Larry Brown
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Domino savait que la vie se mesure parfois en intervalles qui, bien que minuscules, sont cruciaux. Ainsi, quand on baisse les yeux pendant juste une seconde pour allumer une cigarette alors qu'un véhicule arrive en sens inverse. Ou si on se torche le cul avec le billet de loterie gagnant parce qu'on a pas d'autre papier dans son portefeuille à part des billets de banque. Ou si on est trop

pressé de remonter sa braguette et qu'on coince un peu de peau tendre entre les petites dents de laiton et puis qu'on reste là tout seul devant l'urinoir sans pouvoir baisser ou monter la fermeture éclair, qu'on se débat silencieusement en essayant de ne pas hurler.

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Une chaude soirée de fin de printemps ou de début d'été, où les branches commençaient à se fondre les unes dans les autres, où tout au loin devenait moins net, jusqu'à ce que la nuit finisse par arriver, que toutes les lumières s'allument et que le jour soit une affaire classée.

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Ça fait quelque chose de tuer quelqu’un. Je parle pas d’un chien. Quelqu’un. Une personne, qui parle comme toi, qui mange comme toi, qui a une cervelle comme toi. Une âme comme toi. Et chacun a une façon différente de l’assumer. Parce que c’est pas facile à assumer. C’est un truc que t’oublies pas. Quand t’appuies sur la détente, t’appuies pour l’éternité. C’est pas

comme larguer une bombe, quand t’es haut dans le ciel et que tu vois pas ce que ça fait en bas, même si tu sais que ça fait des dégâts.
Tu regardes quelqu’un dans les yeux, puis tu le tues, t’oublies pas ces yeux là. T’oublies pas que t’es la dernière chose qu’il a vue.

Larry Brown
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Il se cala contre le siège et la regarda. Elle avait les cheveux lâchésl, complètement défaits, et sa chemise de nuit était ouverte en haut, de sorte qu'il voyait ses seins lourds avec leurs grandes aréoles. Toutes ces nuits où il avait rêvé d'elle, où il s'était endormi en pensant à elle, tous ces jours dans les champs de coton où seule la perspective de cette nuit lui avait permis

de tenir jusqu'au soir, tout cela lui ordonnait de descendre de voiture, de prendre sa main, de se recoucher dans son lit, de s'endormir avec elle, dans l'odeur de ses cheveux et de sa peau.
Il tendit la main, fit démarrer la voiture, puis alluma les phares.

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Les gens se battent depuis que Dieu les a faits et ils continueront toujours. Y a que les raisons qui changent, mec.

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Le monde est trop grand. Les gens ne savent pas ce que font les autres. Comment tu veux te tenir au courant de tout ce qui se passe ? Y a trop de choses, et trop de gens. Tout ce que tu peux connaitre du monde, c’est la petite place riquiqui que tu occupes.

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Mais ça ne lui ferait certainement pas de mal de passer chez Jewel un petit moment. Il n'était pas obligé d'entrer. Il suffisait qu'il fasse venir Jewel dans la voiture quelques minutes. Elle accepterait, probablement. Ca faisait si longtemps. Il ne voulait tout simplement pas être obligé de lui parler du gamin pour l'instant. Il ne voulait pas qu'elle recommence à lui saper le moral avec

ça. D'ailleurs, tout n'était pas de sa faute à lui. Il faut être deux pour danser le tango.
Car on se laisse facilement aller, quand on sort avec une femme depuis quelques temps. Et puis il n'avait jamais aimé les capotes. Ca enlève du plaisir. Elle avait toujours insisté pour qu'il les mette, ces putains de machins. Elle en avait, même, et qui sait où elle se les était procurés.

Une femme célibataire, dans cette petite ville, n'allait tout simplement pas entrer à la pharmacie pour acheter une boîte de préservatifs. Peut-être son médecin les lui avait-il fournis. Peut-être y avait-il des distributeurs de capotes dans les toilettes pour femmes des stations-service et des bars. Il n'en savait rien. Peut-être était-elle allée jusqu'à Memphis et en avait-elle

acheté là où personne ne la connaissait. Il se souvenait qu'ils s'étaient disputés à ce sujet, qu'elle avait pleuré entre des déclarations d'amour. Et puis elle s'excitait et laissait tomber parce qu'il promettait de ne pas finir en elle. Et puis c'était si bon… une erreur, c'est tout. La vie, quoi. Il ne pouvait rien y changer à présent. + Lire la suiteCommenter

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J'ai eu envie de sortir et de regarder les poissons rouges.
- Ah bon ? Et qu'est-ce qu'ils font ?
- Rien. Ils nagent en rond.

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- L'homme bourré ment jamais.

