral, ni aux forces

terribles que renferme chaque corpuscule de matière. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voûte céleste avec le soleil et les étoiles, mais le souvenir des théories astronomiques l’empêche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessé de représenter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est

substitué en lui à cette vision naïve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supérieur, dont l’homme serait aussi partie intégrante. Non. Il se sent comme abandonné, privé d’appui solide face à ces abîmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-même. Car rien ne lui rappelle plus désormais que tout l’univers, en définitive,

est contenu en lui-même, non pas dans son être individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en même temps, le dépasse, lui et tout l’univers visible.

Gabriele d'Annunzio
Gabriele d'Annunzio

Les astres scintillaient, les arbres ondulaient, un jardin s’approfondissait derrière la tête de Perdita. Par les balcons ouverts, les souffles du ciel entraient dans la salle, agitaient les flammes des candélabres et les calices des fleurs, traversaient les portes, faisaient palpiter les tapisseries, animaient toute la vieille maison des Capello où la tragédienne, que les peuples avaient

couverte de gloire et d’or, amassait les reliques de la magnificence républicaine.

Auguste Comte
Auguste Comte

La plus immédiate et la plus prononcée constitue le fétichisme proprement dit, consistant surtout à attribuer à tous les corps extérieurs une vie essentiellement analogue à la nôtre, mais presque toujours plus énergique, d'après leur action ordinairement plus puissante. L'adoration des astres caractérise le degré le plus élevé de cette première phase théologique, qui, au début,

diffère à peine de l'état mental où s'arrêtent les animaux supérieurs. Quoique cette première forme de la philosophie théologique se retrouve avec évidence dans l'histoire intellectuelle de toutes nos sociétés, elle ne domine plus directement aujourd'hui que chez la moins nombreuse des trois grandes races qui composent notre espèce.

Xun zi
Xun zi

Lorsque les astres chutent ou que les arbres chantent, tous les gens du pays sont apeurés. Ils demandent pourquoi cela arrive. Je répondrais: "et pourquoi pas?"

Egon Schiele
Egon Schiele

Anarchiste-Soleil

Goûte la rougeur! Flaire les vents blancs balançant, regarde dans l'univers : soleil.
Regarde ces astres étincelant de jaune jusqu'à ce que tu te sentes bien et que tu sois forcé de clore tes paupières qui clignent. Des mondes cérébraux scintillent dans tes cavités. Laisse trembler tes doigts ardents, effleure l'élément toi qui dois chercher en

vacillant, qui es assis en t'élançant, couché en courant, qui rêves couché, veilles en rêvant. Les fièvres dévorent faim et soif et spleen, le sang s'en mêle.

Eugène Ionesco
Eugène Ionesco

Je n’étais pas révolté. Je n’étais pas résigné non plus car je ne savais pas à quoi il fallait que je me résigne ou quelle société envisager pour vivre dans la joie. Je n’étais ni triste ni gai, j’étais là, des pieds à la tête, pris dans la cosmogonie qui ne pouvait être autre que ce qu’elle était et ce n’est pas telle ou telle société qui pouvait y changer quoi que

ce fût. L’univers était donné une fois pour toutes avec ses nuits et ses jours, ses astres et le soleil, la terre et l’eau et tout changement à ce qui nous était donné dépassait les possibilités de l’imagination. Au-dessus, il y avait le ciel, la terre soutenait mes pas, il y avait les lois de la gravité et d’autres lois, tout l’ordre cosmique leur était soumis et nous, nous en

faisions partie.

Morgane Bicail
Morgane Bicail

Alors je reste là, regardant le bout de ma cigarette se consumer lentement et guettant les étoiles, espérant en voir une filante. J’en ai toujours rêvé. Voir un de ces astres semblant s’enfuir obstinément dans la nuit, comme s’il faisait le tour de la terre, pour rester dans la partie où il fait toujours sombre. Dans la partie cachée à jamais.

Mathieu Rivero
Mathieu Rivero

L'obscurité se strie de longues coulées blanches. Une par une, lentement, elles dessinent une ligne droite vers la terre, pluie drue que le temps fige en un imperceptible mouvement. Lorsqu'elles touchent le sol, une vive lueur orangée embrase l'océan et les plaines. A chaque impact, un colosse se lève, déployant sa silhouette massive contre l'horizon. La crête luminescente de l'un forme une

sorte de diadème, un autre défroisse des ailes reptiliennes, un autre encore agite ses pattes, se frotte et se secoue pour se desquamer.
Les astres marchent sur terre, êtres démesurés, lents et maladroits. Les vibrations de leurs pas se diffusent dans les airs, ébranlent chacun des grains de matière qui composent Amouko.