David Diop (II)
David Diop (II)

Les heures

Il y a des heures pour rêver
Dans l'apaisement des puits au creux du silence
Il y a des heures pour douter
Et le lourd voile des mots se déchire en sanglots
Il y a des heures pour souffrir
Le long des chemins de guerre dans le regard des mères
Il y a des heures pour aimer
Dans les cases de lumière où chante

la chair unique
Il y a ce qui colore les jours à venir
Comme le soleil colore la chair des plantes
Et dans le délire des heures
Dans l'impatience des heures
Le germe toujours plus fécond
Des heures où naîtra l'équilibre

David Diop (II)
David Diop (II)

Afrique (extrait)

Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Au bord de son fleuve lointain
Je ne t'ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de I'

esclavage
L'esclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de l'humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul

au milieu des fleurs
blanches et fanées
C'est I'Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L' amère saveur de la liberté.

David Diop (II)
David Diop (II)

Mais puisqu'il faut bien donner une définition, si vague soit-elle, de la poésie, disons qu'elle est la fusion harmonieuse du sensible et de l'intelligible, la faculté de réaliser par le son et le sens, par l'image et par le rythme, l'union intime du poète avec le monde qui l'entoure.