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Il arrêtait pas de parler de cette fille, toujours cette fille, et je me disais Mec, comment tu veux trouver une fille qui se mélangerait avec toi ? Je veux dire avec la gueule arrangée comme il avait. Rien que de la peau de cicatrice. Il avait des cheveux par endroits, à d'autres non. Des rognures de peau. D'accord il avait un visage mais c'était pas un vrai visage. Je suppose que les mecs

avaient fait le mieux qu'ils pouvaient avec ce qu'ils avaient sous la main. Et il avait dit qu'ils en auraient fait plus s'il les avait laissés. Je suppose qu'on l'avait tellement trimballé d'un hôpital militaire à l'autre qu'il voulait plus en voir.
C'est sûrement pour ça qu'il a jamais demandé où il était. Faut croire que pour lui ça faisait pas de différence.

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- Vous faites quoi ?
- Tu veux dire quand je fais pas ça ?
- Oui, m'sieur. quand vous faites pas ça ."
Je baise. Je bois. Je joue.
" Je me débrouille, dit-il .

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" Quand tu cherches les emmerdes, t'en trouves toujours plus que t'en voulais."

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Il mit ses chaussettes, remonta son caleçon jusqu'aux hanches, se souvenant d'un grand bébé dans un berceau qui l'avait regardé avec ses grands yeux sombres sous un mobile bon marché qui tournait lentement, des chevaux bleu féeriques aux cornes en tortillon, des soleils orangés, des étoiles jaunes et des petits lapins roses. Un enfant silencieux qui lui ressemblait.

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Quand on te prend tes bras et tes jambes tu peux plus rien faire. C’est pas une existence pour un homme.

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Les gens pensent que l'homme est cruel. Mais qu'est-ce qu'il faut dire de l'enfant de l'homme ? Y a rien de plus méchant qu'un petit enculé sadique de six ans en liberté dans une cour d'école. Vous croyez qu'il faut attendre d'être adulte pour devenir fou dangereux ? Mon cul !

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A cette époque , la vie était bien plus simple. Moins de choix à faire.

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Et elle avait rompu. Maintenant, chaque fois qu'elle tombait sur lui en patrouille, elle lui faisait un doigt d'honneur, ce qu'il trouvait très désobligeant, surtout s'il était en ville en train d'emmener son papa faire des courses. Mais il pensait qu'elle n'allait pas rester longtemps sans homme. Elle se trouverait quelqu'un. Sans doute un intellectuel, puisqu'elle était elle-même plutôt

intellectuelle. Elle aimait regarder des photos et des conneries du même genre.

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[...]Les gens se battent depuis que Dieu les a faits et ils continueront toujours. Y a que les raisons qui changent, mec. Tout ce que tu peux faire, c'est aimer tes proches et essayer de faire le bien.

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Les flics vacillèrent sous l’assaut de son odeur corporelle. Des poulets morts pourrissant depuis trois jours au soleil ne sentaient pas aussi mauvais.

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D'abord, faut comprendre un truc, y a des gens à qui il arrive des choses dont ils sont pas responsables. Ils sont pas responsables et ils doivent payer quand même. T'as un mec, il s'achète une bouteille de whiskey, il prend la route, il picole et il se met une murgée. Bon, pendant qu'il fait ça, t'as une bonne dame avec ses gosses qui rentre du zoo ou n'importe, en voiture. Elle a pas bu une

goutte. Elle boit jamais. Ils ont rien fait de mal. Ils vont à l'église tous les dimanches. Et l'autre gars qui se bourre la gueule tant qu'il peut pendant qu'ils regardent les lions. Peut-être qu'il a un problème, sa femme l'a quitté ou ce que je sais, n'importe. Peut-être qu'il a pas de problème du tout. Peut-être qu'il se biture parce qu'il aime ça. Bon. Il leur rentre dedans plein pot

à cent trente. Il se casse le cou. Il tue tous les gosses et il arrache les jambes de la dame. Il est paralysé pour la vie. Elle, elle est dans un fauteuil roulant pour jusqu'à la fin de ses jours et tous ses petits sont morts. Qui c'est qui est le plus à plaindre ? Si elle avait su que ce connard venait, elle serait restée chez elle. Ou elle aurait pris une autre route. Et lui il regrettera

toute sa vie d'avoir acheté ce whiskey ou de l'avoir pas bu à la maison plutôt ou, quitte à tuer quelqu'un, de pas s'être payé un arbre et de se tuer lui-même sans emplâtrer les autres. Mais c'est trop tard. Il est obligé de vivre avec ça. La femme est obligée de vivre avec ça. Une seule petite faute. Être au mauvais endroit au mauvais moment. + Lire la suiteCommenter

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